RACISME, DÉMOCRATIE ET COMMUNISME par Léon Emery HITLER mort, l'Allemagne nazie mise au ban de l'humanité, le racisme et le génocide, voire la propagande favorable au · racisme dûment prohibés par le pacte de l'O.N.U. et plusieurs législations pénales, les âmes candides purent croire que le démon était . définitivement exorcisé ; une sorte d'interdit moral empêchait même qu'on en parlât, sinon pour le maudire. Il n'a pas fallu bien longtemps pour que l'amer réalisme l'emportât sur les illusions. Il n'est certes pas nécessaire de reprendre le débat pour le ramener à ses principes; la correspondance de Gobineau et de Tocqueville l'esquissait déjà de la manière la plus élevée, au moment même où le premier mettait en circulation, avec le talent qu'on sait, des idées qui par la suite devaient se montrer si vénéneuses. Qu'il soit abominable, en proclamant la supériorité de certaines races, de les inviter à dominer, exploiter ou même exterminer les autres, voilà qui est admis une fois pour toutes. Mais s'ensuit-il qu'on puisse considérer les thèses de Gobineau et de ses disciples comme de simples rêveriesmaladiveset nier- pour lesmieux résoudre ·- les problèmes qui naissent des contacts entre des races différentes ? Ce serait enfantillage ou aveuglement volontaire; ce le serait d'autant plus que nous assistons et assisterons toujours plus en notre siècle, pour de très évidentes raisons, à un énorme brassage des peuples. On a le droit d'en escompter bien des avantages et peut-être un progrès marqué vers une concrète unification de l'espèce humaine; on a aussi celui de rappeler que les événements, surtout lorsqu'ils sont amples et rapides, ont constamment bien des faces. Les hommes se connaissent mieux, c'est indubitable, mais cette meilleure connaissance n'engendre pas forcément la sympathie ·.ou l'esprit de justice. D'ailleurs, il ne serait pas concevable que des poussées biologiques, . venues ·des ·profondeurs irrationnell~s· de l'être vivant, cessent de jouer dans l'histoire un rôle qu'elles ont toujours eu. Biblioteca Gino Bianco Si l'on s'emploie à les réfréner, c'est bien parce qu'on se méfie de leur puissance. Bref, et sans plus nous attarder à des généralités, nous considérerons ce qui subsiste de racisme dans le monde d'aujourd'hui à l'intérieur de régimes qui, théoriquement, en excluent toutes les formes et toutes les séquelles. LA NÉGATION de tout racisme est incluse dans l'universalisme libéral du XVIIIe siècle, héritier, sous ce rapport comme sous bien d'autres, de l'universalisme chrétien: il proclame que tous les hommes naissent libres et égaux en droit. On ne saurait mieux dire, mais la malignité du sort fait immédiatement paraître des conflits entre la doctrine et la réalité, car une des questions les plus embarrassantes pour les assemblées révolutionnaires françaises est celle de la conduite à tenir vïs-à-vis des Antilles et de leur population noire. Il va sans dire qu'on reste très en deçà des principes, ou même qu'on les viole cyniquement. D'emblée est ainsi dessiné le schéma d'une contradiction qui va se reproduire jusqu'à nos jours en d'innombrables. épisodes. Il est naturel que la répudiation de tout racisme aille de soi pour les démocraties de l'Europe occidentale qui, sur le papier, proscrivent l'esclavage et s'emploient même avec plus ou moins de zèle à le faire disparaître ;. mais ces mêmes démocraties libérales et capitalistes, Angleterre, France, Hollande, Belgique, se trouvent être en même temps les plus importantes puissances colonisatrices. Comment . se dégageraient-elles d'un empirisme colonial peu conforme aux exigences de l'idéologie la plus pure ? La question a été maintes fois posée mais, tous les compromis ayant échoué, il fallut bien que vînt la réponse sous la forme contestable d'une décolonisation générale et précipitée. Nier la part du facteur ethnique en cette péripétie, ce. serait s'inscrire en faux contre l'évidence. C'est
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