192 vers médusé un fait nouveau d'import~ce ma: jeure : les principaux chefs commurustes qw s'entre-déchirent proclament urbi et orbi, alternant avec leurs sophismes habituels, des vérités meurtrières que les dirigeants et publicistes de la « défaillance bourgeoise» s'avéraient incapaples d'énoncer à voix haute et intelligible. Qu'ils le fassent à travers un tumulte confus de paroles vaines, de répétitions oiseuses, d'affirmations mensongères, ils le font néanmoins, à leur corps défendant, et l'on peut espérer qu'une logique immanente au crescendo de la dispute mette au jour de nouvelles vérités en chaîne. En présence de l'amoncellement de rhétorique insincère, de verbiage trompeur et injurieux que la plupart des interprètes de la« défaillance bourgeoise » tiennent pour une discussion idéologique, le_devoir s'impose de faire un tri afin de ne retenir que l'essentiel propre à faciliter l'intelligence de l'affaire. Un cardinal a cité récemment, de feu le pape Jean XXIII, la réflexion suivante : «S'il y a des gens qui cherchent à compliquer les choses simples, moi j'aime à simplifier les choses compliquées » (Monde, 7 juin 1963). L'exemple est singulièrement bon à suivre pour s'orienter dans les complicationslogomachiquesdes relations soviétochinoises. Et puisque deux voix hors série se sont élevées qui, précisément, aident à simplifier utilement le fastidieux embrouillamini en question, par exception à l'ensemble des commentaires qui troublent le bon public occidental, on ne manquera pas ici de leur faire écho pour commencer, dans l'esprit des arguments soutenus depuis trois ans à cette même place. La première de ces voix, à peine répercutée dans la presse dite d'information ou bien-pensante, fut celle du chancelier Adenauer qui, d'après le New York Times du 20 juillet dernier, aurait «ridiculisé l'assertion communiste que la dispute porterait sur des questions idéologiques ; la lutte, dit-il, est plutôt " purement une insatiable avidité de l'Union soviétique et de la Chine communiste pour le pouvoir " ». Le Chancelier ajoutait que « Khrouchtchev lui avait fait part de ses inquiétudes au sujet de la Chine dès 1955, quand le Chancelier lui rendit visite à Moscou» (donc Khrouchtchev a menti pendant des années, à son habitude, en niant toute espèce de divergences). Une dépêche d'agence complète celle du journal américain en ces termes : «" Il ne faut prendre qu'en partie au sérieux les discussions idéologiques qui se déroulent actuellement entre Moscou et Pékin", a déclaré vendredi le chancelier Adenauer devant l'Académie protestante de Tutzing» (Monde du 21). Ce qui veut dire, à l'aide du contexte, que l'idéologie est la partie à ne pas prendre au sérieux, la mésentente due à d'autres motifs étant la réalité sérieuse. La presse dans · son ensemble a gardé le silence sur ces paroles pourtant significatives. -. - L'autre voix, inattendue, fut celle du président de Gaulle, parmi des déclarations accueillies à grand tapage, mais dont les passages sur le cornBiblioteca Gino Bianco .LE CONTRAT SOCIAL munisme ont passé inaperçus, n'ont été commentés nulle part, que l'on sache : « Depuis que je vis, dit-il, l'idéologie communiste a été personnifiée par beaucoup de gens. Il y a eu l'époque de Lénine, de Trotski, de Staline (que j'ai connu personnellement), de Béria, de Malenkov, de Khrouchtchev et de Tito, et de Nagy, et de Mao Tsé-tung. Je connais autant de détenteurs de l'idéologie communiste qu'il y a de pères de l'Europe, et cela en fait un certain nombre. Chacun de ces détenteurs, à son tour, condamne, excommunie, écrase et, quelquefois, tue les autres. · En tout cas il combat fermement le culte de la personnalité des autres (...). L'étendard de l'idéologie ne couvre en réalité que des ambitions » (Monde, 31 juillet). Ces propos décousus se res- " sentent de l'improvisation, mais leur sens est tout de même pertinent et ils méritent d'être retenus, d'autant plus que personne ne leur a prêté attention. Politiciens et publicistes de la « défaillance bourgeoise » témoignent à Khrouchtchev et à Mao une déférence invraisemblable, qu'ils accordaient naguère à Staline et à Hitler; aussi prennent-ils au sérieux le charlatanisme pseudo-idéologique dont se couvre la libido dominandi des parvenus du marxisme-léninisme. Il a fallu que ce soit un communiste, et turc, et poète, un certain Nazim Hikmet qui dise ouvertement, parlant de Mao et consorts : « Les Chinois sont des imbéciles » (déjà cité dans notre numéro de juillet-août 1962). On ne saurait éviter de compter avec des potentats qui disposent, avec un pouvoir exorbitant chez eux, des moyens de nuire beaucoup chez les autres; ce n'est pas une raison, au contraire, pour les honorer dans l'ordre intellectuel et moral. La remarque s'applique également aux gangs d'assassins qui, dans les pays musulmans, s'entre-tuent sans relâche et sans merci au nom d'un fallacieux socialisme arabe apparenté au national-socialisme de sinistre mémoire. Le parallélisme des règlements de comptes en cours sous l'invocation, ici ~u marxisme-léninisme, et là du prétendu socialisme arabe, devrait pourtant donner à réfléchir sur ces impos~res pseudo-idéologiques, pour peu que les mots aient un sens. . Si le débordement de reproches, d'accusations et d'invectives marxistes-léninistes que là presse bourgeoise tient pour de l'idéologie ne mérite pas ~'être pris trop au sérieux à ce titre, il prend une tm{'Ortance.inappréciable en aidant à voir plus clair sµr divers aspects de la discorde, surtout qua~~ on. cons!dère en même temps les conditions msolites ou le drame se déroule. En remont~t six i_no~sen arrière, il est à relever que les pomts prmctpaux sont ceux que personne jusqu'à présent ne se soucie de faire ressortir. APRÈS maints préHminaires consistant à publier de part et d'autre des articles acrimonieux chargés d'allusions et de critiques réciproques visant à discréditer les personnages
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