Le Contrat Social - anno VII - n. 4 - lug.-ago. 1963

208 son camp, pour en devenir le porte-drapeau. Dans ce combat, le fossé entre extrémistes et modérés doit se creuser. Et rien ne peut ensuite venir le combler. Dès que l'électeur vote, les partis se taisent. C'est l'électeur qui désigne les porte-drapeau de chaque camp, c'est lui qui décide ensuite entre les deux camps. Les·partis préparent les jeux, mais dès que la partie commence, leur intervention cesse. Et la partie deviendra si claire que tout l'esprit public en sera transformé, et sans doute apaisé. FAUT-IL parler des noms des camps ? On peut les choisir à volonté en prenant garde seulement à ne pas heurter les susceptibilités. Les couples utilisables ne manquent pas : les blancs et les bleus, le rouge et le noir, ordre et progrès, l'âne et l'éléphant. On peut même imaginer des noms qui n'aient jamais servi dans les luttes politiques. Biblioteca Gino Bianco LE CONTRAT SOCIAL On aura beau faire, il est vrai; les vieilles dénominations ne cesseront de s'apercevoir en trans-. parence, et les deux camps seront évidemment la · · droite et la gauche. Le chef de l'Etat n'aura donc guère de goût pour un tel système, car s'il a con- · senti à avoir un parti, il ne s'est pas encore résigné à être à la tête d'un p~rti de droite. Il veut être. . le chef de tous les Français, et semble tenir à ce que son parti ait l'allure d'un rassemblement national qui n'exclurait que les extrêmes. C'està-dire qu'il cherche à refaire ce que Solon, déjà, avait fait. Mais nous savons comment cela a fini, et d'ailleurs Solon le sut aussi. Il vécut en effet assez pour voir les dissensions renaître et s'aggraver, pour assister aux luttes des citoyens qui se disputaient le pouvoir les armes à la main, pour voir enfin, par le triomphe d'une faction, s'évanouir toute apparence de liberté, et un tyran , . regner sur sa patrie. YVES LÉVY. • , •

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