Le Contrat Social - anno VII - n. 2 . mar.-apr. 1963

126 thodes èxtrêmes », aux «criants abus », aux « tortures barbares », aux «aveux· arrachés de force », aux «tortures cruelles et inhumaines », aux «terribles sévices », à des « choses abjectes », à de « longues tortures » pratiquées selon «les ordres de Staline », aux «méthodes bestiales », à des « pressions physiques encore plus sévères, cruelles et dégradantes» ... Tout cela est textuel, comme encore ce qui suit : « Des arrestations et déportations massives de plusieurs milliers de personnes, des exécutions sans procès et sans enquête ont créé des conditions d'insécurité, de peur et même de désespoir »... « Comment se peut-il qu'un individu confesse des crimes qu'il n'a pas commis ? D'une seule manière, à la suite de méthodes physiques de pression, de tortures, l'amenant à un état d'inconscience, de privation de son jugement, d'abandon de sa dignité humaine» ... Khrouchtchev regarde comme un grand « marxiste » le paranoïaque sanguinaire dont il déplorait la « suspicion maladive », ainsi que « la nervosité et l'hystérie », puis «sa folie de la persécution », sa « folie des grandeurs », sa « mégalomanie » systématiquement homicide, voire génocide car le même discours dénonce «des déportations massives de peuples entiers (...) y compris les femmes, les enfants, les vieillards, les communistes et les komsomols »... Il s'agit bien de millions de victimes. Entre autres monstruosités, Khrouchtchev a mentionné trop brièvement l'horrible « affaire des médecins » montée par Staline qui « fit personnellement venir le juge chargé de l'enquête, lui donna instructions et conseils sur les méthodes d'interrogatoire à utiliser. Ces méthodes étaient simples : battre, battre et encore battre. » Staline ordonna d'enchaîner l'académicien Vinogradov, livra aux bourreaux les savants intègres, les hommes d'élite qui soignaient en toute conscience les parvenus du Kremlin: deux de ces médecins éminents ne survécurent pas aux tortures. A relire ces choses, on éprouve des nausées qui empêchent tous. commentaires. Khrouchtchev, complice dans tant de crimes, ose parler de marxisme après avoir levé quelque peu le voile de mensonge qui recouvrait la plus hideuse réalité soviétique. Si l'on s'en réfère à Lénine, «le marxisme est l'héritier naturel de. tout ce que l'humanité a créé de meilleur au xrxe siècle dans la philosophie allemande, dans l'économie politique anglaise et dans le socialisme français ».. La multitude des ignorants et des perroquets qui, en Occident, font écho à Khrouchtchev, les uns pour souscrire au «marxisme» de Staline, les autres pour le condamner, devraient indiquer ce qu'ils discernent de philosophie allemande, d'économie politique anglaise et de socialisme français dans l'inexprimable abomination de la désolation que décèle l'instauration du «socialisme» par les épigones de Lénine.- Le monde ne sait encore qu'une infime partie de la vérité sur ce régime inhumain qui a moraleBiblioteca Gino Bianco DIX ANS APRÈS STALINE ment ramené la Russie à quatre siècles en arrière et l'a dépeuplée d'élites irremplaçables. Il aura fallu au Parti dix ans d'attente pour autoriser la publication ·à Moscou du ·premier témoignage véridique sur un camp de concentration soviétique et il s'avère déjà qu'une parcelle de vérité met le régime en danger puisque Khrouchtchev s'est écrié dans son discours du 8 mars au Kremlin : « On raconte que dans les revues et les maisons d'éditions affluent les manuscrits traitant de la vie des gens dans les prisons, la déportation, les camps de concentration. Je répète encore une fois que c'est un thème très dangereux et une documentation pénible. » Autrement dit, le récit d'Alexandre Soljénitsyne, c'est assez, c'est déjà trop. Khrouchtchev ajoute : « Il faut ici de la mesure. Si tous les écrivains se mettaient à n'écrire que sur ces thèmes, que serait cette littérature ! » La mesure sera le compte-gouttes, dans ce parti monolithique, dans cette unité inébranlable menacée par quelques plumes. Les sujets soviétiques ne sont donc pas près de lire les ouvrages sincères et poignants de Joseph Czapski, d'Elinor Lipper, de Jules Margoline, d'Alexandre Weissberg et d'autres, traduits dans leurs langues. Ni d'avoir connaissance des archives du Parti et du Guépéou, qui déshonoreraient le «socialisme » de Staline et de Khrouchtchev. Et ils ignorent tout de certains crimes inexpiables commis par leurs maîtres, à l'intérieur en exterminant la plupart des «chers camarades » étrangers (Allemands,Autrichiens, Polonais, Espagnols, Italiens, etc.) réfugiés politiques dans la «patrie des travailleurs», à l'extérieur dans les pays où leurs serviteurs ont pu opérer impunément à la faveur du chaos issu de la guerre, œuvre conjointe de Staline et d'Hitler. Dans l'impossibilité pratique d'en établir ici le bilan, il importe au moins de rappeler l'un des pires épisodes du stalinisme déchaîné, le rapt de milliers d'enfants arrachés à leurs familles en Grèce par les bandes aux ordres de Staline. En 1948, plus de 28.000 enfants grecs âgés d'un mois à quatorze ans furent enlevés de vive force par les pseudo-communistes qui voulaient les éduquer, les dresser à leur façon pour en faire une «réserve militante » à leur service, en tirer ·éventuellement les cadres d'une garde prétorienne. On ne peut s'informer sans frémir des conditions affreuses où ces actes de banditisme s'accomplirent: « Les villageois cachaient leurs enfants dans des forêts et des cavernes pour tenter de les sauver. (...) Dans bien des cas, les communistes torturaient les parents pour qu'ils livrent leurs enfants ; parfois ils tuaient les parents 2 • » Les scélérats expédièrent ces petits innocents, comme d\1 bétail, en Yougoslavie, en Albanie, en Bulgarie, en Tchécoslovaquie, en Pologne, 2. Cf. " Victimes oubliées de Staline », dans Est et Ouest, n° 297, Paris, 1er avril 1963. Cf. en outre : « Greek describes Red's abductions», dans le New York Times, 22 nov. 1960.

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