106 règne le ·matérialisme « scientifique » et qui se · targue d'être à l'avant-garde du progrès pédagogique : les écoliers soviétiques ne reçoivent en fait aucun éclaircissement sur la vie sexuelle. Nous oublions que les écoliers et écolières de 16 ou 17 ans sont physiquement des adultes. Nous les traitons avec condescendance de « gosses », alors que ces « gosses » deviennent amoureux et envisagent l'avenir, d'habitude tout en rose, sans savoir ce que c'est que d'avoir une famille et des enfants. Il serait bon de faire des conférences sur ces sujets pour les jeunes filles et les jeunes en général dans les dortoirs de travailleurs, car dans les écoles ils n'ont entendu que des discours à la saccharine sur « l'amour et l'amitié». Pourquoi les jeunes filles sont-elles toujours obligées d'apprendre les détails sur les rapports entre l'homme et la femme de leurs amies déjà « au courant i> ou dans les potins chuchotés de leurs tantes et grand-mères ? Pourquoi ces relations sont-elles encore marquées de honte ? Cela provient certainement du sens religieux du «péché». (...) En attendant, l'école garde le silence ou ne parle que de l'idéal et des sentiments platoniques (Kom. Prav., 24 déc. 1961). La majorité des jeunes, qui ont le droit de fonder une famille, restent complètement ignorants des rapports physiologiques entre l'homme et la femme. Leur « savoir » est souvent acquis dans la rue de plaisanteries de la part d'autres jeunes du même âge et ne provient pas de gens intelligents, pleins de tact et d'expérience. Cela entraîne des difficultés au début de la vie conjugale (Kom. Prav., 17 déc. 1961). Après le battage de la propagande sur les progrès de la pédagogie soviétique, il est pour le moins étonnant de constater que la pruderie russe traditionnelle n'est pas morte et que, de nos jours, l'éducation sexuelle de la jeunesse est au même point, sinon en retard, par rapport aux leçons de sciences naturelles dispensées aux écoliers russes dans les dernières années du XIX8 siècle. * ,,.,,. LA SITUATION de la femme, trop absorbée par les travaux du ménage, préoccupe beaucoup le Parti, ce dernier s'efforçant par tous les moyens de récupérer de la main-d'œuvre, nettement déficitaire dans tous les secteurs de l'économie. Sous prétexte de libérer la femme de la servitude des travaux ménagers, on cherche à la rendre disponible pour un « travail socialement utile » dans la production: Sous le régime socialiste, les services de la vie quotidienne sont assurés surtout par les forces de la famille elle-même. De ce fait, dans la période de l'édification du communisme, les travaux ménagers absorbent encore chez nous des millions de personnes. C'est dans les travaux du ménage que se cachent de grandes réservesde main-d'œuvre. (...) L'inégalité de la situation de la femme dans la vie quotidienne existe encore chez nous. La femme dépense beaucoup plus de temps que l'homme pour les travaux de ménage et les soins aux enfants, elle dispose de moins de loisirs que lui. Biblioteca Gino Bianco L'EXPÉRIENCE COMMUNISTE Ainsi, l'analyse de l'emploi du temps de travail chez les kolkhoziens fait ressortir que la femme passe beaucoup de temps à l'exploitation auxiliaire du foyer [sur le lopin privé], à laquelle elle consacre une fois et demie plus de temps que l'homme. Dans la dépense totale du temps par la famille, le travail de la femme pour son ménage représente 90 %. Dans n'importe quel groupe d'âge, cette dépense est de 4 à 6 fois supérieure chez la femme par rapport à l'homme 4 • C'est dans le désir de récupérer le plus possible de cette main-d' œuvre familiale pour l'employer dans le secteur socialisé que réside l'explication de l'offensive actuelle contre les « exploitations auxiliaires » des kolkhoziens et sovkhoziens, et des efforts faits pour « libérer » la femme des travaux ménagers: Il arrive souvent que l'enfant ne peut ~tre placé dans une crèche ou un jardin d'enfants. La mère est alors obligée d'abandonner plusieurs années durant son travail dans la production ou ses études. Dans ce cas, des difficultés complémentaires surgissent dans l'économie de la famille 15, ce qui empêche l'élimination des vestiges de la situation inférieure de la femme dans la vie quotidienne (cf. n. 1). Que faire pour améliorer cette situation ? Les réponses sont unanimes : toutes les mesures mentionnées dans la septième question de l'enquête doivent être poussées au maximum. Certains correspondants insistent bien sur la nécessité de « rendre plus facile le travail des femmes dans la production», de « libérer la femme des travaux pénibles et des équipes de nuit », mais encore une fois il ne s'agit que d'un vœu platonique, le manque de main-d'œuvre masculine interdisant tout allégement substantiel du travail des femmes. Le couple d'étudiants Orlovski réclame également « plus de respect vrai, constant et sincère de la femme, basé sur la culture intérieure de l'individu et la compréhension des grandes responsabilités de la femme». Ainsi, la grossièreté de l'~ntourage et des autorités subalternes commence à choquer certains jeunes, qui ont la nostalgie d'une attitude plus humaine, plus civilisée envers la femme, attitude qu'ils ne connaissent que par la littérature russe d'avant . la révolution. Certaines réponses dévoilent quelques aspects pittoresques ou même cocasses de la jeune famille soviétique. Le jeune ingénieur de Moscou pose la question : Est-il vrai que la femme ait un statut subalterne dans la famille ? Il me semble au contraire que nous serons bientôt obligés de parler de l'émancipation de l'homme. Il y a vingt ou trente ans, nos mères avaient davantage d'enfants et, bien que personne ne les aidât, elles faisaient face à tout, les affaires étaient toujours 4. L. Bibik : « Essai sur la répartition du temps de travail chez les kolkhoziens», in revue Travail et salaire, 1961, no 6, p. 49. 5. L'allocation de salaire unique est inconnue en U.R.S.S.
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