Le Contrat Social - anno VII - n. 2 . mar.-apr. 1963

L'Expérience communiste LA FAMILLE EN U.R.S.S. par E. Delitnars LA FAMILLE, cette cellule primaire de la société, représente depuis touJours pour le régime soviétique un problème grave que le parti communiste n'a pas encore réussi à résoudre. Facteur déterminant de la mentalité des jeunes, la famille constitue trop souvent l'obstacle majeur que la population oppose aux efforts déployés par le Parti pour former « l'homme soviétique nouveau », ardent édificateur du communisme. Même lorsque le communisme sera réalisé en U.R.S.S., l'importance de ce facteur ne diminuera point. Khrouchtchev lui-même l'a dit au XXIIe Congrès : Ceux qui affirment que, lors du passage au communisme, l'importance de la famille va diminuer et qu'avec le temps elle va disparaître complètement, ont tout à fait tort. En réalité, sous le communisme, la famille se consolidera, les rapports familiaux s'épureront définitivement de tous les calculs matériels et atteindront une haute pureté et une grande solidité. Puisque, suivant la thèse officielle du Parti, « l'édification du communisme ouvre une nouvelle étape dans l'évolution des rapports conjugaux et familiaux », il a paru nécessaire aux dirigeants de faire, au début de cette édification, le point du problème de la famille en U.R.S.S., afin de pouvoir présenter à la jeunesse et à l'ensemble de la population une image rassurante et stimulante de la famille soviétique d'aujourd'hui. Analysant les perspectives de cette évolution dans Questionsde philosophie, revue de l'Académie des sciences, un auteur soviétique ne craint pas d'affirmer : La victoire de la révolution socialiste et la réalisation du socialisme ont eu pour résultat la naissance et l'affermissement d'une nouvelle forme historique des rapports conjugaux et familiaux: le mariage socialiste et la famille socialiste. Ces rapports se sont libérés des contradictions issues de la lutte des classes. Le mariage Biblioteca Gino Bianco et la famille sont devenus un nurorr des nouvelles relations socialistes entre les gens, basées sur le soutien mutuel et l'entraide des camarades. Les calculs matériels ont cessé de jouer un rôle décisif dans le mariage et la création de la famille. Dorénavant, la base de la famille est un grand amour et une profonde communauté spirituelle qui lient le mari et la femme, les parents et les enfants. C'est surtout à la femme que le régime socialiste a beaucoup donné : elle a obtenu de très larges possibilités pour combiner heureusement son rôle de mère et son rôle d'épouse avec une participation active à la vie sociale 1 . Le socialisme étant, on l'affirme, déjà réalisé en U.R.S.S., ce tableau idyllique est censé représenter la réalité soviétique d'aujourd'hui. Or, non seulement la presse communiste dans son ensemble, mais la suite de l'article cité prouvent qu'il s'agit là d'un échantillon de plus du « mensonge déconcertant» qui continue d'être sous Khrouchtchev tout aussi obligatoire qu'il l'était sous Staline. Les informations fournies en la matière par la presse, plus particulièrement par la Komsomolskaïa Pravda, organe officiel de l'Union des jeunesses communistes de !'U.R.S.S. (le Komsomol), nous apprennent bien davantage. L'institut d'opinion publique auprès de ce journal, qui avait déjà fait, au début de 1961, une enquête sur la jeunesse 2 , avait, au lendemain du XXIIe Congrès, demandé à ses lecteurs : « Que pensez-vous de la jeune famille ? », en publiant le questionnaire suivant : 1. Quels sont, à votre avis, les traits le plus caractéristiques d'une famille soviétique ? 1. E. G. Balagouchkine : « L'édification du communisme et l'évolution des rapports conjugaux et familiaux•, in Questions de philosophie, mars 1962, n° 3, pp. 31-38. 2. Cf. nos articles : • La jew1esse soviétique• et c La jeunesse soviétique et ses ainés •, in Contrat social, nov.- d~. 1961 et janv.-fév. 1962.

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