78 nine et Molotov, il est impossible de diriger le Parti. » · POURL'OPPOSITIONl',homme à abattre était évidemment Boukharine: « Apparemment, s'écria Kalinine, c'est la tête de Boukharine que vous voulez en tirant sur lui à boulets rouges, en cherchant à ruiner une des grandes autorités de notre Parti. » Saisissant au vol les paroles de Kalinine, Staline s'en prit à l'opposition: « Pourquoi cette campagne forcenée contre le camarade Boukharine ? On réclame sa tête. (•..) Nous ne vous la donnerons pas, sachez-le.» Ces paroles furent couvertes d'applaudissements. Voulant montrer la clairvoyance théorique de Boukharine, et plus encore le défendre de tout penchant pour la déviation koulak, Rykov crut devoir en faire cet éloge : « Je tiens à dire du camarade Boukharine qu'il fut le premier dans le Parti à signaler l'existence des deux déviations et leur danger. Il les décela alors que personne encore n'en parlait et les définit dans son discours à la 14e Conférence.» Ni Rykov ni Boukharine ne croyaient au danger koulak. Aussi faut-il accueillir avec réserve l'intervention amicale de Rykov en faveur de Boukharine. En conclusion, citons quelques passages du discours de Kamenev au Congrès : Le Comité central peut-il défendre la ligne de Boukharine ? J'affirme qu'il n'y a pas au Comité central et qu'il ne s'est pas trouvé jusqu'à sa dernière réunion un seul homme pour dire: les mots d'ordre lancés par Boukharine, la définition du paysan moyen donnée par son école, l'analyse du danger devant lequel le Parti est placé par suite des atteintes portées à la nep, tout cela est juste. J'ai dit au camarade Staline : « Il ne semble pas que tu sois d'accord. » Mais quand il tire de son rapport la conclusion et la directive : « Feu dans cette direction 1 », je dois convenir que je me suis trompé. Visiblement, dans son for intérieur, le camarade Staline approuve beaucoup plus cette ligne politique que je ne le suppoiais. Si le mot d'ordre: « Enrichissez-vous! » a pu circuler dans notre Parti pendant Biblioteca Gino Bianco LE CONTRAT SOCIAL une année et demie, c'est la faute à Staline. Je lui ai posé la question: « Approuves-tu ce mot d'ordre ? - Non, je ne l'approuve pas. - Alors pourquoi empêches-tu le Parti de le réfuter ? » Kamenev déclara pour finir : Nous sommes hostiles à une théorie du chef. Notre secrétaire général n'est pas l'homme capable de grouper autour de lui l'état-major bolchévik. Si le Parti avait adopté une ligne politique bien définie, se séparant nettement des déviations que le Comité central soutient en ce moment, cette question ne serait pas à l'ordre du jour. Je l'ai dit au camarade Staline, je l'ai répété maintes fois aux camarades du groupe des vieux bolchéviks et je le redis au Congrès : je suis arrivé à la conclusion que le camarade Staline ne peut remplir le rôle d'unificateur du Parti 3 • Le Congrès répondit à Kamenev en faisant une ovation à Staline, c'est-à-dire en le reconnaissant pour l'unificateur, le chef du Parti. Or Staline s'était fait au Congrès l'avocat des conceptions de la droite. Ces ovations à l'adresse de Staline signifiaientelles que l'influence de la droite aurait pu se développer encore ? Non, car il se passa bientôt quelque chose d'imprévisible. Après la défaite de Zinoviev, Kamenev et leurs adeptes, qui s'empressèrent de rejoindre Trotski pour former l'opposition unifiée, Staline et son Comité central trié sur le volet s'éloignèrent de la droite. On s'écarta peu à peu de la nep pour revenir au communisme de guerre, c'est-à-dire à ce que l'opposition vaincue demandait elle aussi. La victoire de la droite au XIVe Congrès, à la fin de 1925, fut sa dernière victoire. Le révisionnisme de Boukharine et de ses adeptes fut stoppé, puis étouffé. Une autre « grande voie » remplaça la saine évolution qui s'amorçait. N. VALENTINOV. ( Traduit du russe) 3. Compte rendu sténographique du XIVe Congrès, pp. 269-273. ,
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