Supplemento a Contrat Social - anno VII - n. 1 - gen.-feb. 1963

PRODUCTIVITÉS COMP AR]jES d'après Colin Clark (adaptation de Paul Barton) I. - Introduction LA CROISSANéCcEonomique de l'Union soviétique hante les esprits. Le slogan selon lequel ce pays serait sur le point de « rattraper et dépasser» l'Occident a trouvé un écho extraordinaire. Les gens qui aident les maîtres de la Russie à le répandre ne se comptent plus. Les uns agissent ainsi dans l'intention de saper la résistance au totalitarisme. Les autres, au contraire, se proposent de mettre l'Occident en garde ; l'effet est à peu près le même dans les deux cas. L'enjeu de cette campagne s'est d'ailleurs considérablement accru avec les efforts du « tiers monde » pour surmonter un retard économique séculaire : il s'agit de convaincre·ces pays jusqu'à présent déshérités que, pour atteindre rapidement l!ur objectif, ils n'ont qu'à s'engager sur le chemin tracé par les fameux plans quinquennaux ; il s'agit de les pousser à rejeter la liberté avant qu'ils n'aient trouvé les moyens d'en jouir. Chose étrange, le slogan résiste à l'épreuve des faits. Mis en circulation il y a plus de trente ans, il a été démenti par le temps même 'lui s'est écoulé sans que l'événement se produisit. Bien plus, périodiquement remis en circulation, il est chaque fois accueilli comme une révélation... On pourrait chercher dans la sociologie et la psycholope une explication au comportement des journalistes, des professeurs et des hommes politiques qui le répandent, ainsi qu'à celui du public qui prête foi à ceux-ci. Mais ce qui nous mtéresse spécialement ici, c'est que le phénomène tient également à certaines particularités de l'évolution économique de la Russie. Il n'est pour s'en convaincre que de relire La Transformati,on économique de la Russie d'Edmond Théry, ouvrage publié à Paris en 1914. Impressionné par la croissance rapide que l'économiede ce pays arriéré Biblioteca Gino Bianco avait connue depuis la fin du siècle dernier, l'auteur avait eu l'idée de projeter dans l'avenir l'évolution observée entre 1900 et 1912. Et d'en conclure que, dans le domaine économique, la Russie finirait bientôt par rattraper et dépasser l'Occident ... Développement disproportionné de l'économie russe DEPUISfort longtemps, deux constantes marquent le développement de l'économie russe. D'une part, le progrès a toujours lieu par bonds, jamais de façon continue. D'autre part, ces bonds paraissent d'autant plus prodigieux qu'ils se produisent au milieu du marasme; ils résultent en effet d'une concentration des énergies et des ressources sur des secteurs très limités, qui laisse à peu près intact l'état arriéré du reste. Ces conditions générales défavorables finissent tôt ou tard par imposer à chaque bond un terme. Mais, paradoxalement, elles lui donnent de l'éclat aux yèux de l'observateur. Si les exploits de Pierre le Grand n'ont jamais cessé de fasciner, c'est qu'ils ont eu pour arrière-plan la Russie amorphe, misérable, rétrograde. La Russie dite soviétique n'est nullement sortie de ces ornières traditionnelles. Son développement économique est on ne peut plus désordonné. C'est une succession de catastrophes, de période& de stagnation et de bonds spectaculaires. Il suffira de consulter ci-après la courbe fantaisiste que le produit national a suivie : sa seule phase marquante est celle qui représente la projection théorique dans l'avenir. L'évolution de l'économie soviétique est non moins discordante en certains domaines. De tous les investissements effectués par le gouvernement entre 1929 et 1952 dans les installations et les équipements, 71 % étaient destinés à l'industrie, 20 % aux transports et 9 % à l'agri- ,

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