Supplemento a Contrat Social - anno VII - n. 1 - gen.-feb. 1963

PRODUCTIVITÉS COMPARÉES terait de 6 °/4 par an en Union soviétique (d'aucuns avancent même des taux plus élevés), contre 3,5 % seulement -aux Etats-Unis : il serait donc mathématiquement inévitable de voir le produit russe, d'ici à quelques années, rattraper, puis dépasser le produit américain. Pareilles affirmations sont diffusées non seulement par des spécialistes, mais encore par des hommes d'Etat et de hauts fonctionnaires. Nombre d'économistes en ont déduit la nécessité de mesures extraordinaires (de nature mal définie) en vue de. porter le taux de croissance américain à 4 ou 5 %. Comme tant d'autres choses que cc tout le monde sait », le taux de 6 % est une illusion. Celle~ci a sa source dans des analyses relatives à la période 1948-1953 et dans l'hypothèse que le développement caractéristique de ces années se perpétuerait. Lorsqu'un pays se rétablit des suites d'une guerre, d'une invasion, d'une catastrophe qui a réduit sa productivité, il traverse une période pendant laquelle il connaît une croissance rapide ; à mesure que la productivité se rapproche du niveau qu'elle aurait pu atteindre si la guerre n'était pas _survenue, l'accélération diminue graduellement. On a observé le phénomène en Allemagne, au Japon et en Italie, pays ayant subi des destructions comparables à celles de l'Union soviétique. On l'avait également observé en U.R.S.S. au cours des années 20. Tout cela devrait être pour la science économique un lieu commun. Or de nombreux économistes semblent incapables de le comprendre. Essayons donc d'une simple comparaison : un enfant qui se rétablit d'une grave maladie reprend du poids pendant deux semaines consécutives ; le médecin porte ces chiffres sur un diagramme logarithmique et en tire la conclusion - dont il ne manque pas d'informer les parents - que dans un peu plus d'un an l'enfant pèsera plus lourd que son père... Le docteur qui raisonnerait de la sorte _seraitjugé inapte à exercer la médecine. C'est dans une erreur de cet ordre que se complaisent les économistes. Les résultats de l'analyse de la productivité soviétique peuvent se résumer par le graphique suivant : ~6,-----,,----"T·------...--- 43 ---- -· Biblioteca Gino Bianco 13 A partir de 1953, comme prévu, le taux de croissance va diminuant. Durant les années 1953 à 1956 incluse, la productivité augmenta de 9,7 %, tandis qu'au cours des quatre années précédentes, 1949-1952 incluse, elle avait augmenté de 20,9 %- Le ralentissement est continuel, comme cela ressort des constatations portant sur les périodes suivantes : accroissement de 20,9 % de 1948 à 1952 ; de 18,6 % de 1949 à 1953 ; de 16,7 °/4 de 1950 à 1954; de 15,3 % de 1951 à 1955 ; de 9,7 % de 1952 à 1956. Rien n'empêcherait de choisir une période de croissance encore plus rapide que celle qui s'étend de 1948 à 1953, par exemple les années 1933 à 1937. Mais le graphique montre clairement que la croissance survenue au cours de celles-ci ne faisait que rejoindre la courbe de développement normal après le chaos, la famine et la dislocation des transports, conséquences de la « collectivisation» de l'agriculture et du premier plan quinquennal. Comment faire preuve d'indulgence à l'égard de ceux qui considèrent que ces courtes périodes de remontée révèlent un taux de croissance capable de se maintenir indéfiniment ? Comparaison internationale LA PRODUCTIVITÉ SOVIÉTIQUE ayant rejoint sa courbe normale de développement, on peut mesurer son taux de croissance à long terme. Pour la période allant de 1913 à 1956, la moyenne annuelle a été de 1,2 %- D'aucuns pourraient prétendre - mais de façon à peine plausible - que le calcul doit faire abstraction des années 20 ou même des années 30. Or, si l'on établit les courbes de productivité à partir de 1928 ou de 1939, on obtient les taux d'accroissement moyens de 1,7 ou de 1,6 ~/ 0 par an. _ Il importe de comparer ces chiffres aux taux de croissance enregistrés dans les pays ayant une économie de marché libre (tableau page 14). Les Etats-Unis se signalent par la continuité de leur croissance. Le produit réel par heure de travail augmente aux Etats-Unis, depuis la dernière décennie du XIX8 siècle, de 2,3 % par an en moyenne, et ce taux n'est sujet qu'à des flottements peu importants. Aucun autre pays n'a connu de croissance continue plus rapide, bien que nombreux soient ceux qui ont atteint des chiffres plus ou moins similaires. Un taux de croissance supérieur à 2 % a été obtenu pendant certaines périodes et dans certains pays : Afrique du Sud, Australie, Belgique, Canada, Finlande, France, Italie, Japon, Nouvelle-Zélande, PaysBas, Suède, Suisse, etc. Pendant des périodes plus courtes, des taux beaucoup plus élevés ont été enregistrés çà et là, en particulier en Italie, en Suède et au Japon. r

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