Supplemento a Contrat Social - anno VII - n. 1 - gen.-feb. 1963

12 de la productivité intervint aussitôt : en 1932 et en 1933 on ne produisait respectivement plus par heure de travail que 0,251 et 0,253 dollar. Au cours de la remontée qui suivit, ce volume fut porté à 0,374 en 1937 et à 0,399 en 1939. Les 26 années séparant 1939 de 1913 se soldèrent donc,· en fait de productivité, par un accroissement de 29,3 % en tout et pour tout. Les annexions de territoires étrangers permirent, rappelons-le, d'augmenter le produit national global de façon assez brusque. Mais la mise à contribution de pays conquis a beau être profitable, elle est rarement favorable à la productivité. Aussi, de 0,399 dollar en 1939 dans les anciennes frontières, le produit par heure descendit-il l'année suivante à 0,389 dans les frontières agrandies. L'industrie fut, semble-t-il, particulièrement atteinte, ce qui s'explique en partie par la conversion et l'expansion de certaines usines de constructions mécaniques « civiles » en vue de la production d'armements. Selon le professeur Nutter, le produit industriel par heure de travail fut en 1940 de quelque 17 % inférieur à ce qu'il avait été en 1937 27 • Après la chute de la productivité provoquée par la guerre, le volume antérieur fut à peu près rétabli en 1948 et augmenta régulièrement au cours des années suivantes. Le produit d'une heure de travail correspondait en moyenne à 0,392 dollar en 1948, à 0,474 en 1952 et à 0,519 · en 1956. La croissance indiquée par ces chiffres est bien modeste : en 1956, la productivité n'avait dépassé que 1,7 fois le niveau de 1913. Il appert ainsi que l'accroissement du produit national, 2,8 fois plus élevé au cours de la même période, résulte dans une large mesure de la croissance de la population et des horaires de travail imposés au citoyen soviétique. Parmi les facteurs qui ont déterminé cette modeste croissance de la productivité, le rôle de beaucoup le plus important revient au transfert massif de la main-d'œuvre agricole dans l'industrie. En 1913, 51,3 millions de personnes travaillaient dans l'agriculture et 9,9 millions dans les autres secteurs; en 1956, ces chiffres étaient passés respectivement à 41,5 et 48,3 millions. Le produit d'une heure de travail dans l'agriculture n'est qu'une fraction de .celuiqu'on obtient dans l'industrie. Aussi un transfert massif de la main-d'œuvre qu premier secteur dans le second suffit-il à augmenter en apparence la productivité nationale, mais en apparence seulement. Cette circonstance revêt une importance particulière en Russie où, dans les campagnes, l'époque . tsari~te avait _l~gué un surpeuplement considérable et un sous-emploi correspondant. L' économie paysanne, avec ses méthodes. extrêmement 27. G. Warren Nutter : The Growth of Industrial Production in the Soviet Union, Princeton 1962, p. 172. . Biblioteca Gino Bianco LB CONTRAT SOCIAL primitives, ne pouvait assurer qu'l.Ul emploi partiel à la .population rurale. Les observateurs ont estimé que 50 %, voire 80 % de la capacité de travail des paysans étaient gaspillés 28 • Le progrès économique réalisé au moyen de ce transfert de main-d' œuvre dans le secteur industriel, où la productivité n'évolue que faiblement, est un processus qui, par sa nature même, doit trouver un terme. L'amélioration de la productivité à l'intérieur de chaque secteur est la seule source durable du progrès économique. V. - Productivités comparées DANSles 23 pays suivants et au cours d'une année récente, le produit indiqué, exprimé en dollars, correspond à une heure de travail : 2,2 aux Etats-Unis (1952); 1,94 au Canada (même année); 1,71 en Nouvelle-Zélande (19531954) ; 1,44 en Australie (1955-1956) ; 1,2 en Suède (1954); 1,12 en Angleterre (1955); 1,08 aux Pays-Bas (1954); 1,05 au Danemark (1950) et en France (1955); 1 en Suisse (1951); 0,94 en Allemagne (1956); 0,91 en Belgique (1950); o,86 en Norvège (1954); 0,77 en Finlande (1955); 0,73 en Argentine et en Irlande (1951) ; 0,71 en Italie (1955); 0,57 au Japon (1956); 0,55 en Autriche (1954); 0,53 au Chili (1950); 0,52 en U.R.S.S. (1956); 0,39 à Cuba (1950); 0,22 en Colombie (même année). Il n'y a rien, dans ces chiffres, qui puisse surprendre. Les Etats-Unis se trouvent en tête, suivis, de loin, par le Canada et la NouvelleZélande. Les pays européens les plus avancés ont à peine dépassé la moitié de la productivité américaine. L'Amérique latine ne vient qu'ensuite. Quant à l'Union soviétique, elle se trouve au niveau de l'Amérique latine ; le produit obtenu en U.R.S.S. par heure de travail représente moins du quart de celui des U.S.A. Le rapport établi ici entre les productivités soviétique et américaine' est corroboré par la récente étude du professeur Nutter. A l'aide de calculs minutieux, Nutter estime qu'en 1955, dans l'industrie soviétique, la valeur aj(?utée par heure de travail équivalait à 22 % de celle qui était réalisée dans l'industrie américaine29 • Remontée et développement normal SUIVANTµne affirmation qui circule un peu partout - si bien qu'à peu près personne ne la met plus en doute - le produit réel augmel).- 28. Michael T. Florinsky : The End of the Russian Empire, New York 1961, p. 35. 29. Nutter : op. cit., p. 23,8.

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