M. COLLINET siègent comme députés travaillistes aux Com- ~un~s, mais s~s être mandatés par leurs orgarusattons syndicales. Il semble que celles-ci se ~tentent, sur le plan purement politique, de Jouer les masses de manœuvre aux mains des groupes intellectuels qui se èisputent la direction du parti. Le syndica~sme _suéd?is, à l'instar des Belges, fonda le parti social-democrate dans le dessein initial d'obtenir le suffrage universel. Malgré la présence au gouvernement du parti social-démocrate pendant trente années, le syndicalisme ne s'est pas intégré à l'Etat, ne réclamant de celui-ci qu'~e attitude libérale ·pour créer le réseau de relations contractuelles entre syndicats ouvriers c~ pa~onau._xqui est, s~mble-t-il, le plus perfectionne ~ ~e J~ur. Ce droit contractuel, indépendant de la legislatton, correspond davantage à la vision de Proudhon qu'à celle du marxisme allemand dont se réclament traditionnellement les socialistes suédois. Le syndicalisme allemand fut, jusqu'à l'avènement de Hitler, l'antithèse des précédents. Chaque parti_socialiste ou bourgeois eut sa propre centrale ouvrière. Lassalle préférait aux syndicats l'action politique et un mouvement coopératif financé p~r l'Etat. La soci~l-démocratie qui vint après lw, tout en les creant, ne leur portait qu'une estime modérée. Au congrès de Cologne (1893), Bebel niait tout avenir au syndicalisme : « Chaque extension des attributions de l'Etat, disait-il, rétrécit davantage encore le champ de l'activité syndicale. » Il citait en exemple les assurances sociales gérées par l'Etat et ajoutait qu'avec la concentration capitaliste du type Krupp, « c'en est . ~ait du mouvement syndical ; alors la lutte politique est seule encore efficace » 6 • Contrairement aux prévisions de Bebel, le syndicalisme a~emand fut vers 1920 le plus puissant du monde. Disparu sous Hitler, il s'est reconstitué dans la République fédérale, sans lien organique avec la S.D., et il a montré, en ce qui concerne les problèmes politiques européens, qu'il en était complètement indépendant. L'évolution française a été très différente de celle de ses voisins. Elle tient davantage aux expériences politiques nationales qu'à l'essence d'un syndicalisme indépendant. Contrairement à l'ancien trade-unionisme britannique et aux syndicats américains qui n'ont pas de vocation politique originale, le syndicalisme français, dans son ensemble, s'est proclamé une force politique, bien qu'il se veuille « antiparti », suivant une expression à la mode... Né d'une réaction contre les prétentions du parti guescliste à régenter le mo11:vementouvrier? alim_entépar l'antiparlementansme des anarchistes, il s'est trouvé fortifié dans ses convictions libertaires et révolution• naires par la division des partis et des sectes socialistes. Guesdistes, jauressistes, blanquistcs, .s. Cit~ par Edgard Milhaud La Dbnocrati, 111Citllu1, allm,ande, Paris 1903. Biblioteca Gino Bianco 5 allemanistes, possibilistcs, sans parler d'autres dissidences, s'opposaient leurs vérités particulières et définitives. On comprend mieux l'attitude des syndicalistes en relisant ce que Vandervelde disait de ces querelles : « Il est navrant d'entendre au milieu de quelles embuscades, chausse-trapes et guérillas de toute espèce, vivent les socialistes fran~ais. (...). Il ne faudrait pas deux mois pour qu~ J'_endev~enn~enragé. Il faut aussi que l'idée socialiste soit bien forte pour faire sa trouée malg~é tout et progresser aussi rapidement qu'elle le. fait en France 8 • » L'unité socialiste de 1905 agtt en sens contraire, réveillant les appréhensions ai:itérieures ,conc~rnant les intentions du guesdisme et determmant l'adoption par la C.G.T. de la Charte d'Amiens. L'expérience passée de la C.G.T.U., et prés~nte de la C.G.T., dominée par le parti communiste, n'ont pu que consolider la volonté d'indépendance des syndicalistes libres. Dans l'état actuel des partis démocratiques, on voit mal ce qui pourrait pousser le syndicalisme libre à se lier organiquement à l'un d'eux. Etant donné les divisions syndicales et les faiblesses de chaque centrale, la création d'un parti émanant de l'une d'elles, c'est-à-dire un parti travailliste au sens propre et historique du mot, provoquerait non une réunification, mais un nouvel éclatement des syndicats. Il a fallu, en Grande-Bretagne, le monopole de fait des Trade-Unions et, paradoxalement, leur relative indifférence aux idées P?litiques dont l'expression ne le.s touchait pas directement, pour amener la création du Labour Party. Ces conditions ne sont nullement réalisées en France, malgré l'apolitisme apparent, mais peut-être provisoire, de l'opinion. En outre, le Trade Union Congress a réussi à ne pas être confondu avec le Labour Party sous le gouvernement conservateur. Malgré la participation des Unions au parti, il a conservé une liberté d'action qui témoigne de la souplesse des habitudes politiques anglaises. EN FRANCE,il a été question d'un Sénat ob siégeraient les représentants de syndicats ouvriers à ~ôté d'autres groupe~ents économiques ou sociaux. Cette constellatton de forces, parfois antagoniques, est possible dans une assemblée co~ultat~ve comme le ~nseil économique et social, ou les groupes socio-professionnels peuve~t en principe manifester leur opinion sur des suJ~ts les concernant. Mais une répartition arbitraire des mandats entre ces groupes devient inacceptable lorsqu'il s'agit, non plus de sondages, mais de délibérations dans une assemblée légiférante. Le Sénat politique, qui, en définitive tient son pouvoir des citoyens égaux en droits: 6. Souomir, d'urt militt1111 ,odalut,, p. 1oe- ,
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