LA TERREUR EN U.R.S.S. social-démocrate, coopérateur ; Michel Konomenko, social-démocrate ; Alexandra Speresnevska, socialiste-révolutionnaire; Minna Bauer, socialiste-révolutionnaire ; Anatole Lévine, socialdémocrate, sont tous morts par manque de soins. Houmeniouk, anarchiste, et Prokofiev, socialisterévolutionnaire, se sont suicidés. (On pourrait allonger indéfiniment de telles listes en consultant les publications d'extrême gauche plus haut désignées.) Il y a enfin les camps de concentration. Le Courriersocialiste (n° 5, 8 mars 1924) a publié une lettre de socialistes internés au camp des lles Solovki, disant : Kem, Khomogory, Pertominsk, Solovki - cette Guyane soviétique modernisée - sont des abominations du bolchévisme que l'historien le plus discret ne pourra passer sous silence. Beaucoup de temps et d'efforts seront encore nécessaires pour évaluer approximativement le nombre de milliers d'existences humaines détruites sur la Dvina et au bord de la mer Blanche, dans les « camps septentrionaux à destination spéciale ». Trois cents socialistes prisonniers aux Solovki ayant élevé · des protestations contre le régime pénitentiaire, le chef tchékiste fit tirer sans sommation sur des détenus sans défense. Six furent tués : Elisabeth Kotov, Anastasie Zeitlin, Georges · Kotcharovski, Gabriel Pasternak, Meer Gorelik, Vsevolod Popov, la plupart atteints dans le dos et à bout portant; 160 prisonniers firent la grève de la faim pendant quatorze jours, à la suite de cette tuerie. Et voici des chiffres : à Kem, plus de 800 prisonniers en 1926 et 18.000 en 1928; aux Solovki, 27.000 en 1928. Au VIe Congrès des Soviets, en mars 1931, Molotov déclara que 1.134.000 déportés étaient employés à couper du bois dans les forêts du Nord. « Extermination méthodique », constate R. Abramovitch qui termine son rapport en faisant appel à « la conscience du prolétariat socialiste du monde». On comprend que des socialistes en vue comme Louis de Brouckère et Arthur Crispien, présidents de la Commission d'enquête instituée par l'Internationale ouvrière socialiste, aient écrit de ce rapport, dans la préface : Il est impossible de le lire sans ressentir le scandale et la honte des traitements barbares infligés par le gouvernement des Soviets, non pas à des conspirateurs monarchistes perpétrant des attentats, préparant des émeutes contre la Révolution, mais à des révolutionnaires authentiques... * ,,. ,,. Dans un important ouvrage intitulé Stali~, mais qui donne, comme dit le sous-titre, un véritable Aperçu historiquedu Bokhévisme, édité Biblioteca Gino Bianco 41 récemment chez Pion, B. Souvarine a rassembl~ divers éléments d'appréciation qui donnent une idée générale de la répression terroriste exercée par Staline. Il signale (p. 349) la mise à mort de nombreux socialistes géorgiens, parmi lesquels cinq membres du Comité central social-démocrate comme N. Khomériki et V. Djougueli, à la suite d'une insurrection délibérément provoquée par la Tchéka de Tiflis, aux ordres de Staline. En la circonstance, ce dernier a saisi le premier prétexte pour faire assassiner des adversaires socialistes qui se trouvaient en prison bien avant la révolte et par conséquent n'étaient pas responsables. Il constate (p. 416) l'exécution de vingt innocents à Moscou, traités sans aucun avis préalable en otages, après l'assassinat de Voïkov. Il note (p. 435) la déportation des communistes les plus connus, coupables de n'être pas toujours de l'avis de Staline, déportation suivie de milliers d'autres (p. 452), environ 5.000 pour les communistes de cette catégorie. Il mentionne (p. 454) l'exécution arbitraire de trois techniciens éminents, vieillards de 70 et 7 5 ans, « jugés sans témoins, condamnés sans preuves, exécutés sans phrases». Puis (p. 456), c'est l'exécution de Blumkine, communiste non-conformiste. Ce sont (p. 465) les mesures de terreur prises contre les paysans, lors de la collectivisation, et (p. 467) les mesures de terreur contre les religieux. Ici, l'on doit citer : Un correspondant américain tout dévoué aux intérêts de Staline, évalue à 2 millions le nombre approximatif des relégués et des exilés en 1929-1930 (New York Times, 3 février 1931). Mais la vérité apparaît encore plus atroce dans son ampleur si l'on sait que la dékoulakisation s'est poursuivie sans relâche au cours des années suivantes et que les calculs officiels varient entre 5 et 10 millions dans le dénombrement des koulaks, non compris les malheureux moujiks présumés dans l'aisance. B. Souvarine se réfère à un exemple pour l'année 1933 : Peu après le premier quinquennium, en 1933, la presse de Rostov a signalé, par dérogation accidentelle à la consigne du silence, la déportation en bloc de trois stanitsy cosaques du Kouban, environ 50.000 personnes ; or, plus de 100.000 habitants de la même région les avaient précédés sur les chemins du malheur en direction du Nord. Autre estimation d'ensemble : On peut donc admettre que s millions de villageois au 1noins, sans distinction d'âge ni de sexe, ont été chassés de leurs foyers, voués à une misère inique et beaucoup à la mort. Mr. H. Walpole, qui a scruté avec attention les données du commissariat du Travail, arrive aussi au total de 4 à s millions pour 1931, chiffr• largement dépassé par la suite, et en fait état dans son introduction à Out of w Dus,, utt•r• front SOf1i«
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