Le Contrat Social - anno VII - n. 1 - gen.-feb. 1963

26 de s'accroître. Cette évolution fut ensuite stoppée par deux circonstances : 1. les cellules communistes, dans leur chasse aux « koulaks », ne respectèrent pas le secret bancaire ; 2. le Comité central d'avril 1926 décida que les fonds accumulés dans les établissements et coopératives de crédit devaient servir « en premier lieu à l'industrialisation ». Cr ~ Du coup, le plan conçu par la droite pour faire des coopératives de crédit la base du développement de l'agriculture et des coopératives rurales (pour le commerce des produits agricoles et l'achat des instruments aratoires) fut ruiné. L'adhésion volontaire aux coopératives de crédit fut remplacée par l'adhésion obligatoire et la part sociale que devaient verser les paysans plus ou moins aisés fut considérablement augmentée. En trois ans (1925-1928), le montant des parts sociales et des dépôts ne progressa que de 69 millions de roubles, alors que dans la Russie d'avant la révolution les fonds déposés dans les sociétés rurales de crédit étaient passés de 150 millions de roubles en 1910 à 473 millions en 1914. En 1928, les coopératives de crédit avaient cessé d'exister. La formation des kolkhozes et l'accumulation forcée par la méthode de « l'exploitation militaire-féodale » des paysans se substituèrent à l'accumulation volontaire recherchée par la droite. Et c'est à l'intention de la droite que, dans les Chiffres de contrôle pour I928-29, furent inclus ces mots : « L'accumulation dans l'agriculture doit être obtenue par d'autres moyens. » XII. Polémisant contre Boukharine, Iou. Larine écrivait : « Qui a le regard fixé sur la campagne ? Le prolétariat, et cela veut dire que les kolkhozes seront protégés et non les koulaks. » Reprochant à Larine de simplifier la question, Boukharine répliqua en avril 1925 à la 14e Conférence du Parti : « Pour moi, ce qui compte avant tout, c'est la coopérative et, d'autre part, le kolkhoze. Pour Larine, il n'y a que le kolkhoze. Le kolkhoze est certes un puissant levier, mais ce n'est pas la grande voie du socialisme... » Mais comme on lui reprochait de divers côtés de réduire à néant les kolkhozes, dans une résolution adoptée par le Comité central d'octobre 1925, il fit la mise au point suivante : Par tous les moyens on aidera les petits et moyens paysans à organiser des kolkhozes en accordant des prêts et surtout en leur facilitant l'acquisition de machines agricoles (notamment de tracteurs). En outre, on apportera un plus grand appui aux formes primaires de collectivisation (associations artisanales, associations pour l'acquisition de machines agricoles, pour l'utilisation en commun du bétail) en veillant tout particulièrement à intégrer les petites exploitations dans ces associations. Boukharine n'était pas seul à dire que le kolkhoze n'était pas la grande voie du socialisme. Tous les droitiers partageaient cette opinion qui constitua un des traits essentiels de la cc doctrine » Biqlioteca Gino Bianco LE CONTRAT SOCIAL de droite née en 1925. Sous la poussée du stalinisme, qui visait à abolir l'exploitation agricole individuelle et à substituer par la violence les kolkhozes aux coopératives de toute nature, les droitiers ne cessèrent de battre en retraite et se soumirent à la majorité stalinienne du Politburo. Mais dans leur for intérieur ils ne renonçaient pas. En 1928, lors de la collecte, ou plutôt de la confiscation du blé, les moyens les plus ex~rêmes du communisme de guerre furent mis en œuvre. Il était désormais dangereux de condamner ces méthodes, de défendre le droit à l'existence des exploitations agricoles individuelles, d'affirmer que le kolkhoze n'était pas la « grande voie » du socialisme. Néanmoins, Rykov, dans le discours qu'il prononça, après la session du Comité central, en juillet 1928, osa le faire : Un des camarades investis des plus grandes responsabilités [Staline] disait récemment : cc Les forces productives se développent chez nous sous les formes de la collectivisation et ne sauraient se développer autrernent. » ( ... ) Les camarades qui ont fait une croix sur le développement des entreprises agricoles individuelles s'en tiennent à des conceptions erronées et néfastes. Le rendement moyen à la déciatine est chez nous de 40 à 50 pouds, alors que dans certains pays d'Europe il atteint 100 pouds. Les possibilités d'accroître le rendement par des moyens relativement élémentaires tels que la substitution de la charrue à l'araire, l'amélioration des semences, l'utilisation des engrais, sont immenses. Dans ces conditions, ignorer l'exploitation agricole individuelle, ne pas se soucier de la développer, faire croire aux paysans qu'ils ne peuvent améliorer les méthodes de culture et obtenir des récoltes supérieures à celles d'aujourd'hui, c'est conduire le pays à de nouvelles crises. La tâche principale du Parti est de développer l'entreprise paysanne individuelle en lui accordant l'aide de l'Etat pour s'organiser sur le plan de la coopération et en réduisant systématiquement les éléments exploiteurs [koulaks]. Mais il va de soi que l'offensive contre ces derniers ne devra pas être menée suivant les méthodes dites de « dékoulakisation ». Devant le Comité central, la droite parvint à faire condamne_rles actes de violence, rappelant ceux de la période du communisme de guerre, commis au cours des récentes collectes de blé. La résolution adoptée disait notamment : Tout devra être mis en œuvre pour développer la productivité de la petite et moyenne entreprise paysanne individuelle qui, pour longtemps encore, constituera la base de la production des céréales dans le pays9 • Ce fut là le chant du cygne de la droite. N. V ALENTINOV. ( Traduit du russe) 9. Le P. C. de l'Union soviétique à travers les résolutions..., p. 513.

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