Le Contrat Social - anno VII - n. 1 - gen.-feb. 1963

N. VALENTINOV teurs opérant pour le compte des coopératives. Cette coordination ne devra en aucun cas avoir pour effet la fixation de prix obligatoires pour les produits agricoles. On interdira catégoriquement, lorsqu'on établira ces prix., d'appliquer des mesures administratives telles qu'amendes, arrestations., etc. Ceux qui se rendront coupables d'agissements de ce genre feront l'objet de sanctions pouvant aller jusqu'à des poursuites judiciaires. (...) Les organismes locaux du Parti et de l'Etat ne devront pas tolérer l'immixtion des autorités administratives dans l'activité des coopératives; ils devront veiller au respect des statuts. En aucun cas., les coopératives ne pourront être chargées par les organismes du Parti, de l'Etat et des syndicats de tâches, d'obligations et de dépenses qui ne sont pas inhérentes à leur propre activité ou qui enfreignent leurs statuts. C'eût été trop beau si tout s'était passé ainsi. Les coopératives soviétiques fussent alors devenues, en 1925, des organisations libres, autonomes, comme doivent l'être de véritables coopératives. Cela ne pouvait pas être sous la « dictature du prolétariat», c'est-à-dire la dictature du Parti, lequel avait aboli la liberté de parole et la liberté de la presse, le droit syndical et les élections libres. Aucw1e organisation ne pouvait exister sans avoir à sa tête des communistes représentant le Parti, détenteur de tous les postes de direction. Devenue réformiste, la droite avait conscience des monstruosités de ce système ; elle aurait voulu les supprimer ou les atténuer et elle nourrissait l'illusion qu'une certaine liberté était possible sous un régime qui, dans son essence, était la négation de la liberté. Néanmoins, une liberté limitée, ou plus exactement une attitude plus conforme aux buts de la coopération, donna une impulsion considérable au mouvement coopératif. Cette décision de la 14e Conférence, qui constituait aussi une importante innovation, contribua grandement à cet essor : Afin que la coopération puisse embrasser tous les aspects de la vie économique dans les campagnes, toutes les catégories sociales travaillant dans l'agriculture auront le droit de faire partie des coopératives. Cette décision ouvrait aux paysans aisés, qualifiés indifféremment de « koulaks », les portes, jusqu'alors interdites, de la coopération. Sans admettre, comme le XIIIe Congrès, que le but essentiel de la coopération était la lutte des « retits possédants contre les koulaks », la droite n en assortissait pas moins de restrictions l'entrée des paysans aisés dans les coopératives : Afin de sauvegarder l'influence et le rôle dirigeant de la majorité des paysans dans la coopération, les associations coopératives de toute nature inséreront dans leurs statuts une clause écartant de leur direction les éléments manifestement koulaks. Arrêtons-nous sur cet événement extraordinaire que fut, à l'ins~ion de la droite, l'admission des «koulaks» s les coopératives. Dans le mouvement coopératif d'avant guerre qui Biblioteca Gino Bianco se développa avec une ampleur et une rapidité dont, en 1923, l'économiste Lozova pouvait dire avec raison que « l'histoire mondiale de la coopération n,en connaissait pas de semblable », l'artisan le plus actif n'était nullement le paysan pauvre ni même le paysan moyen, mais le paysan aisé et le koulak. Le même phénomène se reproduisit en 1925 lorsque les coopératives s'ouvrirent au koulak, malgré les efforts du Parti pour pousser le paysan moyen au premier plan, et bien que la participation du paysan pauvre ait été assortie de toutes sortes d'avantages. Le « recensement dynamique» de 1927 révéla que les paysans pauvres avaient coopéré au plus dans la proportion de 23 %, les paysans moyens, dans la proportion de 33 %, les paysans aisés, de 40 %, et la « catégorie koulak », de 46 %. La session d'octobre 1927 du Comité central et de la Commission de contrôle, après avoir constaté la faiblesse relative de la participation des paysans pauvre& et la participation disproportionnée des catégories sociales aisées des campagnes, prescrivit de mettre fin à cette situation, quand bien même cela devrait avoir des effets négatifs sur l'activité des coopératives et plus généralement sur les collectes de produits agricoles. Bien que participant encore aux délibérations du Politburo, la droite ne , gouvernait plus le pays. Celui-ci évoluait à toute allure vers le stalinisme. XI. Parmi les différentes formes de coopératives rurales, une place importante fut donnée, en 1925, aux coopératives de crédit. Cette cc attention particulière » est intéressante en ce sens que la droite chercha à développer ce genre de coopératives sur le modèle d'avant guerre. L'extension prise à l'époque par les sociétés de crédit, dont le nombre était passé de 1.630 en 1905 à 14.586 en 1914, l'impressionnait vivement. C'est ce qu'il appert des thèses publiées dans la Pravda du 11 avril 1925 sous la signature de Kalinine, Cheiman, Chefler, etc. Pour ceux-ci, les coopératives de crédit d'avant la révolution étaient un exemple probant, car, « tout en centralisant d'importantes ressources », elles groupaient cc environ 12 millions de feux», « preuve irréfutable de leur caractère de masse ». Les fonds des coopératives de crédit consacrés au développement de l'entreprise paysanne se composaient, dans la Russie d'avant la révolution comme dans les autres pays, de parts sociales, de dépôts et d'emprunts. C'était sur ce modèle que l'accumulation dans les coopératives soviétiques de crédit était envisagée. Les parts sociales ne pouvant être très fortes, les dépôts émanant de la population rurale prenaient une grande importance. Pour les attirer, la 14e Conférence décida que cc les coopératives de crédit devront assurer le secret, garanti par la loi, des fonds déposés » ; et cette bonne règle bourgeoise fut largement portée à la connaissance du public. L'activité des coopératives de crédit en 1925 eut un grand succès : les dépôts affluèrent dans les caisses et les opérations de crédit ne cessèrent

RkJQdWJsaXNoZXIy MTExMDY2NQ==