A. P. Smirnov, commissaire à l'Agriculture, qui, mieux que personne au Comité central, savait à quelles inepties aboutissaient ces fermages clandestins, insistait pour qu'ils fussent tolérés ouvertement. Mais la loi sur les fermages fit long feu: en octobre 1927, la session commune du Comité central et de la Commission de contrôle la remit en question en décidant de« réduire la surface des terres données à ferme dans les districts où cela a pour effet d'accroître les éléments koulaks, la durée du fermage ne devant pas excéder six ans». La crainte qu'éprouvaient les paysans aisés classés dans la catégorie koulak - les persécutions dirigées contre eux ayant repris à la fin de 1926 - les incita à dénoncer les accords de fermage qu'ils avaient conclus. V. De nombreux paysans, qui n'étaient pas en mesure de pourvoir à leur subsistance sur leur petite exploitation, devaient chercher des moyens d'existence en dehors de l'agriculture. Dans leur village, des entreprises avaient besoin de main-d' œuvre pendant la moisson ou en période d'intempéries, quand il fallait sauver la récolte. D'autre part, ·en plus de la saison où la main-d'œuvre salariée était presque toujours nécessaire, les exploitations relevant des paysans aisés ou de ceux qualifiés koulaks en avaient un besoin permanent. Néanmoins, malgré le préjudice porté à l'agriculture, l'embauche fut interdite. La loi sur la terre, inspirée de la doctrine des narodniki et des socialistes-révolutionnaires, auxquels Lénine l'avait «volée» en 1917, n'accordait le droit de jouissance qu'à ceux qui travaillaient la terre. Phis tard, posant la question du fermage, Lénine soulignait qu'en même temps que celui-ci devait être autorisé l'emploi de la main-d'œuvre salariée dans l'agriculture. Mais les décisions prises restèrent lettre morte : l'embauche des journaliers se fit en secret, dans une atmosphère de clandestinité préjudiciable aux paysans pauvres en quête de travail. Le programme de la droite légalisait l'emploi de la main-d'œuvre salariée et établissait un code du travail qui protégeait les journaliers contre toute exploitation. Un décret du Conseil des commissaires du peuple rédigé dans ce sens fut publié le 22 avril 1925. Mais lorsque les conditions politiques changèrent et que les entreprises des koulaks furent de nouveau inquiétées, ces derniers, par crainte de se voir accusés d'être des exploiteurs, s'efforcèrent de ne plus faire appel à la main-d'œuvre salariée, ce qui conduisit beaucoup d'entre eux à réduire les cultures exigeant un gros travail. VI. La médiocrité, l'usure et la rareté du matériel entravaient le développement de l'agriculture. L'approvisionnement des campagnes avait commencé à devenir précaire au début de la guerre de 1914 et cessé complètement durant les années de communisme de guerre, de guerre civile et de famine. La fabrication de l'outillage agricole qui avait repris sous la nep était minime, Biblioteca G1no Bianco LE CONTRAT SOCIAL le matériel fabriqué très coftteux, et il s'en fallait que les paysans puissent acheter ce dont ils avaient besoin. Le programme de 1925 voulait améliorer la situation aussi vite que possible. L'indice des prix industriels, y compris le matériel et l'outillage agricoles, se situait aux environs de 200 (1913 = 100). · Le gouvernement prit la décision hardie (onéreuse pour l'industrie mécanique)... ... d'aligner les prix des machines agricoles sur ceux d'avant guerre et, afin de satisfaire la demande d'outillage agricole, d'importer une quantité de matériel agricole correspondant aux besoins, tout en poussant au maximum la construction mécanique. Cet approvisionnement des campagnes à des conditions favorables n'était prévu que pour l'année 1925, mais le délai fut quelque peu prolongé. Les effets furent évidents. Les achats de machines et d'outillage agricoles s'accrurent ~ d'emblée et ce n'était un secret pour personne que la majeure partie .de ce matériel (moissonneuses, vanneuses, etc.) était acquis par les paysans aisés et koulaks. La droite n'en éprouvait aucune crainte. Au moyen d'une meilleure tech.. nique, elle voulait augmenter la production agricole, notamment celle destinée à l'exportation, dont dépendait l'importation de tout ce qui était nécessaire au développement de l'industrie. Formé au levain des idées de l'opposition trotskiste, le stalinisme s'efforça là encore de modifièr la politique de la droite. En octobre 1927, mois des décisions funestes, l'ordre fut donné... ... de réduire les fournitures de machines agricoles aux koulaks en fixant des normes à cet effet (diminution de la part des koulaks dans la somme globale des machines vendues, règlement au comptant, etc.). La réduction des fournitures de machines · aux exploitations qui en étaient les principaux acquéreurs et qui, sur le fond de pauvreté et de grisaille des campagnes, représentaient une espèce de modèle, fit sentir ses effets sur l'ensemble de l'agriculture. Par crainte des persécutions administratives et pour ne pas être accusées d'exploiter les journaliers, beaucoup d'entreprises paysannes avaient ·réduit leur main-d' œuvre salariée, espérant la remplacer par des machines. Mais quand l'emploi de celles-ci fut à son tour limité, les exploitations auparavant bien équipées déclinèrent et l'agriculture se dégrada. VII. Le développement de l'agriculture était un des soucis dominants de la droite. Sachant que les paysans payaient de lourds impôts indirects et qu'ils étaient victimes des «ciseaux», ce qui se traduisait par un rapport désavantageux pour eux entre les prix des articles manufacturés qu'ils achetaient et les prix des produits agricoles qu'ils vendaient, la droite voulait alléger les impôts directs qui pesaient sur les campagnes : Afin de faciliter l'accumulation dans l'agriculture, le développement de l'élevage et des cultures industrielles,
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