Le Contrat Social - anno VII - n. 1 - gen.-feb. 1963

LE COMMUNISME DE DROITE ET L'AGRICULTURE par_ N. Valentinov UN CHAPITRE important de la doctrine de Boukharine et des « droitiers » est celui qui traite de la question agraire. Comme tout ce qui est essentiel dans cette doctrine, le programme des mesures à appliquer dans les campagnes figure dans les résolutions du Comité central et de la 14e Conférence d'avril 1925 1 • Mais ce n'est pas exposé avec méthode et il importe de le dégager de tout un appareil dogmatique : Les problèmes économiques essentiels à la campagne consistent, dans la période actuelle, à encourager et à remettre sur pied la masse des exploitations paysannes en développant la circulation marchande. Notre but est de favoriser par tous les moyens le progrès constant de l'entreprise agricole relevant de la masse paysanne, avec une attention particulière envers la catégorie encore nombreuse des paysans pauvres 2 • Qu'il soit question deux fois en quelques lignes de la masse paysanne montre que la droite, en parlant de l'aide à apporter aux paysans, avait non seulement en tête les paysans pauvres et moyens, mais aussi les paysans aisés, qui fatalement « engendraient une nouvelle bourgeoisie », les «koulaks». Déjà là, il y avait quelque chose de nouveau. Mais qu'est-ce qu'un «koulak» ? La question était toujours demeurée obscure dans la doctrine communiste. Le paysan riche pratiquant l'usure ou disposant de vastes terres cultivées par des journaliers mal rétribués, épuisés par leur labeur, pouvait à juste titre être rangé parmi les koulaks. Mais devait-on considérer comme tel le paysan 1. Cf. notre • Boukharine, sa doctrine, son " ~cole " •• in Contrat 1ocial, nov.-d~. 1962. 2. L, P.C. d• l'Union ,Dfli,tiqu• tl trav•rs l•s ,,1olutioru d tUci,üm, de, congri1, d•1 conf 'r•nc•s •t d•1 a11mab1'u p1'- nüru du Comit, cmtral, 7• ~d., 1954, 2• part., p. 117. Biblioteca Gino Bianco aisé qui, aidé de 1a famille, cultivait plus de seize déciatines 3 ? (Selon Iou. Larine, c'était un koulak...) Ou bien le paysan aisé qui, sans faire davantage appel à la main-d' œuvre salariée, possédait une entreprise de transformation des produits agricoles ; ou encore celui qui disposait d'un outillage que ses voisins ne possédaient pas ? Ce paysan se distinguait des autres par sa « richesse ». Où donc était la ligne de partage entre lui et le koulak ? Dans un article des lzvestia du 22 mars 1925, M. Kalinine tranchait sans mal la question : On ne peut aujourd'hui parler du koulak comme d'une couche sociale que si l'on estime que tout chef d'exploitation agricole, tout paysan remplissant normalement sa tâche est, comme le voulait la règle sous le communisme de guerre, un koulak. Le koulak est un type de la Russie d'avant la révolution. C'est l'ogre, le spectre de l'ancien monde. En tout cas, il ne s'agit pas d'une couche sociale, ni même d'un groupe, votte d'un groupuscule, mais seulement d'unités en voie d'extinction. A la fin de 1925, nul n'aurait plus osé tenir ce langage. On l'aurait accusé sur-le-champ de se faire l'avocat des koulaks. Mais en mars, les paroles de Kalinine ne soulevèrent pas le moindre remous dans le Parti. Néanmoins, tout en s'abstenant de polémiser avec Kalinine, les résolutions du Comité central et de la 148 Conférence définissaient le koulak non comme un « spectre de l'ancien monde», mais comme une unité sociale bien vivante. Cette thèse étant admise, l'attitude adoptée à l'égard de cette couche sociale ne s'accordait pas avec la formule éculée suivant laquelle il fallait purger le village des • buveurs de aang 3. Une d~iatine - 1 ha ~- , r

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