Le Contrat Social - anno VII - n. 1 - gen.-feb. 1963

16 tionnel. Egalement « réactionnaires » sur le plan ·jadis essentiel de la liberté de l'esprit, des droits politiques et des libertés syndicales, également imbus d'autoritarisme, unanimes sur l'emploi de la violence dans les rapports économiques et politiques avec l'immense majorité paysanne, trotskistes, boukhariniens et staliniens ne se distinguaient que par leur appréciation différente de l'urgence de la « collectivisation » et âu rythme de l'industrialisation. Comme disait Trotski en août 1927 encore (deux mois avant son exclusion du Comité central) : « Ce qui nous sépare est incomparablement moindre que ce qui nous unit » (S., p. 421 ). Amputé de sa dimension prolétarienne et démocratique, encore présente dans l'équation léniniste, le socialisme se ramenait dans la « fausse conscience » des dirigeants bolchéviks à l'industrialisation qui devenait ainsi un nouveau fétiche, non moins mystificateur que ceux de « Monsieur le Capital» et de « Madame la Terre». Boukharine, Rykov, et':., étaient « droitiers » parce qu'ils s'opposaient à la politique d'investissements massifs dans l'industrie et à la spoliation des paysans préconisées par la « gauche » : ils étaient dénoncés comme porte-parole de la « dictature de la finance », taxés de « déviation koulakophile», . . Biblioteca Gino Bianco LE CONTRAT SOCIAL voire soupçonnés de collusion avec les « capitalistes ruraux» (jusqu'à la fin de sa vie Trotski a maintenu la fiction d'une « influence grandissante» des koulaks dans les soviets villageois, comme si les soviets avaient encore une puissance réelle...). Trotski, Zinoviev, etc.., étaient «gauchistes» non pas parce qu'ils voyaient le monde « avec le regard du plus défavorisé », mais parce qu'ils exigeaient l'industrialisation à outrance et l'exploitation accrue des paysans. On les accusait de viser à la « dictature de l'industrie »••• Aussi., lorsque Préobrajenski préconisa l' « accumulation socialiste primitive » aux dépens des paysans, la « ruse de l'histoire» a voulu que Staline s'érigeât en protecteur des paysans : au nom de l' « alliance léniniste des paysans et des ouvriers », il accusait les « gauchistes » de « considérer les masses paysannes comme un corps étranger, comme un objet d'exploitation pour l'industrie, comme une sorte de colonie » (cf. S., p. 395)... La réalité n'a pas tardé à trancher le débat : les 110 millions de paysans qui peuplaient les campagnes soviétiques allaient bientôt apprendre à leurs dépens que « les méthodes de l'accumulation primitive n'ont rien d'idyllique». (Fin au prochain numéro} K. PAPAIOANNOU. , ..

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