N. VALENT/NOV D'où l'on pouvait inférer que, si la situation mondiale se modifiait et qu'en Europe la révolution prolétarienne vienne à se déclencher, il conviendrait d' cc associer » le paysannat à la construction socialiste non par des cc moyens à long terme », mais par des mesures expéditives, sans écarter les mesures cc douloureuses » (pour les paysans). Eu égard à cette situation, demandait Staline, en quoi consiste aujourd'hui la .tâche principale du Parti à la campagne ? Voici , sa reponse : ...Certains camarades, partant de la différenciation qui s'opère à la campagne, concluent que la tâche essentielle du Parti est de rallumer la lutte de classe au village. Ce n'est pas exact, camarades. C'est du bavardage. Notre tâche principale, aujourd'hui, n'est pas là. Laissons ces refrains de vieilles chansons tirées de l'encyclopédie menchévique. L'essentiel maintenant est de serrer les rangs avec la grande masse du paysannat, d'élever son niveau culturel et matériel et d'avancer dans la voie du socialisme. Nous devons obtenir que l'économie paysanne soit incluse dans le système général du développement économique soviétique... Il y a des gens dans le Parti qui prétende1:1t que tant que nous aurons la nep et un début de stabilisation du capitalisme, notre tâche consistera à exercer le maximum de pression dans le Parti comme dans l'appareil de l'Etat pour que ça ne grince pas tout autour. Je dois dire que cette politique n'est pas juste et qu'elle est néfaste ... Les communistes à la campagne doivent renoncer aux formes monstrueuses de l'activité administrative ... Le compte rendu du rapport de Staline fut inclus dans son livre : Les Questionsdu Léninisme. Les citations que nous donnons sont extraites de la 98 édition (pp. 127-130). Dans les éditions postérieures à 1933, ce rapport ne figurait déjà plus. Staline cachait ce qu'il avait écrit et fait imprimer lorsque, selon la juste remarque de Kamenev, il était cc corps et âme prisonnier » de la politique boukharinienne. Pour défendre la théorie de l'atténuation et de l'extinction de la lutte de classe, Staline prit Biblioteca Gino Bianco 339 également la parole le 9 Jwn. Répondant aux étudiants de l'université Sverdlov, il déclara qu'il existait à la campagne trois fronts sur lesquels pouvait mais ne devait pas éclater la lutte de classe : •.. Le premier front est celui-ci : l'ensemble du paysannat, achetant les articles de l'industrie et vendant ses produits aux ouvriers des villes, cherche à acquérir les articles industriels aux prix les plus bas et à vendre ses produits le plus cher possible. De même, le paysannat voudrait bien qu'il n'y ait pas du tout d'impôt agricole ou qu'on le ramène au minim1un. Il y a là incontestablement une opposition entre le désir du paysannat et les intérêts du prolétariat et de l'Etat prolétarien. Par conséquent, un terrain existe pour qu'éclate la lutte de classe. S'ensuit-il que nous devions la rallumer sur ce front ? Non, au contraire. Nous devons seulement, par tous les moyens, modérer la lutte sur ce front en la régularisant par des accords et des concessions réciproques, sans la pousser en aucun cas jusqu'aux formes violentes, jusqu'aux heurts. (...) Il peut paraître que le mot d'ordre de rallumer la lutte de classe [contre les koulaks] soit tout à fait applicable aux conditions de la lutte sur ce front [le second]. Mais cela n'est pas exact, absolument pas. Là non plus, nous ne voyons pas d'intérêt à rallumer la lutte de classe. (...) Notre tâche [sur le troisième front] consiste à organiser la lutte des paysans pauvres et à la diriger contre les koulaks. Mais cela signifie-t-il que nous nous chargeons nous-mêmes de rallumer la lutte de classe ? Non, cela ne le signifie pas ... Les citations ci-dessus sont également tirées de la 7e édition des QuestionsduLéninisme (pp. 156160). Dans les éditions postérieures à 1933, le rapport à l'université Sverdlov a lui aussi disparu. Staline éprouva probablement une cer- ·taine gêne en se souvenant que, « prisonnier de Boukharine », il prêchait en 1925 la « paix civique». Mais le fait qu'il l'ait prêchée indique quelle était l'atmosphère politique à l'époque. N. V ALENTINOV. ( Traduit du russe)
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