LE CONTRAT SOCIAL [le livre de R. Fischer: Stalin and German Communism] présente l'intérêt d'avoir été écrit par quelqu'un qui a participé activement, avec passion, aux événements, mais il n'est pas toujours fidèle aux faits.» Ajoutons que, dans cette étude sur W. Münzenberg, on ne trouve que trois phrases sur la Ligue contre l'impérialisme et le colonialisme, où l'unité de front fut réalisée entre des Occidentaux et des «coloniaux» comme Nehru, Hatta et Soekarno, et une demi-page sur l'Internationale des Jeunesses communistes, dont Münzenberg fut également le fondateur. Dans son étude de 15 pages sur le capitalisme américain, Earl Browder en consacre 10 à Marx et Engels et une seule au mouvement communiste aux Etats-Unis. Dans le dernier essai, W. Leonhard traite du mouvement communiste international depuis la mort de Staline jusqu'au lendemain de la conférence réunie à Moscou en novembre I 957. BRANKO LAZITCH. Correspondance Nous avons reçu de M. B. Kerblay la lettre suivante que nous communiquons à P. Barton (absent) pour qu'il y réponde s'il le croit nécessaire. En attendant, nous la publions avec une Note de la rédaction. Paris, 1er juin 1962. Monsieur le Directeur, Je me permets de vous faire part de la surprise que j'ai éprouvée en lisant dans le numéro de mars-avril 1962 du Contrat social le compte rendu que M. Paul Barton consacre au récent ouvrage d'Alec Nove : The Soviet Economy. An Introduction, Londres 1961. Selon votre collaborateur, ce livre « offre au lecteur un écrit bâclé », « quelques doctes généralités » parsemées « d'erreurs matérielles difficilement excusables ». Pour finir, il accuse l'auteur d'avoir emprunté à S. Schwarz, sans le citer, l'analyse d'un roman de Panférov. Cette grave insinuation n'est nullement fondée. Nove, qui sait parfaitement le russe, montre, par ses nombreuses références aux œuvres littéraires (cf. op. cit., pp. 163, 187, 235, etc.), qu'il n'a nullement besoin de recourir à des sources secondaires pour les connaître. M. Barton rend un juste hommage à l' Histoire économique de /'U.R.S.S., de S. N. Prokopovicz. Mais pourquoi l'opposer au livre d'Alec Nove dont le titre et le sous-titre indiquent bien qu'il n'a pas l'ambition d'!tre un traité d'histoire ? Il n'est pas possible de tout dire dans une introduction. L'auteur a dft s'en tenir aux problèmes et aux concepts actuels de l'économie soviétique et il les a traités avec beaucoup de compétence et de clarté. Ce souci d'actualité explique aussi le caracœre sélectif de sa bibliographie. Les ouvrages lca plus récents sont cités aux dépens de ceux qui sont déjà vieillis, comme la plupart de ceux dont M. Barton regrette l'omission. La liste bibliographique d'A. Nove recoupe celles qui sont actuellement en usage dans les grandes universités Biblioteca Gino Bianco 251 américaines (cf. Robert Campbell : Soviet Economie Power, Houghton, 1960, pp. 199-205; Frank Holzman : Readings on the Soviet Economy, Rand Mac Nally, 1962). Je note en passant que, sur les 40 textes qui composent ce dernier recueil, le pr Nove vient en tête de tous les auteurs choisis avec cinq extraits, ce qui souligne, beaucoup plus que de longs commentaires, la qualité des travaux de l'auteur. C'est aussi au pr Nove, de la London School of Economies, que l'économiste américain Simon Kuznets, le pr Philip Mosely, directeur des études au Council on Foreign Relations, et Max Millikan, directeur du Centre des études internationales au Massachusetts Institute of Technology, ont eu recours pour lui confier l'étude The Economies of Competitive Coexistence. Soviet Growth and Capabilities (National Planning Association, 1959). C'est pourquoi j'ai éprouvé une certaine gêne à lire sous la plume de M. Barton : « aucune tentative pour évaluer la croissance, etc. ». Je constate aussi que les premières réactions des spécialistes américains non seulement ne confirment pas le caractère essentiellement négatif des jugements portés par M. Barton, mais au contraire soulignent les mérites de The Soviet Economy dans les termes les plus élogieux (cf. Holland Hunter in The Russian Review, avril 1962 ; Foreign Aff airs, n° 2, 1962). Veuillez agréer ... B. Kerblay. Sans anticiper sur une réponse éventuelle de P. Barton, nous observerons seulement que l'argument relatif à la considération dont jouit M. Alec Nove aux EtatsUnis prête à controverse. Amicus Plato, sed magis amica veritas. Quand on a lu, de M. Alec Nove, Communist Economie Strategy : Soviet Growth and Capabilities (Washington 1959), où l'auteur tend à démontrer que « le défi économique soviétique est réel et formidable » (p. 65), ainsi que son Appendix: Reliability of Soviet Statistics, où il fait preuve d'un esprit critique plutôt émoussé devant les statistiques soviétiques, on peut supposer sans parti pris que la confraternité des économistes l'emporte sur l'équité du jugement. Encore M. Nove est-il retenu sur sa pente dangereuse par les observations pertinentes de Naoum Iasny et même par celles de S. Stroumiline. L'article d'A. Aumont, « France et U.R.S.S., Economies comparées», dans notre numéro de mai 1960, et celui d'E. Delimars, <c Statistique et propagande», numéro de janvier 1961, entre autres, montrent combien les statistiques soviétiques recèlent de données fallacieuses et devraient être sujettes à caution. Depuis, des déclarations stupéfiantes de Khrouchtchev et diverses révélations de la presse soviétique elle-même ont singulièrement enrichi le dossier du truquage des statistiques en U.R.S.S. On était donc enclin, au Contrat social, connaissant d'autres travaux de M. Nove, à admettre le bien-fondé des remarques de P. Barton. - N.d.l.R. Livres reçus - ROGBR liBCKBL, s. j. : L~ Chrétien et le pouvoir. Llgitimit, - R,sistance - Insurrection. Paris 1962, Bd. du Centurion, 17s pp. - Pnnuœ JUVIGNY : Contr, les discriminations. Pour l'lgalité devant l'éducation. Unesco 1962, 79 pp.
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