Le Contrat Social - anno VI - n. 4 - lug.-ago. 1962

QUELQUES LWRES révolutionnaire plutôt que leurs méthodes. A des hommes attachés à la démocratie, il peut sembler que les méthodes ont, à certains égards, plus d'importance que la politique. YVES LÉVY. Erratum Dans l'article d'Yves Lévy publié dans notre dernier numéro, Machiavel et Rousseau, p. 167, 2e col., 3e alinéa, 4e ligne, il faut lire : « la conception machiavélienne », et non machiavélique. Un domaine à défricher International Communism. St. Antony's Papers, N° 9, Edited by David Footman. Londres 1960, Chatto & Windus, 151 pp. L'ÉTUDEdu mouvement communiste international ne connaît pas en Occident la même faveur que les autres aspects de ce qu'on appelle abusivement le « marxisme-léninisme » (par exemple l'idéologie communiste, l'histoire et le développement économique de l'Union soviétique, les pays satellites, la Chine, etc.). La plupart des écrits qui lui ont été consacrés ont pour auteurs d'anciens dirigeants - ou d'anciens militants - et, de ce fait, ce sont beaucoup plus des témoignages, des plaidoyers, que des études historiques au plein sens du terme. Au St. Antony's College, fondé en 1950 à Oxford, revient le mérite d'avoir inscrit la question à son programme et d'en avoir fait le thème d'un séminaire avant de publier le présent recueil, composé de six contributions différentes. Dans une telle entreprise, il est toujours difficile de réunir des travaux d'égale qualité. Ici, il convient de souligner l'importance de l'étude de 50 pages que Richard Lowenthal a consacrée à « La bolchévisation de la Ligue Spartacus». Le terme de « bolchévisation » fut introduit officiellement dans le jargon communiste aux environs du ve Congrès (1924), mais le fait remonte à la fondation du Comintern, plus précisément aux fameuses 21 conditions d'admission dont la liste avait été établie au IIe Congrès. C'est cette bolchévisation avant terme que Lowenthal étudie. Elle s'est développée durant la période qui s'étend entre la fondation prématurée - selon une remarque judicieuse de l'auteur - du parti commumste allemand à la fin de 1918, sous l'influence de Karl Radek, l'émissaire de Moscou, jusqu'à l'exclusion du secrétaire du Parti, Paul Uvi, à la suite de l' « action de mars » 1921. Avocat de Rosa Luxembourgpendant la guerre, réfugié en Suisse, Uvi avait connu d'assez près Biblioteca Gino Bianco 249 Lénine. Lorsque celui-ci quitta Berne pour gagner Pétrograd via l'Allemagne, Paul Lévi (alias Paul Hartstein) signa avec neuf autres socialistes internationalistes la déclaration qui constituait une sorte de caution morale au geste de Lénine. Mais si Lévi était un communiste, il n'était pas un bolchévik. Et c'est l'antinomie entre ses idées communistes et les méthodes bolchéviques qui provoqua son expulsion au lendemain de l' « action de mars », expression qui désigne l'un des épisodes les plus marquants de la période léniniste du Comintern. Une mission secrète avait été envoyée par Zinoviev en Allemagne pour y fomenter un mouvement insurrectionnel. Cette mission se compo-. sait de trois révolutionnaires professionnels : deux Hongrois, sans emploi depuis l'écroulement de la Hongrie soviétique, Bela Kun et Joseph Pogany (plus tard connu sous le nom d'emprunt de J. Pepper), et un ancien membre de Poale Zion devenu agent secret du Comintern dans de nombreux pays, Gouralski, qui travailla sous le pseudonyme de Klein en Allemagne et de Lepetit en France. Au milieu du mois de mars 1921, les trois hommes tentèrent d'organiser une insurrection dans quelques régions de l'Allemagne centrale et une grève générale dans le pays tout entier, mais ils échouèrent lamentablement dans l'une et l'autre entreprises. Lévi s'éleva violemment, tant contre cette action condamnée d'avance que contre les méthodes de Moscou qui avait agi sans l'accord préalable du Parti allemand. Il le fit dans une brochure retentissante, qui parut le 12 avril. Le 15, le Comité exécutif du P.C. allemand, où Moscou avait déjà formé, comme le note Lowenthal, une« fraction», l'exclut du Parti. Le 27, le Comité exécutif du Comintern ratifie l'expulsion. Le document, qui porte les signatures de Zinoviev, Lénine, Trotski, Boukharine et Radek, fait état de la priorité de la cc discipline bolchévique» et ne s'embarrasse d'aucune autre considération : «Après avoir pris connaissance de la brochure de Paul Lévi : Unser Weg wider den Putschismus (« Notre voie contre le putschisme »), !'Exécutif de l'Internationale communiste approuve l'exclusion de Paul Lévi du Parti allemand, et par conséquent de l'Internationale. Paul Lévi aurait-il eu largement raison dans son appréciation de l'action de mars, il ne devrait pas moins être exclu pour avoir enfreint d'une façon intolérable la discipline imposée aux membres du Parti et pour avoir attaqué le Parti dans le dos (car son attitude dans la situation actuelle ne peut être caractérisée autrement). » Pour comble de malheur, Lévi avait entièrement raison. Lénine le savait et ne le cachait pas dans les couloirs du 111 8 Congrès. R. Lowenthal soulipe à juste titre que le Comité exécutif du Com1nternn'avait jamais décidé la mission de

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