Le Contrat Social - anno VI - n. 4 - lug.-ago. 1962

DOCUMENTS chements de la Garde rouge en Bessarabie, commandant des coolies chinois - « capitaine Ya Ki-laou » comme l'appelaient avec tendresse les soldats du détachement chinois de Tiraspol, - il devint rapidement commissaire du front sud, membre du conseil militaire révolutionnaire de l'armée, commandant de la fameuse 45e division d'infanterie qui écrivit tant de pages glorieuses dans l'histoire de la lutte victorieuse pour le pouvoir des soviets. ... Je me reporte par le souvenir aux lointaines années de ma jeunesse, aux jours inoubliables des premières années de la guerre civile. Pendant l'automne de 1919, par un jour pluvieux, nous quittâmes Kiev pour monter en ligne contre les gardes-blancs polonais. Je vis Iakir pour la première fois quelques mois plus tard dans le secteur de Letitchev-Bar, pendant la contre-offensive polonaise. Le commandant de la 45e division était un grand jeune homme svelte, la tête couronnée de cheveux noirs comme jais, ondulés, avec une raie sur le côté. Ses yeux ardents, marron foncé, étaient pleins d'audace. Entouré d'un groupe de soldats et d'officiers, il donnait ses ordres avec calme et assurance. ... Dans les dernières années de sa vie, I. E. Iakir commandait les armées de la région militaire d'Ukraine, il était membre du Conseil militaire révolutionnaire de !'U.R.S.S., membre du Comité central et du Politburo du Parti ukrainien, membre du Comité central du P.C. de l'Union soviétique, et il fut élu plusieurs fois au Comité central exécutif de !'U.R.S.S. Comblé de talents par la nature, Iakir était un homme aux connaissances variées. Quand il en eut besoin, il assimila en peu de temps la langue allemande, qu'il parla dès lors couramment. Il lisait des ouvrages militaires en anglais, en français et en italien. Toujours au courant des nouveautés littéraires, il lisait Voltaire et Gœthe dans l'original, aimait les classiques latins et récitait Horace par cœur. Il raffolait de musique symphonique et écoutait avec délices Wagner, Tchai'kovski... Biblioteca Gino Bianco 241 Des légendes se formaient sur le courage et l'intrépidité de Iakir. Maintes fois, il regarda la mort en face, mais pendant un temps le destin l'épargna. En 1937, la vie de l'illustre commandant d'armée fut interrompue. Nikita Serguiéiévitch Khrouchtchev, qui connaissait bien l'intrépide guerrier, a parlé de cela avec colère et amertume à la tribune du X.XIIe Congrès. Jusqu'à son dernier souffle, les pensées de Iakir furent pour le Parti, auquel il croyait inébranlablement avec toute sa raison et tout son cœur : « Chacune de mes paroles est l'expression de la vérité, écrivait-il la veille de sa mort, je mourrai avec des mots d'amour pour le Parti et le pays, avec une foi infinie en la victoire du communisme. » Le peuple n'oubliera jamais les noms de ses fils fidèles. Bien des récits et des livres émouvants seront encore écrits sur l'intrépide commandant d'armée, qui ne connut pas la défaite sur le champ dè bataille. (lzvestia, 6 février 1962) S. BOURDIANSKI. Personne ne connaît les auteurs des deux piètres articles qui précèdent, traduits à titre d'échantillons de la prose dite de « réhabilitation ». Ils auraient signé aussi bien, par ordre, les diffamations éhontées parues dans la presse et les éditions soviétiques de 1937 à 1956 pour déshonorer Toukhatchevski et lakir : à preuve la façon dont ils escamotent les conditions dans lesquelles ont péri les deux « héros » couverts d'opprobre et d'ordures pendant vingt ans par « le Parti» infaillible, omniscient et omnipotent dont ils exaltent la sagesse. Il appert des procédés de « réhabilitation » en usage depuis le XXe Congrès jusqu'aux articles des Izvestia que la vérité n'est pas près d'être dite sur la décapitation de l' Armée rouge : or la vérité, seule, importe ici et nous a guidés dans ce triste rappel des faits et des textes. •

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