Le Contrat Social - anno VI - n. 4 - lug.-ago. 1962

DOCUMENTS Une version tendancieuse de l'affaire, sous la signature « Horst Falkenhagen », a paru dans Die Neue Zeitung du 2 octobre 1948, puis dans Le Front secret, de « Walter Hagen», en 1950, puis dans The Labyrinth, Memoirs of Walter Schellenberg, traduction de « Louis Hagen», en 1956. Cette triple mouture du triple « Hagen », non seulement tendancieuse, mais mensongère, c'est « l'information curieuse» découverte par le bon, le naïf, le libéral Khrouchtchev en 1961. Or la félonie de Skobline avait été révélée dès 1938 par la Deutsche Wehr (numéro du 27 octobre), établissant la collusion du Guépéou et de la Gestapo dans la machination tramée par Staline pour assassiner moralement et physiquement Toukhatchevski et tout l'état-major de l'Armée rouge. Pour plus de détails, se reporter au mémoire de B. Souvarine, pp. 206 à 209 du Contrat social, année 1959, et au livre de W. Krivitski, ch. VII : Pourquoi Staline fit fusiller ses généraux. On ne répète ici que le minimum pour souligner qu'une fois de plus Khrouchtchev a menti en imputant à Hitler une initiative qui appartenait à Staline. Khrouchtchev passe toute mesure dans la duplicité quand il évoque le souvenir de lakir. Il nous oblige à rappeler ses insultes à l'adresse de lakir, citées dans l'article de Lazare Pistrak : Khrouchtchev et les tueries ( cf. notre avant-dernier numéro, p. 89) et parues dans Bilchovik Oukraïny, de Kiev, n° 6 de 1938: Les Iakir, Balitski, Lioubtchenko, Zatonski et autre racaille voulaient ouvrir les portes aux fascistes allemands, aux propriétaires fonciers et aux bourgeois, faire des ouvriers et paysans ukrainiens des esclaves du fascisme, transformer l'Ukraine en une colonie des fascistes polono-allemands. Maintenant, Khrouchtchev s'apitoie sur celui qu'il a traité de « racaille », sur quantité de martyrs militaires ou civils du stalinisme, mais ses larmes de crocodile comme son baiser sur la bouche de Vorochilov ne devraient induire personne en erreur : tout cela n'est, au sens le plus vulgaire, que de la politique, où la vérité ni la justice n'ont que faire. Et de notre dossier improvisé se dégage un enseignement qui vaut pour le néo-stalinisme autant que pour le stalinisme, tous deux fondés sur le mensonge et l'immoralisme, sur la ruse et la violence, tous deux dépourvus d'idéologie comme de principes. Pour compléter ce dossier en l'actualisant, nous y joignons deux récents articles des Izvestia de Moscou, l'un sur Toukhatchevski, l'autre sur Iakir, à comparer aux imprécations ordurières et furibondes de 1937, à l'ordre du jour de Vorochilov, aux déclarations dégoûtantes des partis communistes. A notre connaissance, l'anniversaire de juin 1937 n'a été marqué d'aucune manière dans les pays soumis à l'autoritarisme des héritiers de Staline. Biblioteca Gino Bianco 239 cc Une arme d'or » C'était pendant la guerre civile. Le 28 décembre 1919, le Conseil militaire révolutionnaire de la République publiait l'ordre du jour suivant : « Une arme d'or d'honneur est décernée au camarade M. N. Toukhatchevski, commandant la 5e armée, pour le courage personnel., l'initiative, l'énergie, les qualités d'organisateur et la compétence dont il a fait preuve lors de la marche victorieuse de la vaillante Armée rouge vers l'Est, couronnée par la prise d'Omsk. » C'est ainsi que la patrie socialiste, qui défendait dans le feu de combats sanglants sa liberté et son indépendance, distingua les mérites d'un de ses chefs d'armée légendaire. La vie brève, mais active et belle, de Mikhaû Nicolaïevitch Toukhatchevski fut tout entière consacrée à servir avec abnégation la révolution. ...Pendant l'été de 19.17, un jeune officier russe s'évadait d'un camp.allemand de prisonniers de guerre. C'était sa cinquième tentative d'évasion, cette fois couronnée de succès. L'évadé marcha de nuit, sa cachant le jour dans des meules de foin. Après de longues pérégrinations., il réussit à franchir la frontière suisse et., de là, à rentrer dans sa patrie. La Russie était en ébullition. Le front de l'Ouest où il fut affecté était en pleine débâcle : lès soldats refusaient de se battre. Bientôt., à Pétrograd, le pouvoir passait aux mains des ouvriers. Des transformations révolutionnaires s'opéraient aussi dans les esprits. Le jeune officier se trouva devant le choix : avec le peuple insurgé ou contre lui. Sans hésiter, il choisit la première voie et s'inscrivit au parti bolchévik. C'est ainsi que Mikhaïl Nicolaïévitch Toukhatchevski, ancien sous-lieutenant de l'armée tsariste, devint un commandant rouge. A vingt-quatre ans, le jeune officier, plusieurs fois décoré, avait déjà une grande expérience. Dans l'Armée rouge, ses talents militaires s'épanouirent pleinement. Au printemps de 1918, Toukhatchevski fut envoyé sur le front de l'Est. A proprement parler, il n'y avait pas de front. Seuls opéraient quelques détachements épars. Avec V. V. Kouïbychev, Toukhatchevski était chargé de les rassembler, de rétablir la discipline et de créer la 1re armée. Et en peu de temps l'armée fut créée. Le nom de Toukhatchevski est associé à de nombreuses grandes victoires. En mars 1919, il est nommé commandant de la 5e armée qui devait jouer un rôle éminent dans la défaite de Koltchak. Le Parti envoie le chef plein de talent dans des secteurs difficiles. En 1919, Toukhatchevski dirige l'écrasement des bandes de Dénikine au Caucase du Nord, puis il est nommé commandant des troupes du front occidental et dirige les opérations militaires contre les Polonais. Tout le monde connaît l'héroïque abnégation des soldats de l'Armée rouge lors de la répression de la mutinerie de Cronstadt. Mais peu de gens savent que l'assaut contre la forteresse fut conduit par Mikhaïl Toukhatchevski. La mutinerie réprimée, on le convoque à Moscou, chez iénine. Vladimir Ilitch l'accueille par ces mots : « Je suis content, tr~s content, mon petit. - Oui, mais la première offensive contre Cronstadt a avorté, Vladimir Ilitch. - Elle a avorté, mais elle n'a pas été inutile. Vous avez pu t4ter les forces de rennemi et vous avez bientôt

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