Le Contrat Social - anno VI - n. 4 - lug.-ago. 1962

228 commun des plans d'opérations par le G.Q.G. ·et les commandements des différents fronts, assistés de leurs conseils militaires, permit à l'armée soviétique de remporter toute une suite de victoires, depuis Stalingrad jusqu'à Berlin: Par exemple, en ce qui concerne les opérations dites « de la courbe de Koursk », le général Vatoutine, commandant du front de Voronèje, et N. S. Khrouchtchev, membre du conseil militaire de ce front, qui comprenaient clairement les intentions de l'ennemi, proposèrent le 21 avril 1943 au G.Q.G. d'user d'abord les forces allemandes sur des lignes de résistance préalablement aménagées pour passer ensuite, au moment opportun, à une vigoureuse contre-offensive, afin de défaire complètement l'ennemi. A partir de cette proposition et avec le concours du conseil militaire du front central( ...), le G.Q.G. établit le plan de l'organisation de la défensive dans la courbe de Koursk, contre laquelle se brisa la dernière grande offensive de l'ennemi. Pareille méthode de préparation des opérations, avec le concours actif des commandants de _front et des membres de leurs conseils militaires, pour la plupart membres du Comité central ou dirigeants des organisations du Parti des RépubUques fédérées ou des régions administratives (oblast), limitait l'influence pernicieuse du culte de Staline sur la conduite de la guerre et assurait l'action directe du Parti sur la solution des problèmes stratégiques. Au LENDEMAIN de la victoire sur le IIIe Reich, au milieu des vapeurs de l'encens et des chants à sa louange, Staline prit soin d' écarter toute possibilité de critique en arrangeant à sa façon la « vérité inaltérable de l'histoire » : les conséquences tragiques de ses erreurs furent ou bien présentées comme des événements historiquement inéluctables, ou bien travesties. Ce qui parfois ne laisse pas d'être fort gênant pour la politique du Kremlin et contraire au nouveau programme du Parti : · Certaines_ thèses de Staline, érigées en « découvertes géniales », gênaient sérieusement le développement de la science militaire soviétique et entravaient la solution rationnelle et opportune de maintes questions concernant l'édification militaire. Ainsi, par exemple, de sa thèse, pendant si longtemps imposée à nos écrits militaires, sur la « défense active » et la contre-offensive après le repli nécessaire, présentées comme deux phases presque inéluctables de la lutte armée. Staline avait également proclamé que « les pays agresseurs, en tant que nations qui, longtemps à l'avance, se préparent à la guerre et concentrent leurs efforts dans ce dessein, sont habituellement, et doivent nécessairement être mieux préparés que les nations pacifiques qui n'ont pas d'intérêt à une nouvelle guerre ». La découverte de ces « lois historiques » était indispensable à Staline pour se disculper des erreurs grossières commises à la veille du conflit et dans les premières semaines des combats. Pour les mêmes raisons, et Biblioteca Gino Bianco L'EXPÉRIENCE COMMUNISTE en dépit des réalités, il affirmait que l'occupation de l'Ukraine, de la Biélorussie et des pays Baltes n'avait été possible que parce que Hitler avait préparé une grande armée d'invasion, tandis que !'U.R.S.S. ne disposait, avant l'ouverture des hostilités,« même pas d'une armée suffisante pour couvrir la mobilisation ». En réalité, notre armée de cadre 12 avait suffisamment d'effectifs et de matériel, non seulement pour couvrir la mobilisation, mais pour porter des coups puissants à l'ennemi, dès la zone frontalière. Il eftt suffi pour cela de mettre les troupes sur pied de guerre ... Dans le domaine militaire, le Parti a balayé toutes les conséquences du culte de Staline. Il a, de ce fait, créé les conditions nécessaires pour développer de manière féconde la science militaire et pour résoudre les problèmes complexes et très importants du perfectionnement du potentiel de combat des forces armées. Il a rejeté la thèse erronée et nuisible de Staline, selon laquelle la préparation à la guerre est nécessairement meilleure dans les nations agressives que dans les nations pacifiques. Le Parti, qui lutte pour une paix durable, ne pouvait admettre cette thèse qui revient à accepter le retard militaire permanent de !'U.R.S.S. sur des agresseurs éventuels. Le Parti ne pouvait tolérer la possibilité du retour des événements de 1941. Le rejet de ces deux thèses pernicieuses a permis à Moscou de briguer la première place dans la course mondiale aux armements et d'inscrire dans le nouveau programme le paragraphe suivant: A l'intérieur, l'Union soviétique n'a pas besoin d'armée 13 • Mais puisque subsiste le danger de guerre venant du camp impérialiste, et que le désarmement général et complet n'est pas encore réalisé, le Parti estime nécessaire de maintenir la puissance défensive et le potentiel de combat de ses forces armées à un niveau qui assure la défaite décisive et totale de tout ennemi osant s'attaquer à la patrie soviétique. * )(- )(- ENFIN, dans le dernier article 14 de la série, dont le but évident, à travers les accusations portées contre Staline, est d'exalter le rôle du Parti dans la direction des forces armées, le colonel Matsoulenko s'en prend, comme s'il en était encore besoin, à la·personne du maréchal Joukov. Celui-ci est violemment _accuséde s'être opposé à ce qu'il tenait pour une ingérence du Parti dans l'armée et d'avoir favorisé le culte de sa · propre personnalité. E. DELIMARS. 12. Le système des milices territoriales fut abandonné en 1938. L'armée ne comptait plus, en 1939, que les grandes unités d~ cadre. Cf. G.E.S., 2e éd., t. 50, p. 424. 13. Les troupes du ministère de l'Intérieur et celles du comité à la Sécurité d'Etat, ainsi que les gardes-frontières, ne font pas partie de l'armée. 14. « Au niveau des exigences actuelles », in Etoile rouge, 20 fév. 1962.

RkJQdWJsaXNoZXIy MTExMDY2NQ==