Le Contrat Social - anno VI - n. 4 - lug.-ago. 1962

B. DBLIMARS DANS le deuxième article, « Le Parti est l' organisateur de la grande victoire», le général-major, professeur E. A. Boltine, est chargé de démontrer qu'il est erroné d'attribuer à un seul homme les victoires remportées pendant la dernière guerre: Les décisions historiques du XXIIe Congrès nous obligent à reconsidérer beaucoup d'événements du passé et à revenir sur l'analyse et l'évaluation de plusieurs phénomènes de la dernière guerre... Une large interprétation marxiste-léniniste et un exposé en profondeur du rôle organisateur et directeur du Parti au cours de la grande guerre patriotique demeurent une tâche importante des travailleurs du domaine historique et doctrinal (Etoile rouge, 16 fév. 1962). L'auteur, en bon historien communiste toujours prêt à se conformer à la dernière version de la « vérité inaltérable de l'histoire », verse de nouvelles pièces au dossier : Le culte de la perSonnalité avait fait naître chez beaucoup de travailleurs du Parti l'habitude d'attendre les ordres et directives, les avait déshabitués de penser et d'agir par eux-mêmes. Or, dans les premiers jours de la guerre, Staline, complètement désemparé, négligea la direction pratique du Comité central, de son appareil et des services du Parti sur le terrain. Dans ces conditions, le Parti, semble-t-il, risquait d'être en retard sur les événements et de perdre dans une situation exceptionnellement grave l'indispensable contact avec les masses (imd.). Oubliant la stupeur et le désarroi dans lesquels furent plongés pendant les deux premières semaines de la guerre non seulement Staline, mais les autres grands dignitaires du Parti, Boltine affirme : Le Parti, fidèle à l'enseignement du grand Lénine( ...), se mit dès les premiers jours à la tête des forces armées soviétiques et souleva le peuple dans la guerre sainte pour la défense de la patrie contre les agresseurs fascistes... Armé de la doctrine immortelle de Unine, le Parti devint aussitôt l'animateur et l'organisateur de la lutte du peuple tout entier contre un ennemi puissant et perfide... (ibid.) A lire cette affirmation péremptoire, on a l'impression que le Parti, entité mystique, a pendant quelque temt>s agi spontanément, sans contact avec ses dirigeants, avec sagesse et décision 11éanmoins,car Staline et consorts ne sortirent de leur prostration qu'une semaine après l'attaque allemande et n'organisèrent le haut commandement qu'au bout de deux semaines : ce n'est que le 10 juillet 1941 que fut organisé le G.Q.G. du commandement suprême 11 • 11. Cc G.Q.G. mit composé de Staline, Molotov, des mar~cham Timochenko, Vorochilov, Boudienny, Chapochnikov et du gmml d'arm~ Joukov, chef d'mt-major gm&tl. Ledit G.Q.G. organisa à la meme date trois hauts commandements (dits napravliblila, cc qui correspond aux groupes d'armûs) : groupe Nord-Ouest (commandant Biblioteca Gino Bianco 227 Avant quoi, les opérations défensives des unités soviétiques ressemblaient beaucoup aux mouvements spasmodiques d'une volaille décapitée par un cuisinier maladroit. Ce n'est pas Staline, mais le Parti tout entier, avec le Comité central à sa tête, qui fut l'organisateur et l'inspirateur des victoires de l'armée soviétique. Ce n'est pas la « direction géniale» d'un seul homme, mais la sagesse et la volonté collective de plusieurs chefs, officiers et travailleurs politiques, qui dictèrent les plans stratégiques et tactiques et les réalisèrent. Malgré cela, le culte de Staline continua d'exercer sa funeste influence sur les opérations militaires : Convaincu de son infaillibilité, Staline rejetait souvent brutalement les propositions raisonnables et justifiées par la situation réelle sur les lieux, soumises à lui par les commandants des fronts et les membres des conseils militaires. Il ne tenait aucun compte de leurs avis, de la valeur de leur argumentation. Le général Boltine illustre ces méfaits par quelques exemples dont certains figuraient déjà dans le « rapport secret » : Le conseil militaire du groupe Sud-Ouest avait demandé à Staline, en septembre 1941, l'autorisation de replier les unités qui se trouvaient dans une situation extrêmement difficile à l'intérieur du saillant de Kiev. Staline, qui ne comprenait pas la situation, avait catégoriquement refusé et n'avait rien fait pour prévenir la catastrophe qui se préparait : plusieurs armées furent encerclées et subirent de très lourdes pertes. Le commandant du front de Kiev, général-colonel M. R. Karponos, y fut mortellement blessé; son chef d'état-major, général-major V. I. Toupikov, fut tué, ainsi que le membre du conseil militaire de ce front, M. A. Bourmistrenko, secrétaire du C. C. du P. C. d'Ukraine. Tout cela aurait pu être évité si Staline et son G.Q.G. avaient accepté la demande du conseil militaire du groupement Sud-Ouest. On sait aussi qu'en mai-juin 1942 l'offensive de nos troupes contre Kharkov s'est soldée par un échec, dû surtout au fait que Staline refusa, comme le demandait le conseil militaire du front Sud-Ouest (membre du conseil N. S. Khrouchtchev) d'arrêter immédiatement les attaques en direction de cette ville. Ainsi l'entêtement stupide de Staline qui, dans les deux cas, avait refusé de suivre les sages avis de Khrouchtchev, se solda par deux défaites sanglantes et des pertes énormes. Au contraire, le Parti, en contrebalançant l'action nuisible du commandant en chef et en imposant, à partir de fin 1942, l'élaboration en Vorochilov, membre du conseil militaire A. A. Jdanov); groupe Ount (commandant Timochenko, membre du conseil militaire N. A. Boulganine, encore civil à l'lpoque); groupe Sud-Ouest (commandant Boudienny, membre du conseil militaire N. S. Khrouchtchev). Le 19 juillet 1941, Staline fut nomm~ commi sairc du peuple à la Offense et le 7 aoOt il devint, en outre, commandant en chef des forces arm« .

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