204 attention particulière doit être accordée à l'his- . toire des nations du bassin du Congo, aux :tapports des Arabes avec l'Afrique orientale du xe au XVIII8 siècle, à l'histoire de la République du Soudan et à l'histoire contemporaine de l'Afrique~ D'autres thèmes particuliers seront traités au cours du plan de six ans. Un groupe important étudiera le colonialisme et son histoire du x1xe siècle à nos jours, en mettant l'accent sur la « lutte des Africains contre l'expansion impérialiste». On étudiera les guerres zoulous et la résistance à la pénétration française. D'autres études seront consacrées au développement économique des nouveaux Etats, aux processus socio-économiques dans la société africaine, aux traditions paysannes, à la question agraire, à la population des villes de l'Afrique tropicale, à la condition ouvrière et au mouvement ouvrier. Enfin, un effort spécial sera fait du côté des problèmes ethniques, afin de jeter les bases d'une « politique des nationalités correcte ». L'Institut entend maintenir des contacts étroits avec les autres centres soviétiques adonnés à des activités connexes dans le domaine des sciences sociales, de la biologie, de la géologie et de l'agriculture. De plus, ce qui est capital, elle entend favoriser des voyages sur le terrain, voyages effectués par des étudiants isolés aussi bien que par des expéditions scientifiques complexes. Déjà, des élèves avancés ont l'occasion de faire de brefs séjours en Afrique. De toute évidence, les africanistes sont conscients que seule l'observation directe peut prévenir les erreurs de jugement auxquelles les avaient conduits dans le passé des hypothèses fondées bien plus sur leur propre idéologie que sur les réalités de la vie africaine elle-même. Optique historique L'ACCENTmis, à l'Institut africain, sur les études historiques, est conforme à l'orientation politique bien définie de l'africanologie soviétique. Sa tâche principale est d'attaquer le« colonialisme » occidental, de dénoncer le « néo-colonialisme » et de montrer le passé des nations africaines sous un jour nouveau et plus séduisant, cela en récrivant l'œuvre. des historiens « bour- . geo1s». On développe le premier de ces thèmes en soulignant qu'en Afrique le progrès fut extrêmement lent sous la tutelle occidentale. Sous la rubrique « néo-colonialisme», toutes les formes d'aide économique et d'assistance technique 9 , tous les liens politiques. et militaires avec l'Occident sont dénoncés cemme autant de machinations impérialistesipréjudiciables aux intérêts des Afri9. Cf. intervention de V. A. Serguiéiev, représentant de PU.R.S.S. à la première session de la Commission des Nations Uniesfpour le développement industriel (29 mars 1~61), Mission soviétique à l'O.N,U., çi9ÇUQ1epin° 1~-16, Biblioteca Gino Bianeo LE CONTRAT SOCIAL cains. Contrairement aux deux premiers thèmes, cultivé~ par la propagande soviétique dans toutes les parties du monde sous-développé, le troisième ne s'adresse qu'à l'Afrique. Les africanistes soviétiques soutiennent ~ue l'érudition occidentale rabaisse l'histoire de 1 Afrique en la limitant pratiquement à la période qui commence avec l'établissement colonial et en ignorant d'anciens foyers de civilisation tels que la vallée de la rivière Not au nord du Nigeria (au cours du . premier millénaire avant J .-C.), ainsi que l'histoire de la Nubie, de Maroe, d'Axum, du Ghana, du Mali, de l'Imverena, de l'Angola, du Songhaï, du Monomotapa, du Bornou, du Kânem, du Congo, du Bénin et des territoires hausa et yorouba. L'historiographie soviétique se donne pour mission de ramener au jour les mérites du passé africain et de rendre par là aux Africains fierté patriotique et foi dans l'avenir. Certes, il est peu contestable que l'histoire ancienne de l'Afrique ait été négligée, que ce soit en Occident, en U.R.S.S. ou en Afrique même10 • Mais il est faux de prétendre que les historiens occidentaux « cherchent à cacher» le passé africain, ainsi que le prouvent les travaux des africanistes soviétiques eux-mêmes, lesquels se sentent invariablement tenus de se référer aux sources publiées par les savants occidentaux, et cela dans leurs écrits les plus récents concernant l'histoire africaine précoloniale 11 • En accusant les Occidentaux de systématiquement tirer le voile sur l'histoire de l'Afrique, les propagandistes soviétiques ne font qu'essayer de tourner à leur propre avàntage politique la légitime consternation de nombreux Africains avisés devant l'ignorance où nous nous trouvons d'une grande partie de l'histoire du continent avant la colonisation 12 • . Qui plus est, il est peu probable que les travaux soviétiques rendent compte de manière impartiale de la complexité des conditions sociales, culturelles et économiques de l'Afrique, lesquelles, dans le meilleur des cas, sont si difficiles à exprimer dans le vocabulaire familier aux Occidentaux (et aussi aux Soviétiques). Le plan de six ans de l'Institut africain traduit clairement la nature tendancieuse de l'africanologie soviétique et l'on ne voit pas bien comment les spécialistes pourraient éviter de réduire leurs découvertes aux trompeuses simplifications de la 10. Le réveil politique de l'Afrique après la ·deuxième guerre mondiale a redonné une vie intense aux études africaines en Occident. En témoignent la publication, ces dernières années, de nombreux ouvrages ainsi que la parution de nouvelles revues spécialisées, la dernière en date étant le Journal of ~frican History, trimestriel édité par Cambridge University Press. 11. Cf. par ex. G. G. Diligenski : « Villes d'Afrique du Nord au IV8 siècle», in Courrier de l'histoire ancienne, 1959, n° 3, pp. 74-100. 12. Cf. les discours prononcés à l'assemblée générale des Nations Unies par M. Aw, délégué du Mali, et par M. Dosamu-Johnson, délégué du Libéria (ass. gén. de l'O.N.U. 1 P9CUl1lentprovisoire A/pv. 9311 1er déc. 1960).
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