-176 .Les premiers cherchaient à éviter les persécutions directes ; les seconds, désireux de rétablir l'ordre et la situation économique, voulaient réaliser le fameux «bloc des communistes et des sansparti » destiné à donner l'illusion du ralliement unanime de toute la population au régime : L'attitude des dirigeants de l'Eglise orthodoxe et des autres organisations religieuses à l'égard du pouvoir soviétique s'est profondément modifiée au cours de l'évolution de la société socialiste. Le soutien direct qu'ils accordaient aux forces contre-révolutionnaires pendant la révolution d'Octobre, durant la guerre civile et dans les premières années de l'édification du socialisme, a fait place progressivement au loyalisme envers le pouvoir des soviets. Ce changement commença entre 1925 et 1930 et s'acheva pour l'essentiel pendant la grande guerre patriotique 2 • C'est ainsi que les communistes présentent actuellement la série de leurs concessions : suppression de la Société des athées militants, dont les membres troublaient fréquemment les services du culte et maltraitaient les fidèles ; respect apparent des convictions religieuses de chacun, dont la liberté nominale fut inscrite dans la Constitution de 1936; large tolérance accordée aux communautés religieuses « enregistrées »qui aboutit à une entente avec le patriarche orthodoxe de Moscou et avec les chefs des communautés islamique, bouddhiste, etc., lesquelles furent autorisées à ouvrir quelques séminaires, médersas et autres écoles pour les adultes et à faire paraître quelques publications. L'échec des persécutions· directes avait imposé au Parti une politique plus souple et plus adroite. Ne pouvant détruire« l'ennemi», il fallait l'apprivoiser, voire se servir de lui sur le plan internat~onal, tout en s'efforçant de le saper de l'intérieur: Actuellement, en U.R.S.S., existent des vestiges de diverses religions : christianisme, islamisme, bouddhisme-lamaïsme, judaïsme. L'Eglise orthodoxe russe est l'organisation religieuse la plus importante de notre pays. Les sectes sont également très répandues, surtout la plus importante d'entre elles: les chrétiens évangélistes baptistes. La plupart des organisations religieuses, à l'exception de quelques personnalités ecclésiastiques et de certaines sectes, sont loyales envers le pouvoir des soviets(ibid.). Retenons l'aveu de l'hostilité résolue de certaines personnalités et de plusieurs sectes envers le régime. Il s'agit surtout des «témoins de Jéhovah», des «adventistes du septième jour», etc., sectes en majorité d'origine et d'obédience américaines. Proscrites et traquées, elles déploient une activité clandestine intense et parviennent souvent . à convertir les orthodoxes hésitants qui se détachent de leur église, redevenue une institution au ser2. E. F. Mouraviev et I. V. Dmitriev : « La méthode concrète dans l'étude et la liquidation des survivances de la religion », in Questions de philosophie, mars 1961, n° 3, pp. 63-73. Biblioteca· Gino Bianco L'EXPÉRIENCE COMMUNISTE vice de l'Etat, tout comme elle l'était sous les tsars depuis Pierre le Grand. Malgré arrestations, condamnations et déportations, ces sectes continuent d'inquiéter les autorités par leur opiniâtreté et leur prosélytisme. Leur travail clandestin s'inspire très souvent des méthodes jadis mises au point par les bolchéviks eux-mêmes dans leur lutte contre la police tsariste. L'activité de ces sectes mériterait à elle seule une étude spéciale. POURQUOI ces vestiges, et pourquoi la majorité de la population y tient-elle toujours ? La diffusion de l'athéisme parmi les travailleurs de !'U.R.S.S. était avant guerre parfois surestimée par notre presse. Certes, de grands succès avaient été obtenus quant à l'abandon de la religion par les masses. Mais leur importance avait été exagérée, et ils n'avaient pas été consolidés. Pendant et après la guerre, leur fragilité a parfois provoqué des retours à la religion ... Les épreuves douloureuses apportées par la grande guerre patriotique eurent une influence carrément néfaste sur l'évolution des masses vers l'athéisme. La perte de parents et de personnes aimées, les souffrances et les chagrins de millions d'être humains ne pouvaient pas ne pas provoquer chez une partie des travailleurs un retour à la religion, ne pas faire naître chez eux le recours aux forces surnaturelles. Dans l'après-guerre, une recrudescence de la mentalité croyante et des préjugés religieux fut observée chez une partie des travailleurs. L'intensification de l'activité des croyants et l'affaiblissement de la propagande athéiste ont entraîné, dans certaines régions, un accroissement relativement important des sectes. Les nouveaux convertis venaient surtout des communautés orthodoxes ou de la masse des incroyants hésitants. Ce_processus fut intensifié par l'influence du camp capitaliste (ibid.) . C'est bien moins par les émissions de la « Voix . de l'Amérique », d' cc Europe libre » et autres émetteurs à destination de l'Est, que le monde cc capitaliste » exerça alors son influence, que par l'inclusion dans la population soviétique de plusieurs millions d'hommes, habitants des pays annexés par !'U.R.S.S. pendant et après la deuxième guerre mondiale, en immense majorité profondément croyants et non encore touchés par la propagande athéiste : La religion est encore puissante parmi les populations de la Moldavie, de l'Ukraine occidentale, de la Russie occidentale et des trois Républiques baltes. Le clergé réactionnaire s'efforce par tous les moyens d'y maintenir les préjugés nationalistes et religieux (ibid.). L'ampleur de cette renaissance du sentiment religieux est particulièrement pénible pour le Parti lorsque ce dernier la constate non seulement chez les paysans, mais aussi chez les ouvriers de l'industrie et parmi la jeunesse estudiantine, c'està-dire dans des milieux particulièrement visés par la propagande athéiste., Plusieurs ouvriers d'une usine des environs de Moscou prennent activement part depuis quelque temps aux f,
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