138 - l'immense majorité des paysans pauvres et moyens, ainsi que des ouvriers agricoles. Les koulaks une fois éliminés, le mouvement des kolkhozes fut lancé avec succès. L'inté~êt de l'article ne réside naturellement pas dans la répétition de ces thèses éculées, m~s dans les détails fournis sur les mesures effectivement prises pour débarrasser la Basse-Volga des éléments koulaks. La campagne se fit en.d~ux temps : tout d'abord, mesures contre ceux qw s opposaient à la collecte, puis attaque gé~é~ale, apr~s 9'!e Staline eut, au début de 1930, exige qu on hqwdât les koulaks en tant que classe. Sur la première phase, dont la ri~eur av~i! ~té parfois oubliée, l'auteur cite des chiffres d ou il ressort que 3.100 koulaks furent exilés dans un seul district, que le G?épéou « déc?uvrit_» et . « liquida » 32 organisations contre-revolutionnaires et 191 groupes de koulaks comptant 3.000 membres dans tout le territoire. La seconde phase de la campagne est décrite en détail : organisation, dispositions pour dresser la liste des biens appartenant aux koulaks, r~partition de ces derniers en quatre groupes, swvant le degré de danger qu'ils représ_entaie~t Pf Ur le régime. Les plus dangereux étaient «isoles» et envoyés en Kontslager : 1~ mot cru, , « ~amp de concentration », est employe sans euphemisme. Le second groupe était exilé« dans les ray~ .d. u Nor~, en Sibérie et au Kazakhstan ». La troisieme categorie était déposséd~e de ses terres et transférée en des endroits moms favorables ; la quatnème était autorisée à demeurer sur place. De nouveau, des chiffres, quoique incom~lets, sont cités pour chaque catégorie. Comme s il_ était conscient. de l'impression que tout cela risque de prodwre, l'auteur s'empresse de rappeler au lecteur que le gouvernement soviétique était humain : il semble que tous les wagons qui emmenaient les koula~s en exil « étaient chauffés». L'auteur admet qu'il y eut des « excès », que des paysans .moy~~s furent classés à tort comme koulaks parce qu ils étaient hostiles à la collectivisation, mais il s'empresse d'ajouter que ce n'était nullement 1~~ègle et que la plupart des « excès » furent comges. Ayant travaillé sur les archives de Smolensk qui contiennent des documents du même genre, nous pouvons témoigner qu'une bo~e parti~ de ce~ article est sans conteste authentique. Mais ce qw est encore plus frappant, c'est ce qu'il ne dit pas et la manière dont les matériaux sont agencés pour s'adapte! à un plan pr~conçu. On cherche en vain les citations ayant trait a~ abondW?,tSrapports du Guépéou sur l'opposition massiv~ ~ la collectivisation, et l'on s'étonne de la capacite de l'auteur à gauchir les faits. * ,,. ,,. DEUXIÈME XEMPLE: l'article de F.M. Vaganov sur « La déroute de la déviation de droite dans le P. C. (1928-1930) », paru dans Questionsd'histoire du P. C. de l'Union soviétique (1960, n° 4). Biblioteca Gino Bianco LE CONTRAT SOCIAL L'article présente un intérêt particulier car nous sommes mal documentés sur les activités de l'opposition de droite, contrairement à ~ell~ de gauche; l'auteur a pu, cela ressort des ci~attons, travailler aux archives centrales du Parti. Une fois de plus, comme on pouvait s'y attendr~, la ligne politique suit un sillon bien tracé. Au debut et à la fin, . citations de Khrouchtchev cond9:11lllant les déviationnistes de droite et démonstration du fait qu'ils avaient rompu ave~ le lé~sme,. q~'ils menaçaient l'unité du Parti, q? i~s fremaient l'industrialisation, qu'ils sympathisaient ~vec les koulaks. Mais, dispersées à travers l'a~cie, on découvre des citations de documents qw Jettent une lumière nouvelle sur l'histoire du Parti pendant cette période. Ainsi d'une référence curieuse à l'épuration de la Pravda yers la fin de_ 19_28,à l'issue de laquelle Bo1;1kbaru:?e-te ses principa~x partisans furent chasses du Journal et remplaces par B. M. laroslavski et !VI· A. Sav~li,oven, tant .. que représentants de Staline au C?mtte de redaction. 11 y est longuement question de la l~tte pour la mainmise sur l'organisation du Parti à Moscou, où le premier secrétaire, Ouglanov, et plusieurs secrétaires de raikom firent cause commune avec la droite. L'auteur s'emploie à démontrer avec citations des discours, que Vorochilov et Kalinine, loin de sympathiser avec les ru:oitiers, ont en réalité soutenu fermement Staline au plénum du Comité central. et de la Com~ission centrale de contrôle en avril 1929. La version de F. M. Vaganov est naturellement loin de rep~ésenter la vérité intégrale, mais elle aide à se faire une idée plus exacte de l'affaire. Pareils articles pourraient être cités à la douzaine. Leur trait commun est une orthodoxie fondamentale, combinée avec une plus grande richesse de détails et, à tout le moins, un semblant d'appareil scientifique. 11 faut ajouter que la recherche ne se fait pas encore sentir au niveau des manuels : les plus récentes histoires élémentaires de la période post-révolutionnaire ont un caractère schématique et stéréotypé qui va rarement au-delà des résumés de statistiques et des recueils des plus importants décrets du Parti et du gouvernement. RESTE A VOIR comment ceux à qui le Parti a confié la responsabilité du travail « sur le . front de l'histoire» apprécient l'état présent de l'historiographie soviétique. Les revues donnent de temps en temps l'avertissement suivant : l'histoire ne doit pas dégénérer en « factologie », la propagation du marxisme-léninisme doit prendre le pas sur le souci professionnel qui consiste à découvrir des faits. Le décret du Comité central du 9 janvier 1960 : « Des tâches de la propagande du Parti dans les conditions actuelles », est encore plus explicite : Le Comité central du Parti est conscient de la grande importance et du rôle positif des sciences sociales et de leurs spécialistes pour élaborer et populariser la
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