Le Contrat Social - anno VI - n. 2 - mar.-apr. 1962

LE CONTRAT SOCIAL Abd Allah Philby), l'auteur résume : « Sur les sep_tEtats fon~ate~~ d_ela Ligue en 194 5, trois étaient occupes militairement par la GrandeBretagne, à savoir l'Egypte, l'Irak et la Transjordanie ; deux autres, la Syrie et le Liban, avaient hypothéqué leur indépendance à Londres ; un autre encore, l'Arabie séoudite, était soumis à l'influence occulte d'un Anglais converti à l'islam Ab~ ~~ Philby; et le septième, le Yémen: avait cede au chantage de Londres qui menaçait de lancer sur lui les troupes séoudites. » Ces réalités prosaïques donnent la mesure du crédit que mérite la littérature européenne répandue pour exalter la pseudo-nation arabe et «l'âme» arabe. Six mois après la signature du Pacte, l'émir de Transjordanie proclamait qu'il n'existe « ni une grande ni une petite Syrie, mais une seule Syrie » s!tuée e~tre la Turquie, l'I~ak et le Hedjaz, c est-à-dire englobant la Syrie, le Liban et la Palestine, avec l'émir de Transjordanie à sa tête. Les querelles intestines commencent alors pour ne _plus finir, le ~iban r~git avec vigueur, la ~yne proteste aupres de la Ligue et la presse égyptienne prend à partie l'émir trop ambitieux et bavard (septembre-octobre 1945). A partir de cette première alerte, si l'on compulse la documentatio~ rela~ve. à la Li~ue, il faut c_onstaterque la rubrique s 1nt1tuletouJours « la cnse de la Ligue arabe». Cette Ligue, « qui devait en principe unir les Arabes, aura été au cours des seize dernières années le théâtre de la discorde et l'instrument de l'impérialisme, qui se servira, pour la réalisation de ses projets, tour à tour de tel ou tel Etat membre », écrit Al_ Moezz. Elle n'a jamais pu surmonter les rivalités nationales de ses membres, le seul dénominateur commun entre eux étant négatif, une haine mortelle et inexpiable envers le petit Etat d'IsraëL Quand fut votée aux Nations Unies, à la fin de 1947, le partage de la Palestine, et que l'Angleterre ~onça sa ?écision d'évacuer la région le 15 mat 1948, la Ligue crut le moment venu d'intervenir et, par les radios du Caire et de Bagdad, lança son appel délirant du 14 mai : « Frères de Palestine, qwttez provisoirement le pays, où vous retournerez après que nous aurons purifié notre saint territoire en écrasant la vermine juive. Ce sera une guerre d'extermination et un massacre général dont on parlera comme des massacres des Mongols et ceux des Croisés.» Il s'ensuivit un grand exode ainsi que ce permanent et faux « l?roblème des réfugiés arabes » que la Ligue ,a som de perpétuer en s'opposant à toute solution conciliante proposée par les Nations Unies, tandis que la pseudo-nation arabe refuse fraternellement d'intégrer les frères en détresse, dupes malheureuses des provocations de démagogues Biblioteca Gino Bianco 127 sans conscience. Sur cette sinistre histoire et ses conséquences tragiques, il faut lire l'étude si bien documentée et probante de Jean Havet : Les « réfugiés » palestiniens, carte de l'arabisme 4 • (1. dater de 195?, la ~ie de la Ligue n'est qu'une swte de luttes 1ntest1nes, de conflits sordides de déchirements, de ruptures et de réconciliation~ trompeuses : « _Les procès-verba~ 1e la Ligue comptent parmi les partants prov1so1res- rien dans cet organisme, sauf la discorde, n'étant ~ermane~t - la Jordani~. avec trois départs, 1 Irak trois fugues, la Tunts1e une fuite, l'Arabie ~éo_uditedeux escarmouches, la Syrie une longue eclipse, le Soudan un abandon, le Yémen deux boycottages, la Libye une brouille, le Maroc une tension. » Seule présence constante, celle de l'Egypte, car ses dirigeants se trouvent à l'origine de toutes les crises. Les affaires de la Ligue sont aussi les affaires de l'Occident, les unes et les autres étant inextricablement mêlées, outre qu'elles se compliquent de .l?a.rl'immixtion croi~sante de l'impérialisme sov1et1queau Proche-Orient. Il va de soi que livrée à elle-même, la Ligue épuiserait vite se~ possibilités de nuire. Mais «mise au service d'un satrape aujourd'hui déchu [Farouk], puis devenue le jouet de son successeur Nasser», elle orchestre les cris de guerre du «Tartarin de !'arabisme» dont l'esprit d'aventure est stimulé par les nazis !éf~giés au Caire et_pa~les conseillers soviétiques mseparables des livraisons d'armes consenties par Moscou en échange de l'appui que Nasser donne à la politique extérieure communiste dans la guerre froide. La présence de disciples d'Hitler et de Staline au centre du «panarabisme » suffit à caractériser l'orientation et l'action de la Ligue. « Tel est le spectacle qu'offre la confrérie arabe née de l'imagination d'un aventurier à l'esprit malade et au comportement bizarre, le colonel Lawrence qui, de son vivant, s'était déjà forgé une légende, amplifiée après sa mort par des auteurs avides de sensations à bon marché » écrit Al Moezz qui dénonce le racisme, l'obscu~ rantisme et le fanatisme mis au service d'ambitions insensées. Quant aux peuples arabes ou arabi~és, ils, sont «_les~ternels exploités, dupes du mirage d un nationalisme exacerbé par la propagande que mènent à grands frais les techniciens n~is de la Ligue, et victimes d'une démagogie am _leur promet la con~uê_tede l'Afrique et de 1 !1-51epar le pharaon nilotique ... » On aura inév~tablement à reparler de la combinaison explosive de pseudo-communisme, de néo-nazisme et d'arabisme qui tient lieu de politique à la Ligue. 4. Editée comme la précédente par le Comité d' Action de Défense démocratique, Paris, septembre 196o.

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