D. L. MORISON conservation par le froid, un institut polytechnique pour 1.500 étudiants et un stade de 25.000 places à Conakry ; à faire la prospection des diamants et de l'or et à fournir du matériel minier ; à organiser une ferme d'Etat pour la culture du riz, des laiteries et à en fournir l'outillage ; à reconstruire l'aérodrome de Conakry et le tronçon de voie ferrée Conakry-Mamou; à assurer la mécanisation du port de Conakry 20 • A titre de cadeau (caractéristique de l'aide soviétique aux pays africains favorisés), la Guinée recevra de l'équipement pour la ferme de riz et pour la station de radio de Conakry. Lors de la deuxième visite de Sekou Touré à Moscou en septembre 1960, le gouvernement soviétique accepta également de participer à la construction de centrales hydroélectriques sur le fleuve Konkouré. Le Ghana signa en août 1960 un accord portant sur un prêt de 160 millions de roubles et sur une coopération économique et technique 21 • A Bui, sur la haute Volta, les ingénieurs soviétiques doivent construire un barrage et une usine hydro-électrique qui, suivant leurs calculs, devrait avoir une capacité égale au double de la production actuelle de toutes les centrales électriques du pays. Par un accord signé en février 1961, les Soviétiques monteront un réacteur atomique. Le Mali a conclu avec !'U.R.S.S. un accord de coopération économique et technique en mars 1961; un prêt de 40 millions de roubles servira à la prospection minière, à améliorer la navigation sur le Niger, à étudier la construction d'une voie ferrée, à édifier un stade à Bamako et un centre de formation technique 22 • La Somalie, par un accord de juin 1961, recevra un prêt de 40 millions de roubles, un crédit commercial de 7 millions de roubles sur cinq ans et une aide gratuite pour la construction de deux hôpitaux, d'une école secondaire, d'une imprimerie et de deux stations de radio. Le gouvernement soviétique, à ses propres frais, enverra en République de Somalie un groupe de docteurs et d'instituteurs et aidera à la formation du personnel médical somalien en U.R.S.S.23 • Outre les accords avec les pays ci-dessus, l'Union soviétique a passé des accords commerciaux avec le Maroc, la Tunisie, la Libye, le Soudan et le Togo. Tout cela, pour Moscou, n'est qu'un commencement. A la troisième session de la commission économique de l'O.N.U. pour l'Afrique tenue à Addis-Abéba en février 1961, V. S. Semionov, vice-ministre des Affairesétrangères de !'U.R.S.S., affirma que si les sommes englouties par les armements pouvaient être consacrées au dévelop20. Commerce extirieur, 1959, n° 10, p. 42. 21. lzvestia, 30 aoOt 1960 ; Journal officiel, 1961, n° 30 (1065), 27 juin. 22. Commerce ext,rieur, 1961, n° 4, p. 22. 23. Ibid., 1961, n° 7, suppl~ment, pp. 8-10. Biblioteca Gino Bianco 77 pement de l'Afrique, cette dernière « pourrait rapidement rattraper l'Europe». Vers 1965, dit-il, la moitié de la production industrielle du monde entier proviendra de l'Union soviétique et des autres pays socialistes, et, comme « Khrouchtchev l'a souligné (...) le développement de notre économie s'accompagnera d'une coopération toujours accrue avec les pays d'Afrique ». Dans le domaine économique, aussi bien que sur le plan de l'idéologie, la Russie voit loin dans sa politique africaine. Relations politiques et culturelles DES RELATIONpSolitiques amicales sont la plupart du temps une conséquence de l'association économique, comme le prouvent les contacts personnels entre les chefs d'Etat des pays recevant une aide économique de !'U.R.S.S. et les dirigeants soviétiques. Parmi les jeunes Etats africains anglophones, la Nigeria se tient encore plutôt à l'écart; la presse soviétique, devant le retard mis à établir des relations diplomatiques, a suggéré aux dirigeants nigériens de « tenir compte de la voix des masses» 24 • Néanmoins, à la suite de la visite à Moscou d'une mission économique nigérienne en juin 1961, il fut décidé de conclure sous peu des accords économiques et culturels entre les deux pays. En Afrique du Nord, l'Union soviétique se heurte à de forts mouvements nationalistes qui tiennent les communistes à distance. L'interdiction du P. C. marocain ne semble pas avoir fait obstacle au développement de l'amitié soviétornarocaine sur le plan international. Mais ces rapports amicaux n'empêchent pas les commentateurs soviétiques de soutenir la cause des travailleurs marocains, « dont la situation s'est sensiblement détériorée depuis l'indépendance » 25 • Les ouvertures faites par Tunis à !'U.R.S.S. après le conflit de Bizerte n'ont pas eu jusqu'à présent pour résultat de modifier sérieusement l'opinion de Moscou sur le caractère du régime du président Bourguiba. En ce qui concernr; l'Algérie, le gouvernement soviétique a reconnu de facto le G.P.R.A. qui s'est refusé à une alliance de « front national» avec les communistes ; cependant, l'Union soviétique accorde chez elle une large publicité aux déclarations politiques du P.C. algérien et du P.C. français. La solidarité avec ceux-ci ainsi qu'avec les gouvernements, arabes et autres, qui soutiennent la cause des rebelles, semble laisser à la politique soviétique peu de place pour manœuvrer sur le problème algérien : en effet, les Soviétiques sont probablement soucieux de maintenir cette solidarité sur une base aussi lar_;eque possible et de ne pas lui faire de tort par une définition trop précise des buts de chacun 24. Pravda, 16 nov. 1960. 25. Troud, 15 et 19 juillet 1961.
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