36 · ~u point de rendre nécessaire une réforme radicale : le 3 octobre 1932, le gouvernement supprimait les combinats pour créer à leur place ... des administrations centrales (A. Arakelian : op. cit., pp. 70-71 et 73-74). Autre exemple : avec l'abolition, à partir de 1934, du labyrinthe des bureaux fonctionnels, s'ouvrit le règne absolu du principe du chef ( iédinonatchalié) qui, plutôt que d'assurer une direction intelligente de la production, facilite l'ingérence de la police dans l'industrie. Autant l'ère des bureaux fonctionnels avait dispersé les responsabilités, autant les nouvelles directives firent assumer à chaque membre des cadres dirigeants de l'industrie une responsabilité excessive eu égard à son autorité réelle. Du même coup, chaque défaillance de la production exposait ces hommes aux soupçons et aux accusations ; le terrain était préparé pour la répression qui, une fois de plus, allait ébranler l'administration économique. Ce ne fut donc pas une rationalisation de ses structures et de ses méthodes qui permit à l'industrie de renouer avec sa croissance d'avant 1914 dans les années 30 et de rattraper le retard de la décennie précédente. Faut-il conclure que le mérite en revient à la création d'une économie planifiée ? Chiffres en main, N. Iasny démontre qu'il n'en est rien ; du reste, dans les deux études mentionnées au début du présent article, nous avions souscrit d'avance à sa thèse. Mais avec le premier plan quinquennal surgit un facteur qui prit désormais une importance capitale : la violence. Par elle fut brisée la tendance de l'économie rurale à l'autarcie et c'est grâce à elle que le travail dans l'industrie fut assimilé à la corvée - transformations qui mirent à la disposition de l'Etat les capitaux qu'il n'avait pu se procurer par des activités économiques. C'est encore par la violence qu'on obtint de la direction des entreprises qu'elle développe la croissance industrielle par tous les moyens, jusques et y compris les infractions quotidiennes aux lois en vigueur. Cette attitude fut une conséquence directe des plans quinquennaux, car la non-exécution des tâches prescrites devint bien Biblioteca Gino Bianco .., 1 . L'EXPÉRIENCE COMMUNISTE plus dangereuse que l'empiétement sur quelque autre prescription que ce soit de la législation économique et sociale. En tant qu'instruments de la violence, les plans quinquennaux acquièrent le sens qu'on leur cherche vainement tant qu'on les examine sous le rapport de la prévision économique et _du développement méthodique des forces productives. L'intervention massive de la violence apporta au dispositif de l'économie soviétique l'élément qui lui manquait : en brisant les entraves qu'il met lui-même à l'expansion industrielle, elle lui permit d'atteindre enfin son plein rendement. Que l'expansion revête, dans ces conditions, une forme particulière, faite par alternance de poussées et de ralentissements, de montées en flèche payées par des effondrements, cela découle logiquement de la nature du dispositif. Dans un pays aussi riche en ressources naturelles et humaines que !'U.R.S.S., le gaspillage peut durer longtemps avant que ne s'arrête le processus. L'HYPOTHÈSEqu'on vient de présenter, et selon laquelle l'industrialisation intensive des années I 929-40 fut en partie animée par une action tardive du mécanisme de la remontée, appelle l'attention sur un point : il convient d'étendre la périodisation de N. Iasny à toute l'histoire économique de l'U .R.S.S., et même au-delà, afin d'y inclure la dernière période de la Russie prérévolutionnaire. L'auteur lui-même a préféré se limiter au quart de siècle marqué par l'industrialisation intensive (1928-52), puisqu'il juge plus sûr de le prendre pour base des prévisions relatives au développement futur (p. 30). Précaution certes justifiée, mais qui ne facilite pas la découverte des lois économiques sousjacentes. Aussi la tâche demeure-t-elle considérable. Pour la mener à bien, il faudrait un économiste-statisticien de la valeur de Naoum Iasny. PAUL BARTON. -, ◄ ,
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