34 remontée : accroissements successifs de 33 % en 2 ans, de 25 % en 2 ans également, d~ 23 % en 3 ans. Des traits structurels analogues se dessinent à travers les estimations d'un économiste qui a pourtant employé une autre méthode que N. Iasny. Le tableau suivant montre quel fut, selon C. Clark, le produit national net, exprimé en milliards de dollars au pouvoir d'achat de 1950 (The Real Productivity of Soviet Russia, p. 56) : 1928 43,l 1939 69,4 1940 (nouvelles frontières) 79,9 1948 78,4 1949 85,3 1950 91,8 1951 96,8 1952 102,5 1953 105,9 1954 111,6 1955 116,4 1956 119,5 Le produit national net diminua donc de 1 ,9 % au cours des 8 années 1941-48 et augmenta de 52 % pendant les 8 années suivantes, ce qui donne une augmentation de 50 % en l'espace de 16 ans; celle qui fut réalisée pendant les 11 années 192939 fut de 61 %-La diminution de l'accélération d'après guerre est également très claire. Le taux d'ac_croissement annuel se présente en effet comme suit (pourcentages) 1949 1950 1951 1952 1953 1954 1955 1956 8,8 7,6 5,4 5,9 3,3 5,4 4,3 2,8 Le processus apparaît encore plus clairement si l'on élimine les flottements passagers en regroupant les pourcentages de la manière suivante: 1949 - 1953 1950 - 1954 1951 - 1955 1952 - 1956 35 31 27 23 Il existe toutefois des différences nullement négligeables entre les courbes tracées conformément aux estimations de Naoum Iasny et de Colin Clark. Les écarts sont surtout frappants en chiffres absolus. Selon le premier auteur, le produit national net augmentait en moyenne de 2,2 milliarqs de roubles entre 1928 et 1940, mais de 3,7 milliards entre 1940 et 1955 ; les estimations du second font ressortir des moyennes annuelles presque identiques pour les deux périodes, à savoir 2,4 milliards de dollars pour 1929-39 et 2,5 milliards pour 1941-56. Dans une certaine mesure, cela est imputable à la différence entre les prix utilisés par l'un et l'autre auteur : .. , Biblioteca •Girio Bianco L'EXPÉRIENCE COMMUNISTE prix américains de 1950 chez C. Clark, prix russes de 1926-27 chez N. Iasny. On sait que le calcul en prix. constants antérieurs à l'évolution examinée traduit la croissance d'une façon exagérée, et que .cet effet est d'autant plus grand qu'on s'éloigne davantage de l'année de référence. Aussi bien, l'accroissement de 98 % entre 1928 et 1937 du produit national net en prix de ✓1926-27, indiqué par Iasny dans une précédente estimation ( The Soviet Economy during the Plan Bra, Stanford 1951, p. 85), s'est trouvé réduit à 57 % lorsque les mêmes données ont été calculées en prix de 1937 (Gregory Grossman : « National Income », in Abram Bergson : Soviet Economie Growth, Evanston, Ill., 1953, p. 7). Mais nous ne sommes pas en mesure de déterminer l'incidence des différences·de méthode dans l'écart séparant les estimations de N. Iasny de celles de C. Clark. De toute manière, notre interprétation devrait être mise à l'épreuve des faits dans un proche avenir. Si elle est pertinente, le taux de croissance se fixera sous peu, à moins d'intervention de facteurs entièrement nouveaux, bien au-dessous de ce qu'il fut pendant les quinze dernières années. Les objectifs fixés pour 1965 sont peut-être symptomatiques. Par rapport à la production industrielle de 1960, ils font prévoir - selon les méthodes de calcul officielles- une augmentation de 48 % en cinq ans (pendant les trois plans quinquennaux d'après guerre, l'augmentation, calculée de la même façon, fut respectivement de 88, 85 et ~3 %). Mais les chiffres défigurés de la statistiqtj.e soviétique ne donnent à l'observateur que trop de fil à retordre lors même qu'ils se rapportent aux choses révolues : mieux vaut wait and see que s'aventurer dans une analyse des promesses. La réserve formulée quant à l'éventualité de facteurs nouveaux n'est pas une simple échappatoire. L'économie de !'U.R.S.S. est organisée de telle sorte que des forces productives considérables se trouvent paralysées, à tout le moins entravées ; sovkhozes et kolkhozes constituent un exemple extrême, mais nullement isolé : . Une élimination, même partielle, pourrait accélérer les taux de croissance ou compenser l'effet des facteurs qui tendent à ralentir cette croissance (Naum J asny : « A Note on Rationality and Efficiency in the Soviet Economy », in Soviet Studies, avril 1961). DANS UNE ÉVOLUTION aussi troublée que celle de l'économie soviétique, le mécanisme de la remontée assume en général, et non seulement au lendemain d'une guerre, un rôle de première importance. N. Iasny insiste sur les remarquables affinités du développement après la deuxième guerre mondiale avec la phase qui suivit la dépression des années 1932-33. On peut aller plus loin. Il semble bien, en effet, que la remontée ait joué son rôle durant toute la
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