Le Contrat Social - anno V - n. 6 - nov.-dic. 1961

R. C.NORTH personnel de l'étudiant et l'accompagne ensuite tout au long de sa carrière. Reste une dernière épreuve : on doit dénoncer en public, d'une manière convaincante et irrévocable, son propre père, à la fois en tant qu'individu et comme représentant du vieil ordre de choses. Dans une société qui avait cultivé depuis des générations la déférence et l'obéissance à l'égard des parents, cette dénonciation constitue l'ultime. symb~le et la preuve qu'on a rejeté son ancien moi. POUR le prisonnier occidental comme pour l' « étudiant » chinois, le processus de réforme de la pensée, en dépit de son caractère de contrainte, acquiert une signification profonde, quasi religieuse. C'est ce phénomène qui en est peutêtre, selon Lifton, l'aspect le plus dangereux : Au siècle dernier, les émotions auparavant dirigées vers la religion établie se sont exprimées en termes de Biblioteca Gino Bianco 357 politique et de science. Déviation qui n'est pas sans dangers ; comme l'a dit Camus, « la politique n'est pas une religion, ou alors elle n'est que l'inquisition ». Pareilles inquisitions surviennent - comme dans la réforme de la pensée - lorsque des totalitaires de l'idéologie entreprennent leur propre chasse à l'hérésie. Quoi qu'il en soit, l'étude du Dr Lifton montre sans conteste qu'on peut refaçonner les croyances les plus intimes d'un homme en le soumettant à une pression suffisante, physique et psychologique, ou seulement psychologique. Le moment où la transformation s'opère dépend de la structure de la personnalité de chacun. Il importe peu de savoir si les techniques de réforme ont été élaborées par des théoriciens ou des praticiens ; l'essentiel, c'est que la société totalitaire communiste, qu'elle soit soviétique ou chinoise, est un milieu favorable à leur développement. ROBERT C. NORTH. (Traduit de l'anglais);

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