. ·, PARLEMENTARISME ET RÉGIME ÉLECTORAL par Yves Lévy NAGQ'ÈRE, pour nos ministres, les députés étaient des souverains tatillons. Et les observateurs, parce qu'ils connaissent tous un bon nombre de ces rois déchus - et impatients de retrouver leur puissance et leur gloire - se persuadent de la caducité de notre nouveau régime. Que le centre de gravité de la vie· politique ne se trouve plus .dans l'Assemblée nationale - ou dans les couloirs de l'Assemblée - leur est un scandale, et nous nous trouvons, à les en croire, dans un équilibre instable que seul un bras puissant parvient à maintenir et qui, dès que ce bras cessera d'agir, se rompra. On a parlé d' odéanisme, de bonapartisme. Certains disent que notre régime est présidentiel de fait, et proposent - ·non sans arrière-pensées - de le muer en régime présidentiel de droit 1 •. Il leur faut pourtant concéder, parce que la chose est d'une évidence absolue, que notre régime est parlementaire. C'est en effet un problème de définition : est parlementaire un régime où un vote hostile de l'Assemblée contraint le ministère à se retirer, ou à prendre la nation pour arbitre. Notre régime, donc, est· parlementaire. Tel théoricien l'avoue du bout des lèvres, énonèe immédiatement des restrictions, et consacre un volume à faire oublier cet aveu ·aux étudiants qu'il enseigne. Attardons-nous cependant; ·nous, sur ce trait qui n'est pas négligeable. Tentons I. Nous avons montré id, en mars dernier, les illusions dont sont victimes nos apologistes actuels du régime présidentiel. Biblioteca Gino Bianco - , de préciser quelle sorte de parlementarisme, à présent, nous régit. Les trois variétés du parlementarisme Au MOMENT que fut fond:éela ve République, on pouvait distinguer trois variétés du parlementarisme. La première, la variété britannique, se caractérise par le bipartisme et son corollaire : la stabilité du gouvernement. Chacun sait qu'aucune institution n'a été prévue pour maintenir ce bipartisme et cette stabilité.· Ce système, cependant, repose sur une institution, car la stabilité du gouvernement est le produit du bipartisme, et le bipartisme est maintenu ou rétabli par le scrutin uninominal à un seul tour. Notons en passant que - pour user de termes· marxistes - .il y a là une superstructure qui, déjà. ancienne, semble remarquablement indifférente aux transformations de l'infrastructure. Il serait ..intéressant d'entendre raisonner ou déraisonner làdessus un marxiste de stricte obédience. Il est vrai que des adversaires du marxisme sauraient fort bien exposer que cette structure politiqùe est une admirable illustration . du tempérament britannique. Il ne leur resterait plus qu'à expli~- quer pourquoi ce tempérament s'est constitué vers l'an, 1688, après avoir été assez différent jusqu'à l'année précédente. Quant à nous, b<ftnons-nous à noter la chance historique.· de la · Grande-Bretagne, et à admirer l'impo·rtance décisive de certaines techniques dans· l'histoire des nations. C'est dans l'art militaire, à vrai dire, que le rôle des techniques est le plus apparent : l'empire d'Alexandre ·naît de la phalange.;. celui de César, issu de la légion, est emporté par une
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