240 ·Parmi les forces d'attraction initiales, il en est qu'on peut appeler idéalistes, en ce sens qu'elles transcendent le bien-être et le confort matériel immédiat de l'individu : « L'espoir d'une clarté vaguement entrevue et encore lointaine ; une vision du monde qui réduit à !'insignifiance les petits problèmes pressants ; l'idée d'une action libérée des confusions de la position individuelle. » Mais outre ces forces, que nous retrouvons dans toutes les causes à l'idéologie bien définie, et qui valent ce que vaut la cause ellemême, Meyer en mentionne une autre qui tient précisément à la_prétention marxiste-léniniste à la direction exclusive dans un processus historiquement déterminé: « l'espoir d'être le membre reconnu d'une élite choisie par !'Histoire ». Il est essentiel de reconnaître l'importance de !'Histoire dans la perspective communiste ; mais, ce moule doctrinal une fois donné, l'appât du pouvoir - le pouvoir total - est à notre avis la force d'attraction décisive. L'étude de F. Meyer le confirme. Lorsque le membre nouvellement admis se rend pour la première fois à une réunion de cellule, il peut y voir cc des personnes qu'il connaît sans s'être jamais douté qu'elles étaient communistes». Ici, des gens importants dans le monde extérieur acceptent critiques et directives « de l'organisateur ou d'un autre membre . dirigeant qui jusqu'alors n'était pour lui [le nouveau venu] qu'un personnage plus ou moins insignifiant». Il ne tarde pas à découvrir que le Parti a aussi la haute main sur de grandes organisations en apparence indépendantes des communistes. Il acquiert le cc sentiment de la puissance du Parti, puissance à laquelle il s'identifie », quand il voit cc une demi-douzaine de communistes, y compris lui-même, réaliser des plans élaborés en détail à une réunion de fraction, et amener une organisation qui compte des centaines ou des milliers de membres à prendre la position exacte que le Parti veut lui faire prendre ». A mesure qu'il s'initie à la politique du mouvement communiste international, le nouveau, membre ... ...s'identifie à « .~os héroïques camarades chinois >> à « nos glorieux camarades soviétiques qui avancent de la construction du socialisme vers l'édification du communisme». La force contraignante de ce sentiment de grandeur est plus que suffisante pour compenser les difficultés et dangers personnels auxquels le communiste peut se trouver exposé. La cause progresse, le char de l'histoire roule inexorablement et le communiste est fermement installé sur ce char, si inconfortable que soit sa position personnelle. Ainsi le communiste se considère non seulement comme différent des tenants de toutes les autres idées et institutions qu'il croit périmées et condamnées, mais comme leur étant supérieur. Cette vision de l'histoire, écrit F. Meyer, explique cc l'arrogance que manifestent parfois les commuBiblioteca Gino Bianco , LE CONTRAT SOCIAL nistes dans leurs discussions avec les autres et dont les dirigeants soviétiques font preuve dans leur~ déclarations internationales». Elle explique aussi... ...pourquoi les réalités bien connues de l'Union soviétique - oppression, camps de travail forcé, purge après purge, massacre de millions de gens, agressions brutales et non provoquées, même le déboulonnage de Staline par Khrouchtchev et la révolution hongroise de 1956 - glissent sur la conscience du « cadre » communiste comme l'eau sur les plumes d'un canard. Elles ne le touchent pas au vif. Intellectuellement, il les explique comme des accidents du processus historique, regrettables mais inévitables. Du point de vue émotionnel, elles sont tout simplement irréelles, même quand il a vu ces horreurs de ses propres yeux. Le mépris des communistes pour les arguments des non-communistes n'exclut pas la possibilité d'arrangements mutuellement avantageux dans des situations dont on est maître. Mais il faut se garder de faire des concessions (par exemple, sur le problème du désarmement) lorsque les données obligent à s'en remettre à la cc bonne foi» des communistes. Les grands dirigeants communistes préfèrent à coup sûr la victoire par la ruse ou le chantage, mais ce n'est pas par souci d'épargner d'innombrables millions de gens dans une guerre atomique. S'ils estiment que la croissance unilatérale de leur économie de puissance (dont une défense civile en profondeur) assure à leur appareil du pouvoir la survivance et le succès global dans une telle guerre, ils n'écarteront pas cette solution, en dépit de son coût monstrueux en vies humaines et en biens. Il est évident que l'analyse réaliste ·de la pensée et de l'action communistes est essentielle à qui veut comprendre les conditions qui favorisent ou paralysent la croissance de la liberté de l'homme. A cette cc science de la liberté», l'étude de Frank Meyer apporte une importante contribution. KARL A. WITTFOGEL. La Cour suprême ERNST WOLF : Verfassungsgerichtsbarkeit und Verfassungstreue in den Vereinigten Staaten. Eine Untersuchung über die Entwicklung des amerikanischen . V erfassungsrechts au/ Grund der gerichtlichen Uberprüfung des Verfassungsmiissigkeit der Bundesgesetze (« Juridiction constitutionnelle et fidélité à la Constitution aux Etats-Unis. Enquêt_e sur l'évolution du droit constitutionnel américain du point de vue du contrôle judiciaire de la constitutionnalité des lois fédérales»). Bâle 1961, cc Basler Studien zur Rechtswissenschaft »,Helbing et Lichtenhahn, 237 pp. cc TouT LE MONDE », dit Poil de Carotte en soupirant, cc tout le monde ne peut pas être orphe-
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