Le Contrat Social - anno V - n. 4 - lug.-ago. 1961

P. BARTON avant terme, « ainsi que dans d'autres circonstances, lorsqu'il est besoin de caractériser la personnalité du détenu, son attitude au travail, sa conduite et sa participation à l'activité sociale». Les membres du conseil recrutent à leur tour d'autres informateurs. Ils organisent des sections spécialisées qui travaillent sous la direction des sections correspondantes de l'administration ; les membres de ces sections, qui doivent être confirmés dans leurs fonctions par l'administration, sont choisis parmi les « détenus activistes». En même temps, le conseil doit s'entourer d'un vaste cercle de collaborateurs ( aktiv). La tâche qui consiste à recruter pour l'administration des informateurs de toute espèce se trouve facilitée du fait que le conseil peut suggérer aux chefs d'accorder des faveurs· à des détenus, brigades ou détachements déterminés. Il y a plus : le conseil participe directement à la répression. Il peut examiner lui-même les infractions commises par les détenus et infliger à ceux-ci certaines sanctions ou « adresser une demande à l'administration s'il convient d'appliquer des mesures plus strictes ». En outre, un « tribunal de camarades » est établi auprès du conseil depuis 1955 pour connaître des infractions dont l'examen lui est confié soit par le conseil, soit par l'administration, ou dont il se saisit de sa propre initiative. A partir de 1956, on commença à organiser des sections ou brigades « de maintien de l'ordre public », recrutées parmi les détenus (Le Droit soviétique du travail correctif, pp. 212-214). Tendances de l'évolution DANS L'ENSEMBLEla, situation actuelle des camps de concentration est assez claire. En raison de la grave crise démographique et à la suite des soulèvements des prisonniers, tout le système tend depuis des années à se défaire. Malgré des difficultés dans l'immédiat, les autorités n'ont pas pour autant perdu de vue des perspectives plus lointaines. Tout en lâchant du lest, elles font l'impossible pour sauvegarder, à travers la période critique, l'essentiel de l'institution. La possibilité demeure de donner à celle-ci un développement nouveau lorsqu'une situation plus favorable se présentera. On n'en est pas encore là. Il se peut même que la crise des camps continue à s'aggraver. Rien, à tout le moins, ne permet de conclure que les réformes ont atteint leur objectif, que le système concentrationnaire a trouvé un nouvel équilibre. Les efforts pour rationaliser le travail forcé n'ont pas été couronnés de succès. Des cours de formation professionnelle furent créés, certes, dans les camps à partir de 1953-54 et il fut déclaré souhaitable que les prisonniers fussent utilisés, dans la mesure du possible, conformément à leur qualification professionnelle. Mais proclamer pareil principe est une chose, le faire appliquer dans les camps de concentration en est une autre. Biblioteca Gino Bianco 229 C'est la répression qui fournit la main-d'œuvre et l'emploi de celle-ci est prédéterminé par les décisions fixant à tout condamné son régime de détention (on a vu, par exemple, que le travail manuel pénible fait partie intégrante du régime sévère). Ces décisions ne tiennent pas davantage compte des capacités professionnelles qu'il n'en est tenu compte au moment des arrestations. Il faut ajouter que les camps soviétiques ont une longue tradition de gaspillage de matériel humain. Aussi lit-on dans Le Droit soviétique du travail correctif : S'il se révèle impossible, pour quelque raison que ce soit, d'affecter le détenu au travail selon la spécialité qu'il possède, l'établissement de travail correctif l'affecte à d'autres genres de travail et lui fait acquérir une autre spécialité (p. 189). On ne sera pas loin de la vérité en estimant que, dans la pratique, les cours de formation professionnelle servent surtout à transformer en manœuvres spécialisés des hommes dont la qualification professionnelle demeure inutilisée. Dès lors, il n'est pas étonnant de voir subsister la vieille notion concentrationnaire des capacités professionnelles basée exclusivement sur la force musculaire des prisonniers. En arrivant au camp, les détenus passent devant une commission médicale qui les classe sous quatre catégories : aptes au « travail dans les conditions générales», au travail léger, au travail d'invalide, enfin inaptes au travail (ibid., pp. 176 et 189). La seule différence par rapport au passé, c'est qu'il y avait naguère cinq catégories au lieu de quatre. De son côté, l'organisation du travail est apparemment tout aussi primaire qu'avant les réformes. L'appréciation du travail accompli repose exclusivement sur les « normes de rendement» (ibid., p. 220). Aucune trace, dans les sources officielles, d'une quelconque prise en considération de la qualité de l'exécution. D'autre part, les détenus continuent de se répartir entre brigades dont les membres demeurent groupés non seulement pour le travail, mais encore pendant les repas et dans les baraquements. Le brigadier, un prisonnier choisi par l'administration, exerce toujours sur ses hommes le même pouvoir excessif, source constante d'injustice depuis qu'existent les camps de travail correctif (ibid., pp. 192 et 217). Les mesures adoptées au cours des années 1951 à 1954 en vue de stimuler le rendement des forçats ne furent pas développées \Jar la suite. Certaines subirent même des restrictions sérieuses. A ce propos, on a déjà mentionné les limitations apportées aux réductions de peine, ainsi que la suppression du versement des salaires en espèces. Le transfert des entreprises rattachées aux caml?s dans le ressort des administrations écono11Uquescompétentes, commencé en 19~3, ne se généralisa pas (cf. ibid., pp. 187-188). Or, parmi toutes les mesures adoptées depws une

RkJQdWJsaXNoZXIy MTExMDY2NQ==