222 le ·Bureau central des statistiques. Ses créations, comme les fameux indices industriels calculés en « prix constants de 1926-1927,», demeurèrent d'un usage obligatoire à cette conférence, ainsi que partout ailleurs 20 • LES ANNÉES 1959 et 1960 furent consacrées à assimiler et à mettre à exécution les décisions de 1957 et 1958. Pour la planification, 1958-1959, et surtout la première moitié de 1960, semblent avoir marqué un · retour au · passé condamné. On tenta chaque année d'abolir la préparation des plans annuels, pour les remplacer par ·des tranches annuelles du plan à long terme. L'idée ne manquait pas de sens, mais on s'y est pris de telle façon que cela risque de faire plus de mal que de bien. Fin 1959, l'extension de ·quinze à vingt ans de la période pour laquelle doit être préparé le plan dit général n'est pas non plus un acte de sagesse ; au surplus, elle ne change pratiquement rien. Le plan de vingt ans sera aussi peu un guide pour l'économie soviétique que l'aurait été le plan de quinze ans, sauf, au mieux, pour certaines rubriques spéciales, comme l'énergie électrique, et pour quelques questions particulièrement importantes concernant le développement régional, tel celui de la Sibérie centrale. Par une décision d'avril 1960, le travail de planification fut partagé une fois de plus entre deux organisations. Le Gosplan de !'U.R.S.S. ne conservait que le travail de planification à court terme (un an ou moins). La planification à moyen et à long terme était transférée au Gosekonomsoviet (Conseil scientifico-économique d'Etat près le conseil des ministres de !'U.R.S.S.). Pour des raisons obscures, ce nouveau partage de compétences s'opéra de manière semi-clandestine. La fin de l'année 1960 devait apporter une grande surprise. Après quarante années de planification rigide, particulièrement nuisible sous la forme des plans quinquennaux, on comprit que la planification doit être souple. Avec ou sans plan, l'économie était soumise à des changements constants. Par décision du 26 décembre 1960 devant prendre effet en 1962, le plan annuel comprendra des objectifs pour les indices clés cinq ans d'avance, c'est-à-dire en premier lieu pour 1966. Les plans quinquennaux seront ainsi 20. Voir par ex. le rapport de. T.- S. Khatchatourov à la conférence sur l'efficacité économique (op. cit., p. 18). C'était le principal rapport à cette conférence et Khatchatourov fut aussi le rédacteur en chef du compte rendu. · BibliotecaGino Bianco ·, L,EXPÊRIENCE COMMUNISTE révisés chaque année. Remarquons en passant qu'au bout de quarante ans l'idée d'un plan quinquennal «mobile» a été empruntée par les Soviétiques aux grosses entreprises américaines ; un représentant du Gosplan l'a admis en 1960 devant une délégation de savants américains visitant !'U.R.S.S. La. nouvelle mesure semble découler de la décision, prise en décembre 1956, de rendre les plans réalistes ; ce qui concernait au premier chef la planification quinquennale. Il fallait en effet commencer par assurer à ces plans une base saine, afin qu'ils n'affectent pas les plans annuels moins contaminés auxquels ils se rattachaient. Le projet de décembre 1960 renverse complètement la mesure envisagée en 1958 et 1959 : les tranches annuelles du plan septennal devaient constituer, quoique avec des révisions, les plans annuels pour les années respectives. Cette mesure mise en pratique, la rigidité aurait pu devenir paralysie. . Une réserve s'impose cependant, car il apparaît qu'on veut en réalité combiner la méthode d'un plan quinquennal fluide avec l'ancienne forme d'un plan rigide J mais découpé en tranches annuelles, les tâches annuelles tenant lieu, avec révisions, de plan annuel 21 • On ne semble pas avoi~ envisagé que, selon toute vraisemblance, pareille combinaison créera la confusion et sera en fait impraticable. La séparation de l'organisme chargé des plans à long et moyen terme d'avec l'organisme chargé de la planification courante reste en vigueur, malgré son caractère encore plus absurde. Deux organismes travailleront apparemment au même plan ou à une partie du même plan. Il semble aussi que le principe de la souplesse ne sera pas étendu au plan général (15-20 ans), qui en aurait encore plus besoin que le plan à moyen terme. Telle qu'elle fut formulée en décembre 1960, la nouvelle mesure en matière de planification paraissait bonne, voire excellente, et laissait supposer que le dégel faisait d'importants progrès. Dans l'interprétation autorisée d'Efimov, elle ne peut aboutir qu'à la confusion. Même si le dégel se poursuit sur le front de la planification, ce sera de la manière déformée propre aux Soviétiques. NAOUM IASNY. (Traduit de l'anglais) 21. Cf. A. Efimov, directeur du Gosekonomsoviet, in Questions d'économique, 1961, n° 4, pp. 19-21. ,
RkJQdWJsaXNoZXIy MTExMDY2NQ==