Le Contrat Social - anno V - n. 4 - lug.-ago. 1961

220 tions qu'il fallut plusieurs années pour y remédier. (A la fin de 1960, il n'était pas encore possible de savoir si l'ordre avait été rétabli.) Ce n'était pas un grand mérite, car la réduction des taux de croissance était suffisamment éloquente et une direction intelligente n'aurait pas attendu cela , . pour reag1r. En décembre 1956, le C. C. prit aussi conscience de la nécessité de décentraliser ; mais il semble qu'il ait d'abord pensé pouvoir le faire en étendant les pouvoirs des ministères fédéraux (presque tous ces ministères furent supprimés quelques semaines plus tard). La division du travail de planification fut non seulement conservée, mais accentuée par une extension des pouvoirs de l'organisme chargé de la planification à court terme. Le ralentissement du rythme de la croissance industrielle se dégageait du rapport sur le fonctionnement de l'économie pendant la première moitié de 1956, publié en juillet. Si ce ralentissement avait largement contribué aux décisions prises par le C. C. en décembre 1956, il en est de même pour certaines autres initiatives du Kremlin à peu près à la même époque. L'une d'elles fut la décision du 8 septembre 1956 sur le salaire minimal. Les Soviétiques avaient hérité de l'époque prérévolutionnaire une structure des salaires forte- . ment stratifiée. Naturelle dans un pays agricole pauvre et arriéré, elle le devenait moins avec l'industrialisation rapide. Or elle s'était même accentuée sous Staline. Par décret du 8 septembre 1956, un salaire minimal fut introduit, avec effet du 1er janvier 1957. Ce salaire ne représentait que 40 % environ du salaire nominal moyen de cette année-là. La mesure était néanmoins de grande portée, bien quel' Economieplanifiée, revue du Gosplan, ne jugeât pas l'occasion assez importante pour lui consacrer un éditorial ou même un article. Si importante qu'elle fût, l'introduction du salaire minimal cède pourtant le pas aux résolutions de décembre 1956 comme date essentielle de la transition du gel au dégel. Le bref intervalle de moins de deux ans entre la réunion du C. C. les 20-24 décembre 1956 et la publication, le 14 novembre 1958, du projet de chiffres de contrôle pour 1959-1965, fut une période de décisions fébriles. Il y avait de bonnes raisons de se hâter. 11 fallait en effet liquider, au moins en partie, trente années d'irrationalité et de gaspillage. Les humeurs de Khrouchtchev coïncidaient sur ce point avec les désirs des gens avisés dont l'activité avait été paralysée pendant des années, voire des décennies. Sous Staline, il n'était pas question de faire même allusion à ce qui aurait été nécessaire. Les décisions se succédèrent à une cadence accélérée. Un problème se posait, il était soumis à un bref examen et la décision, était prise. Le C.C., convoqué par télégramme, approuvait la décision après audition d'un discours de KhrouchBiblioteca Gino Bianco ~, L'EXPÉRIENCE COMMUNISTE tchev qui durait pendant des heures, suivi d'un court débat. Puis on accordait quelques semaines à des dizaines de millions de gens pour qu'ils approuvent à l'unanimité, à des milliers de réunions, et la décision devenait obligatoire; elle avait été, en fait, appliquée avant ces dernières formalités. On peut soutenir que toutes ces décisions fébriles étaient prises au profit du plan septennal alors en préparation, ce qui est exact. Mais il n'y eut pas trace de fièvre pendant la préparation des directives pour le sixième plan quinquennal ; la température ne monta pas d'un degré. Rares étaient ceux qui savaient, avant la publication du projet des directives, que quelque chose de ce genre était en cours.. Ce qui a été dit de la hâte fébrile après décembre 1956 est encore plus vrai de la décentralisation, problème des plus délicats. Le 10 mai 1957, la « loi sur l'amélioration de l'organisation de la direction de l'industrie et du bâtiment », dont la portée était relativement grande, fut mise en vigueur : elle convertissait une structure fondée sur le principe vertical (ministère pour chaque branche d'industrie) en une autre reposant sur le principe horizontal ou territorial (sovnarkhozes ou conseils régionaux de l'économie nation~le). Elle avait été acclamée au préalable de la manière décrite plus haut (milliers de réunions avec des dizaines de millions de participants). Personne n'avait tenté de voter contre... Outre la décentralisation de l'industrie et de la construction, la loi organisait la planification. Les deux parties du Gosplan étaient de nouveau réunies et, sans que ce fût clairement stipulé, le travail de planification lui-même devait être décentralisé dans une certaine mesure. La hâte mise à la décentralisation de l'industrie et de la construction tenait au rôle de ce problème dans les querelles de fractions, alors au premier plan de la scène politique. Mais les autres mesures arrêtées pendant cette courte période de moins de deux ans le furent aussi précipitamment, comme si le feu était dans la maison. Voici les plus i~portantes : - a. Construction accélérée de logements (décrèt du C.C. et du conseil des ministres de !'U.R.S.S., 31 juillet 1957) ; b. Abolition des M.T.S. et transfert des machines agricoles aux kolkhozes ; établissement de prix uniformes pour les produits livrés à l'Etat par les kolkhozes (principalement résolu~ tions du C.C. des 17-18 juin 1958) ; · . c. Passage 'décisif du charbon au pétrole et au gaz (décision probablement prise en trois étapes) ; d. Développement accéléré de la production de matières plastiques, y compris les fibres artificielles (réunion du C.C. des 6-7 mai 1958) ; e. Mise en ordre de la structure des salaires, jusque-là fortement désorganisée; et, last but

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