Le Contrat Social - anno V - n. 4 - lug.-ago. 1961

E. PAPAGEORGIOU grecque, fidèle en cela à sa tactique visant à aggraver les tendances à la division à l'intérieur de l'O.T.A.N. L'occasion était trop belle pour les communistes grecs dans leurs efforts de recrutement; la propagande de l'E.D.A. et de l'Union soviétique exploita ce thème au maximum. D'une manière concomitante, la propagande communiste ne cessait d'exercer une pression - parfois subtile, parfois ouvertement menaçante - pour dresser le public contre l'existence en Grèce de bases américaines et de rampes de lancement, en jouant sur la crainte des représailles et des dévastations auxquelles la Grèce s'exposerait en cas d'hostilités. Cette question influença probablement certains électeurs en 1958, bien que le point culminant de la campagne de propagande ne fût atteint que plus tard, lors de la visite de Khrouchtchev en Albanie, en mai 1959, d'où il fit (le 2 5) la déclaration suivante : Nous adjurons le gouvernement grec de faire preuve de bon sens et nous le mettons en garde contre les dangers que représente l'installation sur son sol de bases de fusées et d'armes nucléaires. Le gouvernement soviétique espère que la Grèce deviendra une zone neutre, qu'elle se retirera, si possible, de l'O.T.A.N. et qu'elle ne consentira à aucune installation sur son sol de rampes de lancement 3 • Ces mots provoquèrent une vive réaction du gouvernement grec qui accusa Khrouchtchev de vouloir intimider la population et exigea le respect de la dignité et de l'intégrité de la Grèce. En quoi il fut largement. soutenu par l'opinion publique. Si, d'une part, les pressions communistes de l'étranger et de l'intérieur jouent sur les craintes du public et exploitent les problèmes nationaux, de l'autre, elles cherchent à démontrer l'amitié et les intentions pacifiques du bloc soviétique. Là encore cette propagande s'adresse directement au public afin de le gagner, ou au moins d'encourager le neutralisme. Un exemple de cette tactique a été la proposition faite par M:-- Stoika, premier ministre de Roumanie, de réunir une conférence des pays balkaniques en vue de rétablir des relations amicales entre lesdits pays et de discuter de la création dans les Balkans d'une « zone de paix», c'est-à-dire sans installations nucléaires. Il s'agissait avant tout d'une manœuvre de propagande, toute base concrète d'un rapprochement faisant défaut; la Grèce déclina l'offre, imitée par la Turquie et la Yougoslavie ( cette dernière suggérant qu'on devrait tenter d'abord des négociations bilatérales entre pays balkaniques). La Grèce estimait qu'une condition préalable serait que la Bulgarie fasse la preuve de sa bonne foi en tenant son engagement de verser 45 millions de dollars à titre de réparations de guerre. 3. Bulletin d'information de la Prisidence du conuil, Athmcs, juillet 1959, p. 18. Biblioteca Gino Bianco 213 Activité récente DEPUISdeux ans, l'E.D.A., en coordination avec Moscou, continue de concentrer sa propagande sur ces problèmes. Ses efforts visaient jusqu'à une date récente à prôner la « coopération politique» - c'est-à-dire un Front populaire - avec d'autres partis, en particulier les éléments du centre et de la droite précédemment favorables à une coalition. La méthode consistait à rechercher un programme minimal sur lequel un accord serait possible, mais qu'on pourrait néanmoins présenter comme une promesse de «changement». La plus récente déclaration concernant les problèmes immédiats sur lesquels les communistes recherchaient un accord a été une directive publiée en juin 1960 par le Comité central du K.K.E. (probablement réuni à Bucarest). Les points y étaient énumérés comme suit : 1. interdiction d'utiliser le sol grec comme base d' opérations pour des vols de reconnaissance ; 2. mise en échec des prétendus projets d'installation de rampes de lancement en Crète; 3. développement des relations commerciales et économiques avec le bloc communiste ; 4. réductions d'impôts, solution du problème des excédents agricoles et garanties contre l' «exploitation» des ressources nationales par le capital étranger ; 5. levée de l'interdiction du K.K.E. et amnistie générale, comme définies précédemment 4 • Au cours de l'été 1960, l'E.D.A. se montra prête à mettre beaucoup d'eau dans son vin, afin de réaliser à tout prix un Front populaire. Mais il était évident que cette attitude n'était qu'un compromis provisoire, et ses avances furent repoussées par les partis pressentis. Depuis le mois de septembre, l'E.D.A. a donc changé de tactique et s'adresse directèment aux membres de base des autres formations politiques, dans l'espoir de faire des convertis et ronger ces partis de l'intérieur. Le communisme demeure en Grèce une force implacable, prête à user de tous les moyens, légaux ou non, pour parvenir à ses fins. Ses agents ont réussi à reconstituer une organisation efficace qui, sous des masques divers, fait l'impossible pour étendre l'influence du Parti, soutenir la politique de Moscou à l'égard de la Grèce et préparer la prise du pouvoir. La tactique actuelle des communistes a été clairement définie par Panagiotis Mavromatis, membre du Comité central du K.K.E., dans un article paru dans le numéro d'avril 1960 de Neos Kosmos (organe idéologique du K.K.E.) et repris seulement en septembre dans l' Avgi : La multiformité des classes et des couches sociales attirées ou qui peuvent l'être par un mouvement démocratique exige que le Parti adopte une politique appro4. Avgi, 13-22 juillet 1960. Commentaires plus récents sur cc programme in ibid., 27 octobre 1960.

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