186 Etats-Unis seront paralysés demain par le respect tant de fois proclamé pour une institution qui ne le mérite pas. Déjà ils doivent multiplier les concessions au Ghana et à l'Inde de peur de perdre leur majorité dans certains scrutins relatifs au Congo. Lâ nécessité de racoler les voix amène les représentants américains à faire la cour, non à ceux des Africains qui sont nos meilleurs amis, mais à ceux qui pourraie~t prendre positio~ contre nous. ·· · '. On cite ici à dessein un auteur que les idéologues de l'O.N.U. ne sauraient récuser. Dans un autre article où il réfute les erreurs de fait commises par de Gaulle dans son réquisitoire contre les Nations « dites Unies » ( conférence de presse du 12 avril), Raymond Aron rappelle que le rôle de l'Assemblée générale a grandi au détriment de celui du Conseil de sécurité parce que celui-ci était constamment paralysé par le veto soviétique. L'Assemblée, écrit-il, ...n'est pas l'expression de la conscience universelle, mais le résultat de pressions et de racolages sordides. Les Etats ne sont pas moins égoïstes aux Nations Unies qu'ailleurs. Ils sont divisés sur l'essentiel. L'Assemblée générale offre une tribune à tous les déchaînements de la démagogie ... Les Etats-Urus, ayant une difficulté croissante à rallier une majorité, font de plus en plus de concessions aux démagogies dites afro-asiatiques, aux Etats neutres, neutralistes ou progressistes ... L'intervention de l'O.N.U. au Congo est un fiasco : elle a montré aux plus aveugles que les contingents militaires, théoriquement aux ordres du secrétariat de l'O.N.U., continuent d'obéir aux gouvernements nationaux. Chaque gouvernement pose ses conditions. M. Nehru menace de retirer les troupes indiennes si•.• ·M. Nehru commande et les Etats-Unis payent la note: est-ce une grande politique ? (Figaro du 15 avril.) En conclusion Raymond Aron regrette que M. Kennedy n'ait pas constitué une commission d'experts, une task force consacrée aux Nations Unies. Mais précisément il existe une commission qui travaille depuis dix-huit mois à un projet de réorganisation et s'avère incapable .de concevoir autre chose qu'une réforme administrative inopérante. Répartir les postes administratifs au prorata de la population des Etats membres, et non plus en fonctionde leur contribution au budget, ne remédierait pas aux tares fondamentales de l'O.N.U. ni n'empêchera les communistes et leurs suiveurs d'en faire une machine de guerre politique contre les démocraties pacifiques. Dans son principe l'O.N.U. incite ou autorise n'importe qw à se mêler de n'importe quoi et par conséquent couvre ou légitime l'immixtion de l'impérialisme communiste dans les affaires intérieures de tous les pays. Elle suscite des interventions intempestives de politiciens indésirables,mus par des idées fausses ou des intérêts inavouables, dans les épisedes les-plus critiques de la politique internationale. Ses zélateurs qui s'évertuent à lui . attribuer des mérites ne trouvent à aligner, dans un bi!an dérisoî:e, que, d~s résulta~s aussi rar~ q.ue mmeurs, faciles à réaliser par bien d'autres voies. Aucun des menus avantages ainsi _invoqués ne compense le mal irréparable · accompli sous le Biblioteca Gino Bianco LE CONTRAT SOCIAL couvert du mythe dont ne peuvent tirer parti que des régimes sans scrupules. « L'Assemblée générale est devenue le temple de l'hypocrisie », a déclaré Paul-Henri Spaak qui en avait été le premier président, et il ajoutait dans une allocution du 4 mars dernier : « Les Nations Unies sont en danger. Si elles continuent, elles finiront par constituer un danger pour tous. » Le danger prend une évidence aveuglante au double sens de l'expression quand il est question d'introduire la Chine communiste aux Nations «désunies», dans l'espoir insensé d'apaiser son. bellicisme impuissant et bavard. On attend encore un argument à l'appui de l'optimisme relatif qui inspire de Gaulle quand celui-ci suppose «qu'un jour viendra où le bon sens reprendra ses droits ,, et où les nations raisonnables, constatant les résultats de l'expérience, voudront reprendre cette grande affaire mondiale sur des bases nouvelles »• 1 ~ ç~~l!(!I!L, d J,s iJle, Rédaction - Administration: 165, rue de l'Université, Paris 1• SOL(érino 43-30 AbonnementB: voir tarif au dos de la couverture. Livres reçus - KosTAS AxELos : Marx, penseur de la technique. Paris 1961, Les Éditions de Minuit, 324 pp. -· LÉON EMBRY : Miroirs d'un siècle. Lyon, s.d., Les Cahiers libres, 139 pp. - Famille et habitation. II. - Un essai d'observation expérimentale. Ouvrage collectif publié sous la direction de PAULCHOMBART DB LAUWE.Paris 1960, C.N.R.S., 364 pp. - MICHEL MousKHÉLY et ZYGMUNT }EDRYKA : Le Gouvernement de /'U.R.S.S. Préface de Marcel Prélot. Paris 1961, P.U.F., 429 pp. - FRANÇOISMILLEPIERRES: La Vie d'Ernest Renan, sage d'Occident. Paris 1961, Libr. Marcel Rivière et Cie, 408 pp. - The Charity Organisation Society. 1869-1913. Its Ideas and Work. Londres 1961, Methuen & Co Ltd, 188 pp. - JEAN-PAULSERBET: Polit-lsolator. Paris 1961, Robert Laffont édit., 443 pp. ' . - La Parole de Marti, semencede révolution. Paris 1960, Ambassade de Cuba, 52 pp. - EUGENRELGIS: La Paz del hombre, Montevideo 1961, Ed. Humanidad, 141 pp. IMPRIMERIE TYPOGRAPHIQUE D'ÉDITION 45, rue Colbert - Colombes (Seine) Le gérant : L. Cancouët Dépôt légal : 38 trimestre 1961 Imprimé en France
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