184 pour la liberté humaine. L'exemple de !'U.R.S.S. est pourtant là, ce qui ne semble pas évident à l'auteur. Dans un chapitre consacré à la cc compétition Est-Ouest», il use des chiffres officiels de Moscou que les experts ou soi-disant tels se communiquent sans le moindre effort d'analyse. Or il suffit de lire les discours _de Khrouchtchev devant le Comité central (par exemple en juin 1959 et en janvier 1961) pour savoir le peu de crédit qu'il faut accorder aux statistiques soviétiques *. L'auteur tient donc pour démontré que !'U.R.S.S. rattrapera les Etats-Unis en 1972. En 1928, sans doute aurait-il cru les promesses de Staline pour 1933, qui se soldèrent par la pire des famines, et aurait-il écrit avec le même aveuglement : « Le développement remarquable de !'U.R.S.S. a montré qu'une population pauvre peut s'arracher à la misère et atteindre à la-prospérité... » (p. 205). N'insistons pas : chaque génération paraît condamnée à faire son apprentissage en répétant jusqu'à la monotonie les erreurs ou mensonges de celle qui la précède. Ce livre semble destiné à instruire les militants socialistes. S'il en est ainsi, plaignons-les d'être si mal informés. MICHELCOLLINET. Un grand souvenir RAYMONDBLOCHet JEANCOUSIN: Rome et son destin. Paris 1960, Libr. Armand Colin, 545 pp., 8 planches en couleur, 32 en noir, 42 figures, 18 cartes. L'HISTOIREde Rome est successivement celle de l'émergence d'une ville, puis d'un Empire, enfin cellede la résorption de la ville dans l'Empire, lorsque cc Rome n'est plus dans Rome» et finit par n'être plus qu'un grand souvenir perpétué par le poids d'une tradition qui demeure le bien * Khrouchtchev lève un coin du voile sur les truquages qui peuvent s'opérer soit sur les valeurs, soit sur les quantités produites et recensées. Et quand il cite des chiffres il n'hésite pas à se contredire d'un passage à l'autre. Ces chiffres sont analysés dans l'ouvrage de deux économistes italiens, Sergio d' Angelo et Leo Poladini : La Sfida di Krusciov [Le Défi de Khrouchtchev], éd. Feltrinelli, Milan. Ils ont vécu plusieurs années à Moscou où le second était correspondant du journal nennien Avanti. Biblioteca Gino Bianco LE CONTRAT SOCIAL commun des peuples d'Occident. Ainsi s'explique la division du présent ouvrage en trois parties _: des origines à la République, de la République à l'Empire, de l'avènement d'Octave Auguste à la déposition de Romulus Augustule, le dernier empereur romain d'Occident, en 476. M. Raymond Bloch, auquel ses travaux personnels sur !'Etrurie ont valu une ·juste réputation, s'est chargé de la première partie qui forme une sorte d'introduction destinée à recouper les traditions légendaires par les découvertes de l'archéologie moderne. Après avoir évoqué le. peuplement de la péninsule et les divers aspects de la civilisation étrusque, il nous conduit jusqu'en 509 av. J.-C., date présumée de la chute des Tarquins, c'est-à-dire de la prise en charge /, par le Sénat et le peuple romain de leur propre destin. A M. Jean Cousin incombait la lourde tâche de présenter l'ensemble de l'histoire romaine proprement dite dans les deux livres suivants, qui forment bien entendu le corps de l'ouvrage. Son intention n'a pas été de se borner à une suite chronologique des événements politiques et militaires, mais d'en éclairer la signification en les replaçant dans leur double contexte matériel et spirituel. Les chapitres qui se lisent avec le plus de fruit, parce que l'auteur ne se contente pas d'y traiter de sujets rebattus, sont ceux qui évoquent, d'une part, l'évolution économique et celle des institutions qui s'y rapportent, d'autre part, le mouvement des idées religieuses et philosophiques, la vie des arts, des sciences et des lettres. Les auteurs se sont moins soucié d'apporter des hypothèses originales sur certains points controversés que de fournir au lecteur toute la documention que les recherches de l'érudition contemporaine rendent aujourd'hui possible. Il ne s'agit pas d'un banal essai sur les causes de la grandeur et de la décadence de Rome, mais d'une sorte de grand manuel oû l'histoire des institutions qui forment l'ossature de la vie collective prend le pas sur le récit des faits et gestes des personnages illustres. Il faut louer la beauté de la présentation matérielle, la séduction des planches, la clarté de la chronologie, l'utilité du lexique des termes techniques. Luc GUÉRIN. • ,
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