Le Contrat Social - anno V - n. 3 - mag.-giu. 1961

QUELQUES LIVRES latrice, qu'« étant donné l'importance exceptionnelle (...) de la Fédération de la Seine, il est indispensable que deux ou trois membres du Comité directeur soient également membres du Comité de la Seine (soit par élection de militants de la Seine au Comité directeur, soit par introduction dans le Comité de la Seine de membres du Comité directeur en vertu d'une décision spéciale de ce dernier)» (La Correspo1Ulanicneternationale, 29 juin 1922). A notre connaissance, c'est le seul texte publié où l'I.C. ait avoué sans ambages que le centralisme dit démocratique implique des machinations telles que la décision du Comité directeur d'introduire des membres de son choix dans des comités qui, suivant la lettre des statuts, devaient être élus à une conférence dûment convoquée, par des délégués régulièrement mandatés. Autre exemple : dans le préambule d'une résolution de la première Conférence d'organisation, l'affirmation selon laquelle «si excellente que soit la politique du Parti, elle n'est réalisable que si le Parti est construit de telle sorte qu'il puisse la mener dans la classe ouvrière » est suivie de trois points dans le recueil (t. II, p. 215). Or, dans sa version intégrale, la résolution enchaîne comme suit : «Pour cela, ses instruments sont ses membres dans les usines ... » (La Correspondanceinternationale, 9 juin 1925). Il n'existe pas d'autre document affirmant que les adhérents sont des instruments du Parti, définition très pertinente et d'importance certaine pour l'intelligence de la structure organique des partis totalitaires. D'autre part, le délestage des documents reproduits n'a pas consisté seulement à supprimer des · passages entiers, mais encore à placer des points de suspension au milieu des phrases, ce qui rend l'utilisation du recueil bien plus difficile sans en réduire notablement le volume ; en fait, on ne voit guère les raisons de ce procédé. , Last but not least, à quelques exceptions près, chaque document est introduit par une note qui rappelle les faits auxquels il se rapporte, les circonstances de sa mise au point. les commentaires des dirigeants, etc. La valeur instructive en est remarquable. Si l'on trouve ça et là une inexactitu?e, c'est à propos des interprétations, non des faits eux-mêmes. Ainsi, en présentant l'appel du Comité exécutif aux membres du Parti socialiste et des syndicats d'Italie en novembre 1920, l'auteur affirmequ'à la suite de l'occupation des usines, les employeurs italiens consentirent «à une formule vague concédant aux syndicats ·une part dans la gestion de l'industrie» (t. I, p. 199). En fait, il ne s'agissait point de participation des syndicats à la gestion,mais bien de l'instauration du contrôle ouvrier, dans l'acception française du terme« contrôle ».L'appréciation elle-même(« formulevague ») s'appuie probablement sur La Naissancedu fascisme d'A.Rossi. Or celui-ci s'est trompé sur ce point : la loi italienne sur le contrôle ouvrier n'a rien de va~e. C'est même, jusqu'à présent, le texte législatif le plus avancé qui ait été conçu à ce sujet ; Biblioteca Gino Bjanco 181 son avortement n'est nullement imputable à des défauts intrinsèques. En lisant les notes introductives, on déplore sérieusement l'absence de références bibliographiques. Les spécialistes eux-mêmes ne pourront pas toujours faire le départ entre les quelques allégations empruntées à Franz Borkenau, à Ruth Fischer, etc., et l'abondante information tirée de sources irrécusables. Mais ce sont surtout les qualités de ces notes explicatives qui font regretter l'omission des sources. Mme Degras a compulsé une quantité de publications et de documents, jusques et y compris les comptes rendus des congrès du Parti russe, les archives de Trotski et celles de Jules Humbert-Droz, le fonds russe de la Hoover Library et de la Library of Congress. Espérons qu'elles ne se contentera pas d'utiliser cette documentation pour ses notes introductives, mais qu'elle complétera son recueil par un précis d'histoire générale de l'Internationale communiste qui, si utile en soi, donnerait une impulsion à l'étude des problèmes particuliers en servant de guide. Elle a pour cette œuvre historique les qualifications nécessaires. PAUL BARTON. Pour et contre la bourgeoisie FÉLIXC0LMETDAAGE: La Classe bourgeoise, ses origines, ses lois d'existence, son rôle social. Paris 1960, Nouvelles Editions latines, 3r7 pp. RÉGINEPERN0UD: Histoire de la bourgeoisien France. Des origines aux temps modernes. Paris 1960, Ed. du Seuil, 472 pp. M. CoLMETDAAGE- qui se flatte d'appartenir à une longue lignée de robins, et de qui un trisaïeul, ancien marchand bonnetier, fut fait pair de France à quatre-vingt-quatre ans par le roicitoyen - M. Colmet Daâge a voulu « essayer de guérir les bourgeois du besoin de se diffamer eux-mêmes qui les obsède depuis des années». Cela nous vaut un plaidoyer d'une belle fougue, vivant et coruscant, mais tout à fait dépourvu de valeur théoriq~e ou historique. L'auteur manie au hasard des concepts qu'il ne songe pas à délimiter, à commencer par celui de bourgeoisie. Et s'il se déplace avec aisance à travers le temps et l'espace, c'est sans aucun souci de précision. Les affirmations inexactes foisonnent sous sa plume : l'or américain a fait la fortune des Médicis (p. 36) ; le député Vallon a fait voter en 1873 le principe du régime républicain (p. 51); même affirmation p. 260, mais si le nom est correctement orthographié Wallon, la date demeure fausse et ce député se voit attribuer un mot prononcé par Thiers en 1850; Auriol fut le ministre des finances du Cartel (p. 52); Etienne Boileau prend le prénom du poète classique (p. 57); la place Vendôme date

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