K. A. WITTPOGEL finale, Mussolini se rangea aux côtés de Hitler contre les puissances démocratiques. Les pays du camp communiste sont liés par des liens institutionnels et doctrinaux encore plus fortement que ne l'étaient les pays fascistes. Cela demeure vrai en dépit de la rupture de Tito avec Moscou. Tito s'était senti menacé par les exigences excessives de Staline ; sa position géographique et militaire était extrêmement forte : en 1948, les montagnes accidentées de Yougoslavie paraissaient inexpugnables ; et il avait sans doute une piètre opinion des armées soviétiques : il n'ignorait pas que Moscou devait sa victoire sur Hitler en grande partie au soutien apporté par l'Occident. Mao se fait de !'U.R.S.S. une image très différente. Quand les Chinois «libérèrent» le continent, ils eurent dans l'Union soviétique, et cela malgré la lourde poigne de Staline, une alliée très efficace.Les succès remportés par l'U .R.S.S. depuis la fin des années 40 les convainquirent certainement de sa grande force économique et militaire. De plus, les communistes chinois ne semblent pas hantés de craintes géo-militaires. La Mandchourie, la Ruhr chinoise, a une longue frontière avec l'Union soviétique; ce qui n'a pas empêché Pékin de construire deux voies ferrées stratégiques pour se rattacher plus efficacement à !'U.R.S.S. Il est hors de doute que les rapports économiques entre Moscou et Pékin sont caractérisés par un âpre marchandage, mais la Chine communiste ne peut pas être exploitée à volonté. Pas plus que Pékin ne jette des regards d'envie Biblioteca Gino Bianco 137 sur la Sibérie, comme d'aucuns le répètent si souvent. Ceux qui insistent sur le besoin qu'a la Chinè de trouver un exutoire à la prolifération de sa population négligent les particularités des conditions démographiques de l'économie communiste en général et celles de la politique économique de Mao en particulier. Depuis la collectivisation de l'agriculture, Pékin souffre d'une grave pénurie de main-d'œuvre dont même les communes n'ont pu venir à bout. Compte tenu des désaccords ci-dessus mentionnés, découlant en partie de_conflits d'ancienneté et de la mégalomanie croissante des deux autocrates vieillissants, Mao et Khrouchtchev, et même si l'on envisage la possibilité de frictions allant jusqu'à une brouille limitée, les faits sociohistoriques n'en donnent pas moins à penser que les deux dirigeants communistes, de même que Hitler et Mussolini, sont liés l'un à l'autre par des conditions institutionnelles et des perspectives historiques qui contrebalancent de beaucoup leurs divergences possibles. Mao a déclaré à maintes reprises que la première guerre mondiale a livré aux communistes un sixième du globe, la deuxième un tiers, et que la prochaine leur vaudrait l'empire du monde entier. Sa perspective implique un «camp socialiste » unifié. Et à moins de folie imprévisible, il est peu vraisemblable que Mao détruise la condition même dont dépend, à son avis, le triomphe du communisme universel. KARLA. WITTFOGEL. (Traduit de l'anglais)
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