Le Contrat Social - anno V - n. 2 - marzo-aprile 1961

CHRONIQUE Les « Nations Unies» en question ON EST supposé savoir que les Nations Unies, comme la défunte Société des Nations (19201946) avant elles, ont été organisées (en 1945) pour assurer la paix et la sécurité dans le monde. Elles doivent favoriser les relations amicales entre les peuples en respectant leur égalité de droits. Subsidiairement, elles étudient les problèmes internationaux d'ordre économique, social et culturel. Elles ont pour principes l'égalité des nations qui en font partie ; l'obligation de tenir les engagements contractés; le règlement pacifique de tout litige international ; le renoncement à la force ou à la menace ; la solidarité dans toute action entreprise par l'organisation commune. Telle est la théorie. La pratique n'a rien de commun avec la théorie, car les abstractions idéologiques sont une chose, mais les réalités politiques en sont une autre. Il était inévitable que l'O.N.U. prenne la même voie que la S.D.N. et, à moins d'une prochaine réforme de fond en comble, se destine au même sort. L'arithmétique égalitaire et la forme statutaire sont impuissantes contre une dynamique révolutionnaire précise qui se donne libre cours sans rencontrer d'obstacle. On a célébré triste- .ment l'an dernier le quinzième anniversaire de l'institution et l'histoire de ces quinze années tourne en dérision · les bonnes intentions des fondateurs, leur Charte et leur doctrine illusoires. Les commentaires désabusés sur l'O.N. U.- évoquent immanquablement la S.D.N. : les mêmes effets découlent des mêmes causes. Dans un discours au Guildhall, le 31 juillet 1957, W. Churchill, l'un des pères fondateurs, a exprimé en termes diplomatiques, mais assez nets, les inquiétudes que lui inspirait depuis longtemps la tournure des affaires de l'O.N.U. et il a préconisé comme suit la réforme du parlement international : « Il est certain que si l'Assemblée (de l'O.N.U.) continue de prendre des décisions fondées sur l'inimitié, l'opportunisme, ou simplement la jalousie et la mauvaise humeur, toute la structure risque d'être réduite à néant ... -II est anormal que le vote· ou le préjugé de n'importe quel petit pays puisse affecter des événements impliquant des populations maintes fois supérieures en nombre à la sienne, et cela pour un avantage égoïste momentané. » En conclusion, Churchill pensait que « nous sommes tous d'accord pour estimer que la constitution actuelle de l' organisation (des N. U.) est imparfaite et doit être modifiée ». C'étaitaprès la honte ineffaçabledont, par sa Biblioteca Gino Bianco passivité, se couvrait l'O.N.U. devant l'intervention militaire de l'Union soviétique en Hongrie, le massacre des ouvriers et des étudiants de Budapest et la répression sauvage du sentiment populaire hongrois par les communistes aux ordres de Moscou (alors que la S.D.N. avait tout de même exclu l'URSS après l'agression perfide de Staline contre la Finlande). « Je ne puis me défendre de songer au sort de la Hongrie », dit Churchill, se bornant à. cette allusion, donc sans aller au fond des choses, sauf quand il mettait en cause l'absurde et hypocrite égalitarisme entre pays représentés à l'O.N. U., stipulé par les statuts comme pour condamner celle-ci à l'impuissance. Mais la vérité oblige d'observer qu'il ne s'agit pas seulement d'impuissance dans les cas où une majorité se prononce conformément à la raison d'être de l'organisation : en fait l'O.N. U. ne peut servir que les intérêts de l'impérialisme communiste quand elle ne s'avère pas incapable d'agir. Par définition même, l'O.N.U. consacre le droit de chaque pays membre de se mêler de ce qui ne le regarde pas et, singulièrement, le droit de l'Union soviétique flanquée de ses satellites d'intervenir partout où le communisme a quelque chance d'obtenir un avantage. Comme les États communistes sont les seuls qui soient d'esprit conquérant, dominateur et entreprenant, ils profitent de leur monopole de l'initiative pour harceler les nations pacifiques, susciter ou attiser les troubles, provoquer et armer des actions subversives, exploiter les situations confuses ou instables, gagner du terrain sous tous les prétextes, enfin se servir de la tribune de l'O.N.U. pour exercer leur propagande incendiaire et leur chantage cynique à une échelle inconnue jusqu'à . . ce Jour. . Dans cette voie, il n'y a aucune raison de supposer que l'O.N.U. puisse jamais servir l'idéal qu'elle se proposait à l'origine; au contraire, tout concourt à prouver qu'elle ne sert et ne servira que la puissance communiste. Le général Mark W. Clark, qui commanda les forces des Alliés en Italie et celles de l'O.N.U. en Corée, le reconnaissait en disant (17 avril 1960) qu'il doutait que l'appartenance américaine aux Nations Unies ait la moindre utilité, ajoutant que « rien de bon ne se produira aux Nations Unies ». Il faut comprendre « rien de bon » comme un euphémisme car, sans attendre l'année 1960, on pouvait prévoir le mal qui en sortirait. Dès le 15 juin 1948, !'Observateurdes Deux Mondes

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