R. J. ALEXANDER qui déclara que si les États-Unis attaquaient Cuba (il savait parfaitement qu'il n'en était pas question) son pays lâcherait la bombe à hydrogène sur les U.S.A. Cette situation n'offre cependant pas que des avantages à l'URSS. Le New York Times notait le 19 novembre 1960 que les dirigeants soviétiques semblaient nourrir des arrière-pensées sur les responsabilités qu'ils avaient assumées à l'égard de Cuba. N'essayaient-ils pas de convaincre Fidel Castro de modérer ses attaques furieuses contre les États-Unis et en particulier de cesser de brandir la menace de la bombe soviétique ? En outre, rien n'indique pour le moment que l'Union soviétique soit prête à acheter les trois millions de tonnes de sucre cubain que les ÉtatsUnis n'achèteront pas en 1961. · Activité des P.C. locaux EN DEHORS de ses activités directes et de celles de ses satellites en Amérique latine, l'URSS continue d'agir par le truchement des partis communistes de la région. Jadis, l'autorité de Moscou sur l'activité du Parti était vantée publiquement. Les réunions périodiques du Comintem, puis, après la deuxième guerre mondiale, du Cominform furent le théâtre de discussions interminables sur les problèmes des P.C. nationaux, y compris ceux d'Amérique latine. Les rapports de ces débats et des consignes données aux différents P.C. étaient publiés dans la presse communiste du monde entier. Cependant, depuis la dissolution du Cominform il y a quelques années, la méthode de transmission des ordres du K.remHn est devenue plus discrète. Divers prétextes ont été utilisés, comme les :XXe et XXIe Congrès du P.C. de l'URSS en 1956 et 1959, pour réunir les < délégués frères » de tous les pays afin d'élaborer la politique commune et de· définir les objectifs régionaux. La dernière réunion de ce genre a eu lieu à Moscou en novembre-décembre 1960 à l'occasion du 43e anniversaire de la Révolution. Dès l'origine, les partis communistes d'Amérique latine, comme tous les autres, ont été subordonnés à Moscou. Parfois, le fait a été clairement mis en évidence; au début de l'année 1950 les deux P.C. du Guatemala furent fondus après le retour de Moscou du chef d'un des deux partis, sans qu'il y ait eu congrès du Parti ou même réunion du comité exécutif de l'un des groupes. Mais d'habitude la main soviétique est moins appare~te. Les chefs communistes d'Amérique latine sont formés et reçoivent des cours de perfectionnement dans la doctrine au-delà du rideau de fer. Un publiciste américain, Daniel James, a ainsi décrit l'un des principaux centres de ce genre d'endoctrinement : A Prague (...) se trouve le prétendu Institut d'étude dea relations avec l'Amérique latine. Cet institut (...) Biblioteca Gino Bianco 115 forme des agitateurs, des espions et des saboteurs qui opéreront en Amérique latine. Son effectif est de 750 étudiants, dont 15 % environ sont inscrits à !'École des relations internationales... Ce rassemblement de communistes venus d'Amérique latine et d'Europe pour étudier ensemble vise à leur inculquer un esprit d'équipe. Après l'obtention du diplôme, les LatinoAméricains retournent dans leurs pays respectifs, bientôt rejoints par les diplômés européens qui peuvent être d'anciens condisciples 7 ••• A partir des années 20, les P.C. d'Amérique latine et ceux d'autres parties du monde ont dit et répété que leur objectif essentiel consistait à « défendre l'Union soviétique». En 1946, Luiz Carlos Prestes, chef du P.C. brésilien, déclara que si son pays était entraîné dans une guerre contre l'Union soviétique, le Parti appuierait l'URSS. Chaque P.C. latino-américain a fait de même. Bien que dans l'après-guerre les communistes aient eu tendance à se montrer plus réservés quant à leur fidélité, ils n'ont jamais cessé leurs panégyriques de l'Union soviétique, ni leur appui constant à chacun de ses tournants politiques, ni leurs injures à l'égard de ses adversaires, en particulier les États-Unis. Au cours de ces dix dernières années, un changement important est intervenu dans la ligne des communistes d'Amérique latine. Tout en continuant à chanter les louanges de l'URSS, berceau de la Révolution (leur principal éloge avant la deuxième guerre mondiale), ils mettent maintenant l'accent sur le fait que l'Union soviétique, nation sous-développée à l'origine, a connu une expansion économique extraordinairement rapide. Et d'en conclure évidemment que seuls les communistes sont capables de pareille réussite économique dans leur propre pays. Depuis que Fidel Castro semble tenter d' « exporter » son type de révolution dans le reste de l'hémisphère, de grosses cargaisons d'armes arriveraient à Cuba en provenance des pays communistes, et cela dans des proportions · qui paraissent excéder les besoins éventuels de la défense de l'île. Toujours est-il que le président Betancourt accusa les communistes et les fidélistes d'avoir fomenté l'éphémère tentative d'insurrection contre le gouvernement vénézuélien en décembre 1960. Il existe maintenant uri P.C. dans chaque pays d'Amérique latine. Mais pour le moment ils sont une menace plus virtuelle que réelle pour l'évolution démocratique des différents pays, sauf peut-être en ce qui concerne le P.C. cubain. Cependant ils sont une arme -que l'Union soviétique a toujours sous la main. L'une des principales activités des P.C. locaux consiste à faire fonctionner toutes sortes d'organisations paracommunistes, de jeunesse,de femmes, 7. Daniel James : Red Design for the Americas : Guatemalan Prelude, John Day Co, New York 1954, p. 203.
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