Le Contrat Social - anno V - n. 2 - marzo-aprile 1961

114 de propagande. Bien que les noyaux communistes soient actifs dans les « sociétés culturelles » et les « associations amicales » ( où des postes rémunérés servent à encourager les membres locaux), on s'efforce aussi de recruter des personnalités du monde politique ou culturel n'ayant aucune relation évidente avec· l'Union soviétique ; celles-ci adhèrent auxdites associations pour des motifs variés, depuis la simple curiosité intellectuelle ou un intérêt culturel désintéressé jusqu'à des considérations d'ordre politique ou des tendances procommunistes. Thèmes et slogans LESPAYSdu bloc soviétique cultivent certains thèmes ( à la fois négatifs et positifs) dans leur propagande destinée à l'Amérique latine. Les attaques lancées contre l' « impérialisme américain» et les « fauteurs de guerre» par Khrouchtchev à la session de 1960 de l'Assemblée générale des Nations Unies étaient destinées, entre autres, aux oreilles latino-américaines. L'habitude qu'a Khrouchtchev de brandir ses bombes thermonucléaires vise également à impressionner les pays d'Amérique latine, comme il l'a d'ailleurs précisé fort clairement au cours de l'été 1960 lorsqu'il menaça d'utiliser la bombe H en raison de la situation à Cuba. Les appels positifs des communistes sont probablement plus utiles pour créer un mouvement ·d'opinion favorable à l'Union soviétique. L'URSS a employé avec une insistance croissante l'argument selon lequel sa propre méthode de développement économique est un exemple que l'Amérique latine devrait suivre. Un échantillon du genre est fourni par les discours de Mikoïan qui vint au Mexique en novembre 1959 pour inaugurer l'exposition commerciale soviétique. Il déclara notamment : Nous autres Soviétiques, communistes, avons lancé un défi. Nous avons affirmé que nous sommes en train de rattraper et· de dépasser les États-Unis en ce qui concerne la production industrielle. C'est là un défi audacieux. Jadis, on nous a ri au nez ... Mais lorsqu'on s'aperçut que nous avions construit des fusées, des satellites, des centrales atomiques, le premier navire atomique à des fins civiles( ...) il y eut plusieurs sessions spéciales du Congrès américain (...) où l'on discuta la question du taux d'expansion soviétique ... Dans ce domaine, nous possédons beaucoup d'avantages sur le capitalisme. Aux États-Unis, le principal stimulant est le profit (...) même dans les meilleures années, une capacité de production de 20-25 millions de tonnes (d'acier) reste inemployée... Il est improbable que pareille chose puisse nous arriver (Whitaker : op. cit.). Moscou use d'un autre argument de choix en faisant miroiter les avantages supposés que les · pays d'Amérique latine pourraient tirer d'un accroissement des échanges commerciaux avec le bloc communiste. L'un des objectifs essentiels du Kremlin a été d'accroître son· commerce et celui des. satellites avec l'Amérique latine. TouBiblioteca Gino Bianco L'EXPÉRIENCE. COMMUNISTE tefois, jusqu'à ce que Fidel Castro prenne une direction nettement prosoviétique à la fin de. 1959, les communistes n'avaient remporté que de modestes succès dans cette entreprise. Notons cependant que l'Union soviétique a parfois mené une politique. commerciale nettement contraire aux intérêts de tel .ou tel pays latino-américain. Ainsi en 1958 elle lança sur le marché, à des prix de dumping, de très gros contingents d'étain, ce· qui eut des effets désastreux sur les prix mondiaux. Le gouvernement bolivien protesta amèrement contre cette mesure. A l'heure actuelle les Vénézuéliens s'inquiètent des opérations de l'Union soviétique sur le marché international du pétrole. Le président Romulo Betancourt, dans son rapport à la nation le " 13 septembre 1960, fit à ce propos les commentaires suivants : Nous désirons discuter avec l'Union soviétique du fait que quatre ou cinq cent mille barils quotidiens de pétrole dont la Russie dispose, après avoir satisfait à ses propres besoins, à ceux de la Chine et de l'Europe centrale, sont offerts à l'Inde, à Ceylan et à d'autres pays au-dessous du cours mondial... (Betancourt : op. cit., p. 13.). · La propagande communiste fait également miroiter l'aide que le bloc soviétique pourrait octroyer aux pays d'Amérique latine qui aspirent à une croissance économique rapide. La déclaration suivante de Mikoïan, faite lors de sa visite au Mexique en 1959, en est un exemple : Il va sans dire que le taux d'expansion des pays sous-développés augmenterait - et ce ne serait que justice - si les puissances coloniales qui ont dépouillé ces pays leur restituaient les produits de leurs rapines, même sans intérêt ... Nombre de pays qui ont secoué le joug colonial sont devenus des États indépendants, mais ils sont encore assujettis économiquement aux monopoles capitalistes. Dans six pays arabes les monopoles pétroliers britanniques et américains font des bénéfices monstrueux... Nous demandons un intérêt annuel de 2,5 % pour nos prêts... Nous ne recherchons pas le profit... En outre, nous accordons gratuitement aux pays sous-développés des licences pour la fabrication des machines et autres articles... (Whitaker : op. cit.) Le mélange d'appels positifs et négatifs, tels que cette déclaration en offre l'exemple, est évidemment un procédé courant. L'Union soviétique et les autres pays communistes assortissent presque toujours leurs discours sur l'aide qu'ils peuvent apporter aux nations d'Amérique latine d'attaques violentes contre les U.S.A., qui sont reprises par les P. C. locaux. Les événements de 1959 et 1960 à Cuba représentent le type de situation que l'Union soviétique est toujours prête à exploiter. Fin 1959, les dirigeants cubains ·se tournèrent vers !"Union soviétique pour demander une aide économique, mais aussi politique et même militaire. L'URSS répondit par une aide économique . limitée et par un _discours impétueux de Khrouchtchev

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