Le Contrat Social - anno V - n. 2 - marzo-aprile 1961

R. J. ALEXANDER une délégation commerciale en Uruguay et un consulat général en Colombie. En tout sept pays d'Amérique latine avaient des relations officielles avec l'URSS ou l'un de ses satellites et aucun avec la Chine communiste ou l'Allemagne de l'Est 2 • Depuis le début de l'année 1959, la zone d'action diplomatique communiste s'est à nouveau quelque peu étendue. Fidel Castro a non seulement reconnu l'Union soviétique et plusieurs de ses satellites, mais il a le premier établi des relations diplomatiques avec Pékin. Le bruit a couru que le Brésil pourrait rétablir bientôt ses relations avec l'URSS, rompues en 1947 (notons à cet égard que J anio Quadros, élu président du Brésil · en octobre 1960, a visité et l'Union soviétique et la Chine communiste lors du long périple qu'il fit autour du monde l'année précédente). Les rumeurs selon lesquelles le Venezuela était sur le point de reconnaître l'Union soviétique ont été démenties par le président Betancourt, bien que ce dernier ait avoué avoir établi des contacts officieux avec l'URSS pour discuter des problèmes de l'industrie pétrolière intéressant les deux pays 3 • Dans l'ensemble, les gouvernements latino-américains sont restés fort circonspects quant à la reconnaissance officielle, entre autres par crainte que la présence d'ambassades soviétiques et des pays satellites ne renforce les P.C. locaux et groupements apparentés. La tactique du tourisme L'ABSENCE d'une représentation diplomatique étendue n'a pas empêché l'Union soviétique, les ·pays satellites et la Chine communiste de mener d'actives campagnes de propagande. Le tourisme politique a joué à cet égard un grand rôle. Un nombre toujours croissant de Latino-Américains issus de toutes les couches sociales se voient offrir des voyages luxueux, tous frais payés, en Union soviétique, en Europe orientale, et plus récemment en Chine. Ces voyages coïncident souvent avec tel ou tel congrès « mondial » ( de jeunes, de femmes, de syndicalistes, etc.) organisé par l'appareil communiste international. Il est difficile de connaître exactement le chiffre annuel de ces touristes, bien que leur nombre s'élève sans aucun doute à plusieurs milliers. Selon l'ex-sénateur américain William Benton, la seule Union soviétique dépense chaque année plus d'un million de dollars uniquement pour les billets d'avion de ces voyageurs latinoaméricains 4 • Une étude effectuée au milieu de 2. Robert Loring Allen : Swiet Influence in Latin America : The Role of EconomieRelations, Public Affairs Press, Washington 1959, p. 86. 3. Romulo Betancourt : « Por buen camino hacia la recuperacion economica del pais •, in Imprenta N acional, Caracas 196<>, p. 13. 4. William Benton : « The Communist Threat at our Back Door •, in New York Times Magazine, 17 juillet 1960. Biblioteca Gino Bjanco 113 l'année 1959 cite les exemples suivants de voyages en groupe que la publicité qualifie de libres : un groupe de trente et un danseurs folkloriques boliviens qui visita Prague, Moscou et Pékin ; une délégation de douze syndicalistes des mines du Chili qui assista à un Congrès mondial des mineurs à Moscou ; une délégation de dix-neuf parlementaires et journalistes péruviens, et un groupe de six éminents juristes péruviens qui se rendirent à Moscou et Pékin.; un groupe de députés colombiens invités en Tchécoslovaquie et qui furent les hôtes du Parlement tchèque, puis allèrent en Allemagne de l'Est, à Moscou où ils furent reçus par Khrouchtchev, et à Pékin où ils eurent une entrevue avec Mao Tsé-toung. En Argentine, un certain nombre de bourses d'études pour Moscou avaient été octroyées à des personnes qui ignoraient le russe, mais avaient une bonne connaissance de l'anglais, du français ou de l'allemand 5 • Il importe de noter qu'une grande partie de ce cc tourisme » politique est maintenu plus ou moins à l'écart de l'activité des P.C. d'Amérique latine. La grande majorité des personnes qui voyage dans ces excursions accompagnées n'est pas communiste. Certains sont bien disposés à l'égard de l'Union soviétique, d'autres non. Ces derniers font le voyage par curiosité, par goût de l'aventure, par désir d'exotisme ou pour satisfaire d'autres intérêts personnels. Il est difficile d'évaluer l'effet global de ces voyages. Certains reviennent hostiles, d'autres avec des sentiments partagés. Ceux qui, dès le départ, se sentaient attirés par le communisme reviennent d'habitude ancrés davantage dans leurs idées. Il se peut aussi que beaucoup parmi ceux qui auraient à formuler des critiques soient retenus par les idées occidentales de courtoisie selon lesquelles un invité ne critique pas son hôte. Outre leurs efforts touristiques, l'Union soviétique et ses satellites mènent une propagande intensive dans les pays même d' .Atµérique latine. L'un des vecteurs importants de cette propagande sont les « sociétés culturelles et sociales » dirigées par les pays du bloc soviétique. On a évalué que le nombre de ces organisations était passé de 40 en 1957 à 84 en 1958 6 • La seule Argentine en comptait 22 en 1959 (discours de Moore, cité note 5). Ces centres exercent une gamme étendue d'activités : cours de russe, sujets culturels, orientation politique et endoctrinement. Ils servent à recruter les « touristes » politiques, ne les perdent pas de vue à leur retour et les utilisent à des fins 5. Discours prononcé par John D. J. Moore à la conférence sur l'Amérique latine de !,université de Stanford, 10 octobre 1959. 6. Arthur Whitaker : « Our Reaction to Communist Infiltration in Latin America », in Annals of the American Academy of Political and Social Scimu, juillet 1960.

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