Le Contrat Social - anno V - n. 2 - marzo-aprile 1961

L'ACTION SOVIÉTIQUE EN AN.{ÉRIQUE LATINE 1par Robert J. Alexander AVANT LA RÉVOLUTION de 1959 à Cuba et l'instauration du régime de Fidel Castro, l'Amérique latine n'attirait pas spécialement l'attention de l'Union soviétique. Ce qui ne veut pas dire que cette partie du monde ait été oubliée. L'Union soviétique y exerçait une pression constante depuis la deuxième guerre mondiale et s'employait à tirer profit de la moindre fissure dans la situation politique locale oy les relations de l'Amérique latine avec les Etats- . Unis pour étendre son influence et saper celle de son grand rival. Les objectifs des Soviétiques dans cette région étaient multiples. Ils désiraient vivement accroître le nombre des pays qui reconnaissaient l'URSS. Ils cherchaient à augmenter leur commerce avec l'Amérique latine. Ils s'attachaient à miner l'appui fréquent que les nations latino-américaines apportaient aux États-Unis à l'O.N.U. Enfin, l'objectif à long terme restait de gagner de l'influence et d'avoir la haute main sur les vingt républiques latines de l'hémisphère au nom de la révolution communiste mondiale. L'Union soviétique détenait certains atouts. D'abord elle a su jouer des pays satellites d'Europe orientale là où une tentative d'approche directe de la part de Moscou risquait de provoquer trop de résistance. (Dans la suite de cet exposé, l'activité de l'Union soviétique et celle des satellites seront confondues, l'action menée par ces derniers étant dirigée depuis le Kremlin.) En deuxième lieu l'URSS tenait sous sa férule les partis communistes, parfois turbulents mais obéissants, dans chacune des républiques latino-américaines. . Les succès de l'Union soviétique dans ses· tentatives pour obtenir une reconnaissance diplomatique généralisée ont beaucoup varié en quarante ans. En 1920 le Mexique et l'Uruguay furent les premiers à reconnaître l'Union soviétique nouvellement née ; ces· deux pays servirent de quartiers généraux au Comintern, respectiBiblioteca Gino Bianco vement dans la zone des Carai"beset en Amérique latine. En 1935 la Colombie suivit l'exemple, mais par la suite le Mexique et l'Uruguay rompirent les relations établies. Ainsi, lorsque la deuxième guerre mqndiale éclata, la Colombie était le seul pays latino-américain à reconnaître l'Union soviétique. L'alliance de guerre contractée entre les nations occidentales et l'URSS induisit un nombre relativement élevé de pays latino-américains à reconnaître l'Union soviétique : Cuba en 1942; le Nicaragua, le Chili et Costa-Rica en 1944 ; la Bolivie, le Brésil, la république Dominicaine, l'Équateur, le Guatemala et le Venezuela en 194 5 ; enfin l'Argentine en 1946 1 • Avec la guerre froide, cette tendance fut à nouveau renversée. Plusieurs pays rompirent avec l'Union soviétique et les États satellites, certains arguant du fait que les agents diplomatiques communistes s'immisçaient dans la politique intérieure des nations auprès· desquelles ils étaient accrédités. Ainsi le gouvernement chilien du président Gabriel Gonzalez Videl annula sa reconnaissance de l'Union soviétique et de la Yougoslavie en 1947. (Plus récemment, en 1959, les relations entre l'URSS et le Mexique et l'Argentine furent mises en péril de la même manière lorsque des diplomates soviétiques furent accusés d'ingérence dans les grèves locales, mais on n'alla pas jusqu'à la rupture.) Au' début de l'année 1958, il n'existait que dix..:neufmissions diplomatiques du bloc soviétique dans les pays latino-américains. L'URSS elle-même avait des ambassades en Argentine et au Mexique et une légation en Uruguay. La Tchécoslovaquie entretenait des légations en Argentine, au Brésil, en Bolivie et au !Mexique, · 1 . 1. William ·z. Foster : Outline History of the Americas, International Publishers, New York 1951, p. 375.

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