Le Contrat Social - anno V - n. 2 - marzo-aprile 1961

V.ALBA Cuba offre à cet égard 1:111 exemple lumineux. Les jeunes gens qui épousèrent le mouvement révolutionnaire de Castro n'avaient aucune éducation politique, en dehors peut-être de la littérature de l'époque du Front populaire à laquelle les événements de la lutte de Castro prêtaient une nouvelle auréole de romantisme. Leur manque d'expérience politique les rendait aveugles aux vrais dangers du crypto-communisme de même qu'à la longue collaboration des communistes avec Batista, si tant est qu'ils l'aient connue. - Ainsi, lorsque Castro triompha, nombre de ses partisans adoptèrent des positions crypto-com- . munistes, sincèrement convaincus que c'était là une question de principes démocratiques. Ce qui permit immédiatement aux communistes de mettre en œuvre leur arsenal de techniques de persuasion, éblouissant les uns, flattant les autres, en menaçant d'autres encore. Et peu à peu, pris dans le filet de nouveaux droits acquis, de fanatisme attisé par les flammes d'une incessante propagande et de refus arrogant d'admettre qu'ils s'étaient trompés ou avaient été induits en erreur, ceux qui n'étaient pas communistes à l'origine finirent par penser comme les communistes sans avoir besoin d'adhérer formellement au Parti; et ils collaborèrent avec les communistes pour embrigader les masses et appliquer une politique manifestement. destinée à utiliser Cuba pour provoquer les États-Unis et le reste de l'Amérique latine. Il est significatif que ceux des premiers partisans de Castro qui ont rompu avec lui sont précisément ceux qui possédaient le plus d'expérience politique. En dernière analyse, il faut mettre ce manque d'expérience au compte des éléments réactionnaires qui soutinrent aveuglément la dictature, privant ainsi le peuple cubain de l'occasion de se former à la pratique démocratique. Le résultat a été d'ouvrir la porte à l'infiltration communiste. Pareilles conditions n'existent évidemment pas partout, et dans d'autres pays les communistes adaptent cette tactique à la situation locale. Aux élections vénézuéliennes de 1958 comme aux 1 Biblioteca Gino Bianco 111 élections brésiliennes de 1960, les communistes soutinrent la candidature à la présidence de militaires sans expérience politique (vice-amiral Larrazabal au Venezuela et maréchal Lott au Brésil). Ailleurs, ils ont soutenu les partis de formation récente et de peu d'expérience, par exemple le parti social-chrétien au Pérou aux élections de 1956. Dans d'autres cas encore, comme en Argentine, ils se sont alliés aux forces démocratiques vaincues et ont manœuvré pour les dominer ; ou bien, comme actuellement au Venezuela, ils soutiennent les éléments procastristes qui ont rompu avec les mouvements démocratiques. A travers ces formes diverses, la tactique communiste est toujours foncièrement la même : elle vise à profiter de l'inexpérience politique ou du manque de vigilance d'un parti ou d'un candidat, à les utiliser, à les hypothéquer et, quand cela est utile, à se cacher derrière eux. Parfois, afin de créer des difficultés aux régimes démocratiques et d'entretenir le mécontentement populaire ou de complaire à leurs alliés conservateurs dénués d'expérience, les communistes s'opposent aux mesures de réforme sociale. C'est ainsi qu'en ce moment ils soutiennent activement la législation de réforme agraire dans tous les pays où elle est à l'étude. Mais au Pérou, où le gouvernement a entrepris en 1960 de « nationaliser par paliers tous les gisements pétrolifères », l'opposition est venue de l'extrême droite et des communistes 23 • L'agitation ainsi créée pose des problèmes à la diplomatie occidentale et met en péril les régimes démocratiques en créant des conditions propices aux coups d'État militaires visant à « établir l'ordre». La tactique actuelle des communistes fait d'eux des alliés en puissance de tous les dictateurs futurs. VICTOR ALBA. (Traduit de l'anglais) 23. Dépêche de Lima à !'United Press International, 12 oct. 1960.

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