78 ci qui les définit comme « le pl~s gran~ exploiteur international, le gendarme 1nternat1onal, le principal rempart de la ~éaction mondial~ e~ du colonialisme contemporam, la force principale d'agression et de guerre, l'ennemi principal du peuple dans le monde ». Mais cinq aut~es allusions du même genre (et non ~lus huit?) o~t été censurées : nouvelle attestation du « conflit idéologique ». Or la Pravda du 26 janvier est une feuille de quatre pages dont les deux prem!ères sont remplies par le bilan du pl~,. économ1qu~p~ur 196?· En troisième page la depeche de re~ t1e!1tpres de deux colonnes et commence ams1 : « L agence Sinkhoua (Hsinhua en transcription anglaise) transmet le texte de la résolution, etc. » : on ne sait si le texte a été abrégé au départ, à Pékin, ou à l'arrivée, à Moscou. Si la Pravda esti~e que trois passages injurieux pour les États-Unis suffi.sentet que cinq de plus tiendraient trop de place sans que le lecteur y gagne, ou si le Comi~é central chinois juge que ses ouailles ont besoin de lire huit fois dans un même texte ce dont se contentent trois fois les ouailles soviétiques, on ne voit pas en quoi s'approfondit le « conflit idéologique». Surtout à propos de men~onges et d'injures comme la Pravda en a publié des milliers ou des millions et qui, au surplus, figurent dans la Déclaration commune de novembre dernier. Ce sont pourtant de tels indices qui alimentent la hantise du « conflit idéologique ». Il y a pire, puisque !'Observer, le New York Times et le New York Herald Tribune, et à leur suite quantité d'autres journaux, ont publié (12 et 13 février) des révélations aussi absurdes que tapageuses, fondées sur de prétendus documents secrets qui ne résistent pas au moindre examen. Ces forgeries recoupent étonnamment tous les détails du diptyque qui plaide en faveur du communisme rassurant de Khrouchtchev, homme de paix, contre le communisme dangereux de Mao, homme de guerre. Elles recoupent aussi les commentaires des jobards et des complices sur lesquels peuvent toujours compter les communistes, dans la presse et dans les coulisses ; cela seul devrait suffire à les discréditer. Le rôle burlesque attribué gravement à l'Albanie dans le « conflit idéologique » est encore un de ces traits qui prive toute l'histoire de toute vraisemblance. On se demande de quoi se préoccupe «l'Occident» en présence d'un pouvoir soviétique aussi impuissant à se faire entendre des Chinois qu'à se faire respecter des Albanais. On savait que Khrouchtchev n'est pas un nouveau Staline, mais on ne le croyait pas tellement proche de Gandhi. Le jour où se produiront des fuites authentiques, ou quand s'ouvriront certaines archives, la stupéfaction sera grande, à moins que tout ne soit alors oublié. En attendant, il est prudent de penser que le tyranneau de Tirana joue son air criard en accord dissonant avec la grosse caisse de Mao, ·annonciatriced'orage atomique, et avec la flûte de Khro~chtchev, 2 LE CONTRAT SOCIAL prometteuse de paix éternelle. En jargon m~steléniniste, cela revient à dire que le dogmansme et le révisionnisme sont admis ou tolérés dans une certaine mesure, chaque parti sachant « jusqu'où il peut aller trop loin». Hors de la peinture abstraite du « conflit idéologique », les réalités prosaïque~ qe , la gu~rre civile au Laos ont brusquement hqu1d~ une pièce · maîtresse du système élaboré pour établir l'irréductible antagonisme sin~-so_viétique,.: .Mao .se réserverait jalousement. 1 Asie, parait-11, voire l'Afrique et l'Amérique latine « sous-développées ~>, daignant abandonner à Khrouchtchev, provisoirement, l'Europe occidentale (moins l'Albanie~ et l'Amérique du Nord. Mais c'est Moscou 9?1 intervient militairement au Laos (pays vo1s1n de la Chine, sauf erreur) et avec qui Washington doit marchander une trêve des armes, en vue d'une conférence de neutralisation aussi aléatoire que pacifique. De même que Khrouchtchev, par ses fusées, protégea récemment Cuba d'une invasion américaine imminente, empiétant sur le domaine chinois aux Antilles ? Il est vrai qu'un éditorial du New York Times (3 avril) ne craint pas d'avancer, sans rire, que Khrouchtchev se mêle au Laos pour empêcher Mao de s'en mêle~. Ce journal aurait dû conclure en posant la candidature de Khrouchtchev au prix Nobel. * )f )f DANS des interviews avec M. Edgar Snow, écrivain américain à la dévotion du communisme, puis avec des journalistes japonais, Tchou En-lai a tenu très librement des propos qui rendent un son de vérité relative et qui méritent attention, car ils contribuent à éclairer quelque peu les questions discutables (New York Times et Monde du 17 janvier). Il reconnaît sans difficulté que des dissemblances existent entre communistes chinois et communistes soviétiques, précisant bien qu'il s'agit de dissemblances ( dissimilarities), et non de différences, lesquelles dissemblances découlent des « différentes situations des deux pays». La distinction est parfaitement acceptable, elle exclut le « conflit idéologique » tout en reflétant la disparité des situations d'où résulte la variété des tactiques et des mots d'ordre au service d'une stratégie commune. Comme il se doit, Tchou ne renonce pas aux clichés de propagande, mais qui alternent avec des paroles sensées qu'on aurait tort de ne pas prendre en, ~onsidération.. Quand il. raconte· q~e son pays. croit à la « coexistence pacifique», mais ne resterait pas les bras croisés si un Etat socialiste était attaqué, ce n'est que déclamation creuse et banale. Ses accusations à 1 'adresse des ÉtatsUnis ne sont pas plus dignes d'être relevées : elles font partie de la phraséologie courante et naturellement trompeuse des communistes, pas seulement chinois. Mais quand il constate que l'Union ~oviétique et la Chine communiste« vont dans la même direction générale » et que cela
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