Le Contrat Social - anno V - n. 1 - gennaio 1961

rev11e'1istorÏIJUet criti'}ue Jes /ait1 et Je1 iJée1 Janvier 1961 . Vol. V, NO 1 LE NATIONAL-SOCIALISME SOVIÉTIQUE par B. Souvarine PLUS DE VINGT ANS ont passé depuis que le p:a.rticommuniste de l'URSS a proclamé la réalisation du socialisme comme un fait accompli dans l'ancien Empire de Russie. Dès 1932, sous Staline, la 17e conférence du Parti tenait pour achevées les «bases» du socialisme; dès 1939, sous Staline encore, le XVIIIe Congrès annonçait le dépassement du socialisme, la société soviétique entrant alors, paraît-il~ dans la phase transitoire et prometteuse qui doit aboutir au communisme. Mais à mesure que le temps s'écoule, il devient de plus en plus difficile de savoir en quoi consiste réellement ce socialisme. Si l'on consulte les ouvrages de références qui, successivement, ont fait autorité au «pays du socialisme», la définition du socialisme y apparaît de plus en plus longue et confuse, laborieuse et diffuse, embarrassée et embarrassante : la dernière en date, celle de la 3e édition de la Petite Encyclopédie Soviétique (1960), occuperait une dizaine de pages de la présente revue. Il serait instructif de comparer les principales définitions entre elles - beau sujet de thèse pour un doctorat en marxisme-léninisme. On n'abordera pas ici un travail d'aussi longue haleine. Marx et Lénine sont largement mis à contribution par les zélateurs attitrés du régime soviétique, mais de façon à mettre certaines de leurs idées abstraites au service de la pratique, nulle- • ment pour accorder la pratique à la doctrine. Les théoriciens reconnus ont dit et répété que le socialisme postule la suppression des classes sociales. Leurs singuliers disciples préfèrent passer sous silence ce point essentiel et continuent ~ prôner la dictature du prolétariat, identifiée Biblioteca Gino Bianco · au pouvoir absolu qu'exerce l'oligarchie du Parti. Mais puisque «la dictature du prolétariat est le prolongement de la lutte des classes sous de nouvelles formes », magister dixit, on se demande entre quelles classes se livre une telle lutte dans une société sans classes. La question ne sera pas posée, ouvertement du moins, dans le monde du «socialisme » à la Staline, tant que les détenteurs de la vérité révélée n'auront pas jugé utile de faire acte « révisionniste » au nom de leur orthodoxie changeante. En attendant, il y a lieu de prêter attention à certains phénomènes caractéristiques de ce socialisme soviétique qui ne ressemble à rien de ce que les pères fondateurs ont prédit durant un siècle. L'AN DERNIER, le 10 janvier, une résolution du Comité central du Parti publiée dans la presse de l'URSS traitait des «objectifs de la propagande» et de «l'action idéologique». Elle fit en son temps un grand bruit, bientôt assourdi dans le tumulte général de l'époque, mais elle mérite d'être non pas relue, car elle n'est pour ainsi dire pas lisible, mais quelque peu ·parcourue par endroits, sans qu'il soit besoin d'aller jusqu'à mi-longueur (elle mesure environ 3 mètres 75 en petit texte serré dans la Documentation Française, n° 211, du 25 févr. 1960). Pour qui sait regarder ce genre de choses et les comprendre, elle renseigne sur le socialisme soviétique mieux que ses auteurs ne l'imaginent. Le difficile est seulement d'en extraire des passages assez brefs et significatifs parmi des répétitions interminables rédigées dans un jargon spécifique.

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